
Sélectionner une offre de péage et de stationnement peut se résumer à un choix simple. Première solution : le responsable de parc pourra privilégier la gestion administrative de l’ensemble de ses factures, auquel cas il prendra l’option des cartes carburant et multiservices. Pour nombre d’entre elles, celles-ci offrent aussi d’accéder aux péages et à de nombreux parkings.
Seconde solution, ce responsable pourra opter pour une solution sur le modèle du badge Liber t. Placé sur le véhicule, ce badge permet de passer un péage sans autre formalité : la barrière se lève automatiquement, ce qui fait gagner beaucoup de temps sur les autoroutes, entre...
Sélectionner une offre de péage et de stationnement peut se résumer à un choix simple. Première solution : le responsable de parc pourra privilégier la gestion administrative de l’ensemble de ses factures, auquel cas il prendra l’option des cartes carburant et multiservices. Pour nombre d’entre elles, celles-ci offrent aussi d’accéder aux péages et à de nombreux parkings.
Seconde solution, ce responsable pourra opter pour une solution sur le modèle du badge Liber t. Placé sur le véhicule, ce badge permet de passer un péage sans autre formalité : la barrière se lève automatiquement, ce qui fait gagner beaucoup de temps sur les autoroutes, entre autres lors des pics de circulation. Cette solution convient particulièrement aux gros rouleurs.
Ces badges constituent de fait une alternative simple, tempérée cependant par quelques arguments. Au premier rang desquels figure le contenu des services mis en avant par des cartes carburant et multiservices qui ne se ressemblent pas toutes.
Simplifier la gestion administrative
Certes, l’avantage principal de ces cartes carburant reste la simplification de la gestion administrative, c’est-à-dire celle des factures et des notes de frais. Tous les détails des transactions apparaissent dans le système : le jour, le lieu, le montant. Sur un support unique, le gestionnaire de flotte réunit tout ce qui touche aux carburants, aux péages, au stationnement, voire au lavage.
Toutes ces prestations répondent aux mêmes arguments de gestion, en mettant aussi en avant le maillage des réseaux pour faire en sorte que ces cartes soient utilisables dans le plus d’endroits possibles. Et dans le domaine du péage, tout dépend des accords que les acteurs propriétaires de ces cartes négocient avec les grands opérateurs spécialisés.
« Le badge est un service simple mais il faut d’abord avoir l’accord des sociétés d’autoroutes à chaque fois, ce qui n’est pas forcément facile », observe Sébastien Duez, directeur commercial des cartes carburant de Shell. Toutes les cartes carburant ne passent donc pas aux péages.
La plupart des opérateurs de cartes carburant et multiservices se sont faits revendeurs de badges Liber t, compte tenu du succès croissant de ce moyen de paiement. Une façon de répondre à la demande des entreprises qui préfèrent ce système pour faciliter la mobilité de leurs collaborateurs. Non seulement ces badges fluidifient les déplacements, mais ils ont l’avantage d’être acceptés partout : Liber t est en effet un protocole de télépéage conçu par l’ensemble des sociétés d’autoroutes.
Faire la différence
« Nous avons donc quasiment le même produit ; la différence va se faire sur le service client pour les professionnels et les formules d’abonnement », précise Nathalie Medal, responsable grands comptes et partenariats de la société APRR, l’une de ces sociétés d’autoroutes. Qui plus est, ce protocole est sûr, si l’on en croit Guillaume Cunty, directeur général et commercial de DKV, spécialiste des cartes carburant et des solutions de paiement des péages : « Il peut y avoir encore un peu de méfiance car le badge n’est pas un moyen de paiement. Pourtant, il est aussi sécurisé que les cartes carburant. C’est donc une réticence qui va évoluer », anticipe-t-il.
Le badge Liber t peut aussi faciliter la gestion administrative des transactions, contrairement à ce qui est généralement admis. C’est du moins vrai chez APRR qui propose un système de gestion interfacé avec les grands logiciels de gestion de flotte, et avec les outils des principaux loueurs longue durée. « Tout est intégré : le responsable de parc voit les flux et les détails des transactions directement dans son outil de gestion habituel ; s’il n’a pas d’outil spécifique, un fichier CSV accompagnant la facture lui est envoyé », explique Nathalie Medal. Un avantage parfois décisif, comme en témoigne la société Stanley Security (voir le témoignage).
