
Suite à la phase de concertation avec la filière rétrofit achevée début 2023, le gouvernement a déclaré, le 26 avril, vouloir « accélérer le développement d’une large offre de rétrofit à travers un plan d’action national ». En rappelant la définition même du rétrofit : « Transformer un véhicule thermique en véhicule électrique à batterie, à combustible hydrogène ou en hybride rechargeable ». Sans oublier que la commercialisation des VP et VUL thermiques sera interdite en Europe dès 2035, afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Ce qui suppose de réussir la décarbonation « des 20 millions de voitures et de camions actuellement en circulation en France », d’après les chiffres avancés.
À l’issue de ces discussions, le gouvernement a identifié « trois chantiers prioritaires ». À savoir, simplifier la réglementation, renforcer les subventions et soutenir le développement de la filière rétrofit.
Une réglementation à décomplexifier
Sachant que « simplifier la réglementation » ne sera pas une mince affaire. Mais dans le but « de développer le marché du rétrofit », le gouvernement a notamment supprimé la clause de détention préalable à la conversion du véhicule, depuis le 1er janvier 2023.
Explications. Auparavant, le demandeur d’une prime au rétrofit devait avoir acquis son véhicule à transformer depuis au moins un an, avant de pouvoir bénéficier de l’aide. Lors de la consultation, les professionnels ont avancé que cette clause de détention les contraignaient à détenir le véhicule à rétrofiter un an avant de pouvoir le revendre ou le remettre en location. Une décision gouvernementale bien accueillie donc par le secteur indiquant que cela « facilitera les démarches ».
Pour compléter ce changement, le gouvernement lancera une consultation publique concernant « un projet d’arrêté modificatif sur les mesures pour préciser et simplifier les possibilités de rétrofit », début mai. Et a souligné qu’il « soutiendra la définition d’un cadre européen pour le rétrofit en vue d’harmoniser le marché du rétrofit en Europe. » En ce sens, le spécialiste du rétrofit REV Mobilities a signé en 2022 un partenariat avec le groupe industriel allemand Pepper Motion pour convertir des bus et poids lourds existants à l’électrique.
Un renfort des primes…
Outre le cadre réglementaire, parlons finances. Le gouvernement a rappelé avoir renforcé « les aides à l’acquisition de véhicules électriques pour les entreprises et les particuliers depuis le 1er janvier 2023 ». Mais aussi, l’existence de son prêt à taux zéro pour l’achat ou la location d’un véhicule à très faibles émissions en ZFE-m. Il a aussi augmenté de 1 000 euros le montant maximal de la prime au rétrofit. Et souhaite « encore renforcer ces dispositifs pour toutes les catégories de véhicules, dans le projet de loi de finances (PLF 2024) en préparation. »
… et plus de soutien pour la filière
Dans le cadre du plan France 2030, le gouvernement avait déjà annoncé une enveloppe allant jusqu’à 20 millions d’euros pour soutenir les investissements contribuant au développement de l’offre de rétrofit.
Il a ainsi lancé, le 20 février dernier, l’appel à projets « Soutien aux projets d’investissements pour produire en France les véhicules routiers de demain et leurs composants ». Ce dispositif reste ouvert jusqu’au 15 mai 2023. De plus, le gouvernement pourra prendre en charge les démarches de conception et d’homologation des prototypes en R&D concernant le rétrofit dans le cadre de l’appel à projets du Comité d’Orientation de la recherche Automobile et Mobilités (CORAM) 2023. L’État espère encourager aussi la mutualisation des investissements et la structuration du secteur. C’est pourquoi il lancera mi-2023 la Task-force Rétrofit, un réseau de prestataires en lien avec la fédération Mobilians.
Des initiatives qui plaisent déjà au secteur du rétrofit. « La France reste le premier pays du rétrofit électrique et hydrogène en Europe. Mais l’industrialisation nous permettra de passer de dix modèles en 2024 à plus de cinquante modèles différents d’ici trois ans pour répondre à la demande de mobilité des Français. Chez REV, nous avons enregistré plus de 15 000 demandes de devis en trois ans sur des centaines de marques et modèles différents », a commenté Arnaud Pigounides, président de REV Mobilities, spécialiste du rétrofit.