Gestion de flotte : à Lyon, Patrick Nowicki fait le point

Patrick Nowicki peut se targuer d’une longue carrière dans la mécanique et la gestion de flotte. Titulaire d’un brevet de technicien automobile, il a débuté dans l’armée comme mécanicien, pour finir sa carrière militaire comme chef d’atelier avec des passages en opérations extérieures au Tchad, en Yougoslavie, et des séjours à l’étranger comme en Allemagne pendant neuf ans.

« J’ai quitté l’armée en 2007, précise Patrick Nowicki, et j’ai intégré la mairie de Lyon en tant que responsable du garage municipal. J’y travaille toujours mais je suis devenu gestionnaire de flotte. Je ne m’occupais au départ que des réparations et puis j’ai, petit à petit, commencé à gérer la flotte et la mobilité des agents. C’était dans l’air du temps de récupérer ce qui tournait autour de la flotte pour passer de la gestion des réparations mécaniques à celle de l’ensemble de la flotte. »

De l’armée à la ville de Lyon

Patrick Nowicki s’occupe donc aujourd’hui d’une multitude de tâches en plus de la maintenance. Cela va de travaux, avec des réunions, sur le plan de mobilité de la ville, à la gestion des parkings, des trajets domicile-travail des agents, aux discussions sur le plan climat et énergie, ou à la constitution/gestion de pools voitures répartis sur le territoire de la ville.

« Dans notre garage intégré, j’ai délégué, à notre chef d’atelier, l’aspect réparation pour me concentrer sur les choix de réparation à faire, et sur l’externalisation ou non de certains travaux. C’est ma grande préoccupation du moment. Je réalise des calculs de coût et développe des statistiques pour faire des projections budgétaires à destination de mes supérieurs », complète Patrick Nowicki.

Pour ce responsable, passer de mécanicien à responsable de flotte est toujours possible. « Mais il faut débuter avec un diplôme de niveau bac + 2-3, c’est un prérequis. Moi, j’ai pu m’en passer car je suis allé à l’école de l’armée avec la possibilité, dans ce corps, de passer de nombreuses qualifications. Pour un jeune qui souhaite réaliser ce parcours, je conseille de se former avec un BTS service après-vente automobile ou un master, puis de s’adapter car il n’existe pas de diplôme de gestionnaire de flotte », recommande Patrick Nowicki. Il faudra alors décrocher le poste de gestionnaire de flotte adjoint, puis celui de gestionnaire de flotte. « Sans diplôme, c’est aussi possible. Mais ce sera plus long et plus compliqué, avec l’obligation de se former régulièrement par des cursus certifiants et/ou diplômants. »

L’électrification des flottes

« Ceci précisé, les gestionnaires de flotte “techniques” ont tout l’avenir devant eux. Un avenir motivant car on connaît une révolution dans l’automobile avec l’électrification des flottes. C’est un véritable défi de passer à des motorisations “propres”, tout en faisant évoluer la gestion de flotte en gestion de la mobilité en y intégrant la marche à pied, le vélo ou la visio-conférence. Et dans ce contexte, connaître la technique représente un avantage important », avance Patrick Nowicki. Avec des illustrations à l’appui : en effet, le gestionnaire de flotte doté d’une expérience technique est plus crédible pour expliquer à l’atelier comment passer de la réparation d’un moteur thermique à celle d’une propulsion électrique ou au gaz. Mais aussi pour convaincre ses interlocuteurs de passer à de la mobilité douce de type vélo ou vélo électrique dans une agglomération comme Lyon avec des dénivelés importants.

« Avec mes connaissances techniques, je suis en capacité de trouver davantage d’arguments en faveur de la mobilité propre, de l’utilisation d’une batterie et de son autonomie qu’un responsable de parc venant des sciences de gestion. Le mieux est de pouvoir concilier les deux pour gérer l’administratif, le financier et le juridique. Mais je reste persuadé que la connaissance technique permet de demeurer en avance de phase », souligne Patrick Nowicki.

Remettre en question

Ce responsable conclut en évoquant les prestataires automobiles. « On assiste à une course vers une autonomie de plus en plus importante en électrique. Et très souvent, cela ne correspond pas aux besoins qui sont, parfois, de 100 km par jour, pointe Patrick Nowicki. À quoi cela sert de disposer, dans ce cas, de 500 km d’autonomie que l’on nous facture au prix fort ? À quoi cela sert d’avoir des aides à la conduite sophistiquées, peu employées et onéreuses, alors que je ne peux pas avoir de possibilité d’attelage pourtant indispensable ? En m’appuyant sur ma crédibilité technique, je négocie mieux avec les constructeurs qui depuis m’ont proposé un véhicule électrique avec une attache remorque… », relate Patrick Nowicki. Dont acte.