Péages et parkings : carte et badge, les outils à tout faire

Pour les employeurs qui ont des collaborateurs souvent sur l’autoroute, le badge Liber-t n’a pas de concurrent avec plus de 8,7 millions de véhicules équipés. Mais des entreprises lui préfèrent les cartes carburant qui offrent aussi la possibilité de régler le péage.

« Ceux qui optent pour le badge Liber-t le prennent pour le confort de passer les barrières sans s’arrêter. Nous n’avons que 10 à 20 % des clients qui retiennent le badge en sus de la carte, de gros rouleurs qui utilisent souvent l’autoroute », confirme Gilles Langlois, directeur des cartes pétrolières de Total.

Péage : la carte ou le badge ?

Mais le badge reste l’unique solution quand la carte carburant ne propose pas le règlement des péages. « Notre carte Ticket Fleet Pro le permettait auparavant, mais les bornes aux péages ne peuvent pas contrôler si les cartes autorisent la transaction en cas de restrictions d’horaires ou de jours. Nous avons donc fait le choix du badge qui répond aux attentes des clients en garantissant l’affectation de leurs dépenses et un passage fluide aux péages », expose Antoine Dumurgier, directeur général solutions de mobilité professionnelle chez Edenred (Ticket Fleet Pro, Auchan, Intermarché, Shell et UTA).

La carte Go The Easy Way (BP, ENI, Esso Express, E. Leclerc, etc.) ne règle pas non plus les péages : « La majorité des clients prennent le badge dans le cadre de notre partenariat avec Vinci », précise Koen Vroman, responsable marketing d’Eurogarages, distributeur de BP en France. Quand le badge est adossé à une carte carburant, le coût n’est pas central dans la sélection du prestataire : les clients raisonnent en fonction de l’offre carburant de la carte, du maillage en stations-service, de la possibilité de s’approvisionner dans des stations de supermarché ou « low cost », etc.

L’ajout d’un badge de télépéage revient en général de 1 à 1,80 euro par mois, avec en sus des frais de gestion en pourcentage des transactions. Le coût varie aussi selon les services associés. « Tout dépend des besoins, du nombre de cartes et de badges », ajoute Sofie Van Haele, experte services routiers pour la carte Shell. À titre d’illustration, la carte Go The Easy Way coûte 0,45 euro par mois et le badge de Vinci associé 1,80 euro.

Des services et des coûts

DKV commercialise sa carte carburant à 1 euro par mois HT et son badge au même tarif. Son atout : la facturation en hors taxe pour les professionnels, « ce qui économise 20 % sur la trésorerie », argumente Nicolas Chery, responsable grands comptes.

Certains prestataires ne commercialisent que le badge. APRR équipe ainsi de grands comptes comme Veolia ou Orange avec un badge entre 0,50 et 1,20 euro selon la taille de la flotte, avec jusqu’à 2 % de réduction sur les péages de ses autoroutes. « Aucun frais supplémentaire de gestion n’est facturé quand le badge est pris en direct avec une société d’autoroute. C’est de plus en plus le choix des grands comptes », avance Nathalie Medal, responsable grands comptes et partenariats pour APRR. APRR est aussi partenaire de loueurs (Arval, Lease-Plan, Athlon, etc.) qui offrent le badge à leurs clients, toujours sans coût supplémentaire sur les transactions. Easytrip avance une offre Access Pro à 1 euro par mois pour les TPE-PME. Grâce à un partenariat avec la société d’autoroute Alys, ses clients bénéficient de – 20 % sur les péages de l’A28 entre Rouen et Alençon.

Le badge Liber-t joue aussi la carte de l’accès à environ 400 parkings. « Notre badge intègre ce service qui peut aussi être retiré pour éviter des dérives. Les deux options existent pour le client. Et nous réfléchissons à d’autres solutions pour élargir à encore plus de parkings », explique Nathalie Medal pour APRR.

Pour bénéficier d’une offre de parking, les détenteurs d’une carte carburant doivent donc généralement y adosser un badge Liber-t. Sauf chez Total qui offre un maillage complet avec 1 500 parkings en France payables directement avec la carte, et une couverture aux Pays-Bas et en Belgique.

