Patrick Beyer, Kone « Il nous faut faire l’apprentissage du véhicule électrique »

Pour les entreprises, le véhicule électrique demeure avant tout une interrogation en termes de coûts bien sûr, de valeur résiduelle mais également d’utilisation en interne. Sur ce sujet d’actualité, Patrick Beyer, directeur des achats France de Kone apporte quelques réponses et met en avant l’expérience de l’ascensoriste Kone qui vient de proposer à ses salariés deux C-Zéro en auto-partage.
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Patrick Beyer

Pourquoi les entreprises doivent-elles s’intéresser à l’électrique ?

Tout ce qui est nouveau mérite le détour. Les entreprises doivent faire l’apprentissage de l’électrique qui risque de changer leur mode opératoire en matière de mobilité professionnelle. Ce faisant, elles vont être amenées à se poser un certain nombre de questions sur la gestion et l’organisation des déplacements. Elles devront notamment se demander si le véhicule électrique doit ou non s’intégrer dans un concept d’auto-partage. La mobilité à travers l’électrique fait couler beaucoup d’encre mais il n’y a pas vraiment d’actions concrètes des acteurs économiques. Il faut donc donner l’exemple et faire un premier pas.

Les entreprises ont-elles toutes les réponses à leurs questions sur l’électrique ?

Plusieurs questions restent en effet en suspens, d’ailleurs listées dans un Livre blanc de l’OVE auquel j’ai contribué. Il y a la question du coût global du véhicule : c’est véritablement le nerf de la guerre. Aujourd’hui, le prix du kilomètre roulant électrique est plus élevé que celui du thermique. Or, quel que soit le modèle de financement associé, ce coût doit être au plus égal à celui d’un véhicule thermique (coûts supplémentaires liés à la nouvelle organisation de la mobilité inclus).

Pour faire le choix de l’électrique dans un parc, l’incitation au démarrage doit donc être réévaluée. La part de la batterie dans le coût total est aussi un facteur potentiel de frein. Ce coût dépendra de l’évolution des performances technologiques de la batterie ; tous les trois mois, une nouvelle technologie arrive sur le marché. Et son coût varie d’un modèle à l’autre, selon qu’elle est comprise ou non dans le loyer.

Et la valeur résiduelle du véhicule ?

Cette autre question reste aussi en suspens. Je suis tenté de dire que c’est un frein sans l’être dans la mesure où le risque de la VR est pris en charge par le loueur et non par l’entreprise. Le frein, c’est le TCO, mais la VR en constitue l’une des composantes : les choses sont liées. Mais nous pouvons aussi nous demander si le TCO est bien complet. Ainsi, comment inclut-on les coûts de déploiement de l’infrastructure de recharge des véhicules ?

Les utilisateurs vont-ils adhérer à l’électrique ?

C’est encore une autre question. Ces utilisateurs sont essentiellement des collaborateurs pour lesquels le véhicule revêt un caractère statutaire. Leur adhésion est indispensable pour une introduction réussie de l’électrique. Or tous n’en veulent pas forcément pour des questions d’autonomie ou parce que cela ne correspond pas à la durée de leurs trajets. Et la mise en place de l’auto-partage peut être vécue comme un bouleversement des règles de mobilité.

Les loueurs longue durée jouent-ils réellement le jeu ?

Ils affirment avoir des produits verts à proposer. Mais très peu d’entre eux ont vraiment réalisé des cotations autour de l’électrique. Notre partenaire Arval a décidé de nous accompagner pour ce premier pas qui consistera en un test d’auto-partage sur deux sites à l’activité identique mais au besoin différent.