En revanche, ces badges n’autorisent qu’un contrôle a posteriori des transactions. Mais au moins le responsable de parc est-il tenu au courant des usages qui peuvent en être faits au-delà de ce qui est autorisé par l’entreprise à ses conducteurs.
Pour Claude Muller, directeur général d’Easytrip, la gestion des péages par badge n’est pas moins facile qu’avec les cartes multi-services. Selon ce dernier, l’usage des badges Liber t est aussi simple que dans le cadre des cartes carburant : une facture unique pour l’ensemble des usages et, mieux encore, un interfaçage avec les principaux outils de gestion utilisés par les responsables de parc.
Des outils de gestion
« La durée de vie des badges Liber t est de cinq à sept ans, tandis qu’il faut changer les cartes multiservices tous les deux ou trois ans, précise Claude Muller, cela dispense les gestionnaires de flotte de devoir opérer le changement de cartes à une telle fréquence. » Easytrip met en valeur son offre de services afin de renforcer son positionnement de société spécialisée dans l’usage du badge Liber t mais indépendante des sociétés d’autoroutes.
Dans cette compétition entre facilité d’usage et bonne gestion administrative, une variable importante peut faire pencher la balance, c’est le coût. « Notre cœur de cible, ce sont les TPE et les artisans qui se déplacent et travaillent toute la journée, et font leur comptabilité le week-end. Ils sont prêts à payer un peu plus pour cette prestation », souligne Coraline Mourgues, responsable marketing et commerciale de la Compagnie des Cartes Carburant. Ce prestataire, qui émet et commercialise des cartes, collabore avec de nombreuses enseignes de la grande distribution ou issues des compagnies pétrolières (Shell, ENI, BP, Esso, Avia, etc.).
Un élément clé : le coût
Les badges Liber t plus chers que les cartes carburant ? Peut-être pour les abonnements. Mais les sociétés d’autoroutes insistent sur un aspect important de la tarification des prestataires de cartes carburant pour ces badges : l’existence de frais supplémentaires, souvent sous forme d’un pourcentage sur les transactions effectuées au titre de l’usage des péages et du stationnement.
C’est en tout cas le point de vue de Cyrille Pertuisot, directeur marketing de Bip&Go, filiale du groupe Sanef et spécialiste du télépéage : « Notre abonnement de base est peut-être un peu plus cher mais il faut raisonner globalement et faire attention notamment à cette commission prise sur les transactions », affirme-t-il. Les frais d’abonnement annuels chez Bip&Go s’élèvent à 18,50 euros par badge et par an, auxquels il faut ajouter 8,50 euros de frais de mise en service par badge lors de la souscription. Il n’y a pas de dépôt de garantie, ajoute Cyrille Pertuisot, imposé parfois ailleurs tout comme avec certaines cartes carburant.
Chez DKV, ces frais d’abonnement atteignent en moyenne de 1,5 à 2 euros par mois, avec une commission de 1,5 % sur les transactions pour les badges. L’usage des cartes multi-services pour le péage et le parking revient à 1 euro par mois, « et les frais de services sont très variables selon la taille de l’entreprise et le montant des transactions, mais c’est un peu plus faible que pour le badge Liber t, avance Guillaume Cunty. Et les prix tendent à baisser sur le marché du fait du nombre croissant de concurrents », ajoute-t-il.
Abonnement, commission et dépôt
C2A, l’éditeur de la carte multi-services du même nom, prend aussi une commission qui varie de 1,5 et 2,5 % pour les VL – un chiffre plus élevé pour les poids lourds. Cette commission constitue l’essentiel des dépenses pour des frais de compte d’environ 70 euros pour l’usage des cartes. La société prend aussi une commission d’environ 2,5 % sur les transactions liées à l’usage des badges Liber t.
