
Avec la crise sanitaire et les confinements successifs, ce n’est pas seulement le véhicule professionnel qui a été moins utilisé. Les mutations dans l’organisation des entreprises – télétravail, visioconférence, etc. – ont aussi amené à réduire l’usage d’un prolongement indispensable des véhicules : la place de parking.
Cette moindre nécessité de trouver des stationnements, entre autres pour les personnels en déplacement, constitue plutôt une bonne nouvelle pour les entreprises. Car dans l’espace public, le nombre de places tend à reculer. Pour de nombreuses municipalités en effet, l’espace occupé par les véhicules en stationnement symbolise...
Avec la crise sanitaire et les confinements successifs, ce n’est pas seulement le véhicule professionnel qui a été moins utilisé. Les mutations dans l’organisation des entreprises – télétravail, visioconférence, etc. – ont aussi amené à réduire l’usage d’un prolongement indispensable des véhicules : la place de parking.
Cette moindre nécessité de trouver des stationnements, entre autres pour les personnels en déplacement, constitue plutôt une bonne nouvelle pour les entreprises. Car dans l’espace public, le nombre de places tend à reculer. Pour de nombreuses municipalités en effet, l’espace occupé par les véhicules en stationnement symbolise une ère du tout-voiture dont elles veulent se démarquer. À Paris, la municipalité annonçait ainsi fin 2020 son projet de diminuer ses parkings de surface de 70 000 unités, un peu moins de la moitié des places disponibles dans la capitale, soit environ 144 000. Non seulement le nombre de places dans l’espace public se restreint, mais leur coût augmente. Toujours à Paris, la municipalité, qui avait mis en place la gratuité des stationnements pour le premier confinement, revoyait sa politique fin 2020 en prévoyant une hausse de ses recettes de stationnement en 2021 de plus 45,5 millions d’euros
Des tarifs à la hausse.
De son côté, dans une étude réalisée en 2020, Yespark constatait des augmentations des tarifs dans les parkings privés accessibles au public, allant de 20 % à Toulouse jusqu’à 53 % à Grenoble. « Cette évolution suit de près la courbe des prix de l’immobilier. Elle témoigne d’un besoin croissant de parkings dans une grande majorité de villes », commentait alors Thibaut Chary, le dirigeant de cet éditeur d’une application spécialisée dans la mise en location de parkings.
En 2021 pourtant, la situation a évolué. Ce « besoin croissant » de places de parking doit être relativisé. Avec la crise sanitaire sont apparus dans les villes des aménagements urbains qui favorisent les « reports modaux » de transport. Et les voitures sont délaissées au profit d’autres moyens de transport comme le vélo, les engins de déplacement personnel (EDP) : trottinettes et gyropodes, ou les transports en commun. Des mouvements que les entreprises encouragent (voir le reportage Nielsen). Tout comme des municipalités qui vont jusqu’à offrir la gratuité des transports en commun. À Dunkerque par exemple, le maire, Patrice Vergriete, justifiait au magazine Challenges la gratuité des transports, inaugurée en 2018, par son impossibilité de répondre à la demande de parkings en lien avec la place de la voiture dans sa ville.
Plus ou moins de parkings ?
Au gré des confinements qui se succèdent, les nouvelles pratiques s’installent donc dans les entreprises, télétravail ou visioconférence, et allègent la pression sur le nombre de places de parking nécessaires pour accueillir les salariés au quotidien.
Fin 2020, Yespark encore estimait d’ailleurs que la « révolution expresse de l’organisation du travail » liée à la crise sanitaire se répercutait sur le marché de l’immobilier de bureaux. Car en libérant des surfaces de bureau, on libère des parkings. « Rien qu’en Île-de-France, le potentiel est estimé à plus de 80 000 places vacantes », avançait le prestataire.
Pour certaines entreprises cependant, la tension sur les places de stationnement demeure, surtout dans les sièges. C’est le cas de FranceAgriMer à Montpellier. Pour se rendre sur le site de cet établissement national des produits de l’agriculture et de la mer, la voiture constitue le moyen de transport privilégié des salariés et les places de parking restent une denrée rare, même en période de crise sanitaire (voir l’article).
