« Je vous confirme qu’à partir de janvier 2024 il sera possible de passer le permis à 17 ans et de conduire à 17 ans », a annoncé Elisabeth Borne au média en ligne Brut le 20 juin 2023. « Cette mesure concerne tous les jeunes de 17 ans. Mais n’intéressera pas forcément tous les jeunes tels que ceux qui habitent dans des villes très bien desservies par les transports en commun », a ajouté la première ministre.
Dans ce passage de l’âge légal pour l’obtention du permis de 18 ans à 17 ans, Elisabeth Borne voit surtout un atout pour les jeunes qui se déplacent dans des territoires où le réseau de transports en commun est insuffisant, et plus particulièrement pour les apprentis. Ainsi, « dans certains territoires, où le jeune doit se rendre de son domicile au centre de formation pour apprentis (CFA) ainsi qu’à l’entreprise où il effectue son apprentissage, c’est une véritable galère, a souligné la première ministre. Permettre de passer tôt le permis de conduire est, je pense, un vrai plus pour ces jeunes. »
En l’occurrence, nous connaissons le nombre exact de jeunes de 17 ans ayant débuté un contrat d’apprentissage au cours de la dernière douzaine d’années. Les chiffres sont en hausse. D’après les données récentes de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), le nombre de jeunes âgés de 17 ans en France ayant signé un contrat d’apprentissage dans le privé a sensiblement progressé depuis 2010 (ils étaient alors 41 086 apprentis) pour atteindre les 60 052 apprentis en 2022 :
Pour mémoire, les apprentis bénéficient d’une aide de 500 euros pour financer leur permis de conduire ; une aide que le gouvernement va élargir aux élèves des lycées professionnels amenés à se déplacer pour leurs stages, a encore annoncé Elisabeth Borne.
La promesse du permis à 17 ans ne séduira pas que les apprentis
Mais les jeunes de 17 ans s’intéressent-ils réellement au permis de conduire ? Les chiffres de la Sécurité routière semblent indiquer que c’est bien le cas. En 2022, 93 100 jeunes de 17 ans ont réussi l’examen du permis B (en apprentissage anticipé de la conduite, ou AAC, mais ne pouvant conduire seuls, sans accompagnateur, qu’à partir de 18 ans) ou B1 ; soit 10,4 % du total, alors que les 18 ans restent majoritaires (29,3 %). Rappelons que la délivrance du permis B1 permet, dès l’âge de 16 ans, de conduire une « voiture sans permis », soit un quadricycle lourd de type voiturette à 4 places.
Et au vu de l’évolution du nombre de réussites du permis B parmi les jeunes de 17 ans, chiffres qui dépassent ceux liés aux contrats d’apprentissage, le succès semble aller bien au-delà des seuls apprentis. En effet, depuis 2013, le nombre de jeunes de 17 ans titulaires du permis B1 ou ayant réussi l’examen pour le permis B traditionnel (en AAC) n’a fait qu’augmenter (exception faite pour la crise du covid-19 en 2020). L’abaissement à 15 ans de l’âge pour accéder à l’AAC pourrait expliquer le bond observé entre 2014 et 2015 :
Il est ainsi vraisemblable que cette appétence grandissante des jeunes de 17 ans pour le permis B (classique ou B1) depuis la promulgation de l’AAC pour les jeunes de 15 ans, et indépendamment du fait qu’ils soient ou non apprentis, suive une tendance similaire dès 2024 avec cette nouvelle possibilité de conduire sans accompagnateur avant leurs 18 ans. Une hypothèse que l’on ne pourra vérifier qu’à la publication des premiers bilans en 2024.