Parkings : avantage au badge Liber-t

Depuis septembre 2018, Total mise aussi sur l’application OpnGo, gratuite et intégrée à la carte, en partenariat avec cette start-up : « OpnGo permet de réserver sa place et facilite l’entrée du parking et le paiement avec une lecture automatique de la plaque d’immatriculation. Comme pour les péages, la barrière s’ouvre automatiquement. Cela fluidifie le parcours du client. Et cette application offre des rabais dans certains parkings », expose Gilles Langlois pour Total. OpnGo travaille avec plusieurs prestataires dont Indigo, mais aussi avec des opérateurs publics ou des municipalités.

DKV envisage aussi des partenariats pour associer des services de parking à sa carte carburant. Avec l’application mobile DKV, il est possible de visualiser l’itinéraire pour se rendre dans le parking le plus proche, et ce service signale aussi les stations et les partenaires pour les réparations.

Easytrip plus près des gares et des aéroports

De son côté, Easytrip a passé un accord avec Park and Trip, une solution d’accès à des parkings proches des aéroports et des gares. « Ceux-ci sont souvent situés en périphérie des aéroports, à des prix donc inférieurs à ceux du parking de l’aéroport. Et cette solution inclut le service d’un voiturier. Le conducteur lui confie son véhicule et celui-ci l’accompagne à la porte de départ en navette électrique.

En outre, le conducteur qui gère la réservation depuis son smartphone ou son ordinateur peut souscrire des services de vidange, d’entretien ou de lavage, effectués pendant son trajet », détaille Claude Muller, General Manager d’Easytrip France. Recourir à une carte carburant ou à un badge Liber-t se veut aussi un atout pour faciliter la gestion administrative de la flotte et le reporting. Avec cependant une limite : contrairement à la carte carburant, le badge Liber-t ne peut pas être bloqué sur certains horaires ou jours comme le week-end. Les sociétés d’autoroute veulent en effet éviter que des conducteurs se retrouvent coincés aux péages, et provoquent des bouchons ou des accidents. C’est d’ailleurs une obligation légale.

En revanche, chez l’ensemble des prestataires de cartes carburant, le client peut paramétrer des alertes qu’il retrouve, selon le service auquel il souscrit, sur son smartphone dès lors que la transaction est enregistrée, ou dans le reporting sur le site internet. « Les clients ont toute une panoplie d’alertes sur les passages aux péages, selon les horaires, le week-end ou le mercredi », précise Nicolas Chery pour DKV.

Alertes : avantage aux cartes carburant

« Les gestionnaires peuvent voir sur notre extranet les alertes en fonction des paramétrages et des restrictions qu’ils ont demandés, et se retourner ensuite vers le collaborateur », ajoute Antoine Dumurgier pour Edenred. Prendre le badge Liber-t chez son prestataire de carte pétrolière offre un avantage non négligeable pour la gestion et le reporting, argumentent donc en chœur les prestataires. Toutes les transactions, prises de carburant, règlements de parking et de péage, et les autres services se retrouvent sur une seule facture, bien souvent dématérialisée.

« La facture unique épargne au gestionnaire de flotte des tâches chronophages comme la récupération des notes de frais et tickets, leur vérification et de nombreux calculs », argumente Gilles Langlois pour Total. « Cela évite aussi de regrouper les factures de plusieurs prestataires pour le carburant, le péage, le lavage, etc. », complète Antoine Dumurgier pour Edenred. « Et cela minimise le risque d’erreurs », renchérit Gilles Langlois.

« Nous sommes un agrégateur de solutions. L’ensemble des coûts est centralisé et le client a un seul interlocuteur », poursuit Nicolas Chery de DKV. Avec ce prestataire, les clients qui possèdent un logiciel de gestion de flotte peuvent y intégrer directement la facturation. Les cartes et badges n’offrent donc pas d’économies directes, à l’exception de quelques réductions sur les parkings avec OpnGo (Total) ou Park and Trip (Easytrip), mais ces outils peuvent faire gagner du temps au gestionnaire de flotte. « Et nous facilitons la vie aux collaborateurs qui n’ont plus à récupérer de tickets ni à produire de notes de frais », souligne Claude Muller pour Easytrip.

Des outils de reporting

Autre avantage : le reporting chez l’ensemble des prestataires. « Avec Shell Card Online, sur internet ou via une application sur smartphone, le gestionnaire a accès au détail des transactions. Il peut comparer les transactions par carte, par véhicule, et donc repérer des dérives, y compris par type de transactions, qui peuvent laisser suspecter l’utilisation du boîtier ou de la carte par d’autres personnes », note Sofie Van Haele pour Shell.