Pour sa part, la Compagnie des Cartes Carburant affiche un tarif préférentiel de 15 euros environ pour un abonnement annuel à un badge Liber t, effectivement compétitif par rapport à ce qui peut se pratiquer. Il n’y a pas de remises sur les péages pour les VL comme cela peut exister pour les poids lourds. « Des poids lourds qui sont d’énormes consommateurs de péage », rappelle de son côté Sébastien Duez pour Shell. À noter que ces abonnements bénéficient, chez la plupart des prestataires, d’un système de dégressivité en fonction du nombre de badges loués à l’année.
Les badges Liber t donnent accès à tous les péages, certaines cartes carburant pareillement. Mais la situation diffère pour les parkings qui répondent à d’autres logiques économiques. « C’est un marché plus éclaté que celui des péages, avec de gros opérateurs, mais aussi un grand nombre de sociétés indépendantes avec par exemple une seule entreprise qui gère les parkings des Aéroports de Paris, décrit Gilles Langlois, directeur des Cartes Pétrolières de Total France. Ces prestataires ont leurs propres systèmes, il faut donc prévoir des interfaces et des actions techniques pour faire en sorte que les cartes fonctionnent avec chacun d’entre eux. Il existe également des problématiques contractuelles, si bien qu’il s’agit d’un marché assez complexe. »
Les parkings, une autre logique de marché
Total préconise bien sûr l’usage de sa carte carburant qui fonctionne dans un millier de parkings alors que les autres prestataires couvrent en moyenne 400 parkings. Et le pétrolier va prochainement permettre à l’application OpnGo d’intégrer sa carte Total GR, en version dématérialisée, pour réserver des places de stationnement. Opngo veut faciliter la réservation de places dans les parkings et travaille avec plusieurs prestataires, notamment la société Indigo, mais aussi avec des opérateurs publics ou des municipalités.
Pour sa part, Easytrip a complété son offre grâce à un accord conclu dans le domaine du parking avec la société Park&Trip. Cet accord permet à ses clients de bénéficier de l’ensemble des parkings de ce partenaire, situés autour des aéroports et gares, avec des prestations complémentaires de lavage et d’entretien. Un service de voiturier et de navette sur place veut aussi faciliter le voyage des personnes bénéficiaires de cette prestation.
Pour un responsable de parc, le jeu en vaut-il la chandelle ? « Le poste parking reste en effet dérisoire dans un budget automobile, mais il y a néanmoins un caractère pratique dont il faut tenir compte, une recherche de confort qui conduit les entreprises à accorder de l’importance à ce poste dans une offre globale », estime Guillaume Cunty pour DKV.
Les prestataires cherchent de fait à améliorer ce qu’il est possible de proposer dans ce domaine. DKV espère ainsi passer un accord avec U-Park, spécialiste allemand des parkings souterrains implanté en France. Et les technologies devraient évoluer : pour Bip&Go, Cyrille Pertuisot cite cette société de la région lilloise et son système qui consiste à appuyer sur un badge et donc à s’affranchir du ticket.
Des pistes électriques d’évolution
Notons enfin que les prestataires s’intéressent aussi de près aux véhicules électriques pour faire en sorte que ces derniers puissent bénéficier des mêmes avantages en matière de péage et de stationnement que pour leurs homologues thermiques. Avec cette précision : ces modèles électriques n’ont pas pour l’instant les contraintes des véhicules thermiques car leurs conducteurs ne sont logiquement pas de gros rouleurs. Total prévoit cependant, dès ce premier semestre 2018, la commercialisation d’une carte Total GR incluant la recharge électrique.
Convaincu de la pertinence des offres de services globales, Easytrip s’est déjà positionné sur la recharge électrique, une problématique que le prestataire associe aux services de télépéage et de parking. « Les entreprises se sentent de plus en plus concernées par la gestion de la mixité des motorisation dans les flottes, affirme Claude Muller, les responsables de parc voient ces services comme un tout, cela leur évite d’avoir plusieurs interlocuteurs. » Certes, les technologies entre les supports sont différentes, radio pour les badges, RFID pour les cartes de recharge, les Kiwhi Pass, mais les services sont associés. Les conducteurs de véhicules électriques peuvent donc bénéficier d’une recharge électrique dans les aires de services des autoroutes. Easytrip donne accès à plus de 4 000 points de chargement en France, un chiffre qui devrait doubler d’ici la fin de l’année.
Dossier - Péage et stationnement : la carte ou le badge ?
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