La crise n’a pas forcément contribué à relâcher ce besoin de parkings au sein des entreprises, confirme William Rosenfeld, P-DG et cofondateur de l’opérateur de parkings partagés Zenpark. Son application met à disposition de ses usagers des places de parking louées auprès des bailleurs sociaux ou de sociétés foncières. « Au moment du premier confinement, alors que la baisse du trafic affichait – 80 % en France, elle atteignait seulement – 70 % à Paris », illustre William Rosenfeld. Un indice de l’attachement des salariés à leur véhicule : « En 2020, non seulement ils ont continué à conduire leur véhicule pour le trajet domicile-travail, mais 66 % l’ont utilisé plus que d’habitude et 23 % y ont eu recours alors qu’ils ne l’employaient pas précédemment », insiste ce responsable. Conclusion de Zenpark : à l’occasion de la crise sanitaire, le report modal s’est parfois fait des transports en commun vers les véhicules particuliers. « Les parkings se vident parce que les salariés qui bénéficient de places attribuées ne les occupent pas. Mais simultanément, il y a plus de demandes de salariés qui ne peuvent pas en bénéficier », estime William Rosenfeld.
Des outils de gestion
Dans ce contexte mouvant, une certitude pour les entreprises : elles doivent disposer d’outils efficaces pour limiter le temps de gestion de ce poste et proposer des solutions pratiques aux salariés (voir le reportage sur la RATP).
Pour répondre à ces attentes, les intervenants traditionnels du secteur, tels les éditeurs de badges de péage et de parking, ou de cartes carburant, tout comme les start-ups, multiplient les services. Total a notamment signé plusieurs partenariats pour étoffer les possibilités offertes par sa carte GR. Depuis 2018, cette carte est associée à l’application OPnGo : cette dernière donne accès aux parkings des opérateurs avec lesquels Total est partenaire (Effia, Indigo, Saemes, etc.), mais aussi à ceux que la start-up loue auprès d’hôtels, de sociétés foncières ou encore de bailleurs sociaux. « Notre démarche est de continuer à faire accepter notre carte auprès d’autres acteurs d’internet et plus généralement comme moyen de paiement dans le plus de parkings possible », anticipe Philippe Callejon, directeur mobilités et nouvelles énergies du pétrolier.
Plus récemment, Total s’est rapproché d’Ector, un service de voiturier en ligne qui prend en charge les voitures à leur arrivée dans les aéroports ou les gares. « Nous cherchons également à renforcer notre offre spécifique d’accès à des parkings surveillés pour les poids lourds, complète Philippe Callejon. Nous en avons aujourd’hui une demi-douzaine en France. »
L’exploitant de parkings Indigo s’est pour sa part associé à la start-up Parkclic qui offre une application pour visualiser les places libres dans les parkings, y entrer et régler via la reconnaissance de plaque.
Des start-ups comme Zenpark veulent aussi accroître le nombre de places de parking disponibles pour leurs utilisateurs avec des outils de gestion qui facilitent le quotidien des entreprises. Après avoir proposé des solutions pour optimiser les places libres, Zenpark met par exemple en avant, depuis la fin 2020, Zenpark Pro Flex. Cette solution permet notamment d’établir des listes des personnels prioritaires pour l’accès à un parking : conducteurs de véhicules à motorisations alternatives, covoitureurs, etc. Un outil qui peut aussi servir pour accueillir des invités ou pour louer à des personnes extérieures à l’entreprise les places qui restent libres.
De nouvelles pistes
La palette de solutions des start-ups va aussi au-delà de la gestion de places avec des dispositifs d’ouverture des parkings par le biais des applications. MyCarSpot a ainsi récemment décroché une subvention auprès de la région Occitanie pour lancer une étude sur la faisabilité d’une solution universelle d’ouverture des parkings. Ce système pourrait fonctionner « aussi bien en bluetooth que sur des fréquences radio de pilotage des automatismes, en prenant en compte la sécurité (cryptage, protection contre les intrusions, etc.) », expose-t-on chez le prestataire.
Gestion des places, outils pour la location des places vacantes, solutions pour l’ouverture des portes, etc. : autant d’innovations qui font du secteur du stationnement un monde toujours en mouvement.