Pour Easytrip, Claude Muller ne dit pas autre chose : « Nous pouvons distinguer les usages privés et professionnels ; le responsable de la flotte peut alors récupérer facilement un montant global auprès de ses collaborateurs. Les dates et heures de passage aux péages et dans les parkings sont également détaillées. Le gestionnaire connaît aussi les dépenses par collaborateur dans la mesure où nous pouvons détailler les transactions pour chaque plaque d’immatriculation ou chaque utilisateur. »

Un suivi détaillé des dépenses

APRR a créé ParcPilo-t pour faciliter la gestion des badges : « Le client peut gérer lui-même ses comptes. Avec cet outil, il commande de nouveaux badges de télépéage, en résilie, déclare en ligne la perte ou le vol d’un badge, ou change les identifiants associés. Le client a le choix de gérer ses badges par plaque d’immatriculation – option retenue à 90 % – ou par conducteur. Le reporting très fin fait apparaître des alertes selon plusieurs critères et indicateurs clés, avec une vision des dépenses de péage et de parking de la société-mère, des filiales, jusqu’au collaborateur. Enfin, ParcPilo-t dispose d’une interface pour intégrer directement les données dans les outils de gestion de flotte, qu’il s’agisse de ceux de GAC Technology, Phoenix ou d’outils maison », décrit Nathalie Medal.

Des offres de mobilité plus complètes

Au-delà des outils, les prestataires multiplient les services. « Nous voulons proposer un bouquet de services pour plus de mobilité. Nous avons donc une stratégie de marguerite pour additionner des services pour les conducteurs et les gestionnaires de flotte », résume joliment Claude Muller pour Easytrip. Et dans ce contexte toujours plus concurrentiel, la recharge électrique se fait une place parmi les carburants.

Easytrip commercialise le KiWhi Pass, une carte carburant pour régler des « pleins » électriques dans la plupart des parkings comme Indigo, Saemes ou Effia, et sur toutes les bornes de recharge des réseaux publics, soit près de 12 000 bornes dont un grand nombre rapides. Et les possesseurs de ce pass bénéficient d’un badge Liber-t gratuit pour accéder et régler les parkings où ils rechargent. Seul bémol : ils doivent avoir le badge et la carte. Avec le KiWhi Pass, il est aussi possible de localiser les bornes grâce à une application sur smartphone, et de consulter son historique de recharges. Et le gestionnaire de flotte retrouve ce détail sur son reporting.

Quant à la carte Shell, elle devient hybride et offre au client, avec une technologie sans contact, l’accès au réseau New Motion, une filiale du pétrolier. Soit 14 000 bornes de recharge en voirie, dans des supermarchés, des parkings, etc. « Le coût du service varie. Par exemple, dans les parkings Effia, la recharge est gratuite mais l’utilisateur règle le parking », explique Sofie Van Haele.

Pareillement, les détenteurs de la carte multi-énergies de Total peuvent recharger sur 12 000 bornes en France. « L’objectif est de construire une offre complète de mobilité pour simplifier la vie du conducteur et du gestionnaire, et optimiser les temps de gestion. Nous réfléchissons ainsi à intégrer une application pour géolocaliser les places de parking libres », avance Gilles Langlois.

Des cartes hybrides et électriques

Edenred aligne aussi une carte avec l’accès à 45 000 bornes en Europe. Quant à la carte hybride DKV + Charge, elle ouvre les réseaux de stations traditionnelles et un réseau de bornes, en partenariat avec l’opérateur de recharge Freshmile.

Plus classiquement, APRR prévoit de sortir une application « pour faciliter la vie du collaborateur autour de l’autoroute », indique Nathalie Medal. En cours de réflexion, cette application pourrait comprendre des informations sur le trafic, les travaux en cours, les services disponibles sur les aires, les stations-service, la restauration, etc. Cette application intégrerait aussi des services de covoiturage.

En attendant, le conducteur peut recevoir sur smartphone des alertes sur les travaux en cours dans le réseau APRR et Area grâce à l’application Planning Plus, alors que l’appli SOS Autoroute remplace les bornes d’appel d’urgence en évitant au conducteur en panne de se déplacer hors de son véhicule. On n’arrête pas le progrès…