Plan Climat : les mesures qui vont toucher les flottes à Paris

Le 22 mars 2018, le conseil de Paris a adopté à l’unanimité le nouveau Plan Climat Air Énergie territorial (PCAET) de la ville. Visant à atteindre la neutralité carbone et 100 % d’énergies renouvelables en 2050, ce plan prévoit plusieurs mesures en lien avec la mobilité.
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Plan Climat Paris 2018 - Evolution des sources d'énergies pour les déplacements intramuros
(c) Mairie de Paris

La capitale a revu ses objectifs à la hausse, en visant une ville neutre en carbone et à énergies 100 % renouvelables d’ici 2050, y compris dans les transports. Le Plan Climat prévoit ainsi de réguler et de réduire la place de la voiture, en accélérant la transition entre la voiture individuelle vers des services de mobilité propres, actifs et partagés. Avec toute une série d’actions au programme.

Renforcer et étendre le dispositif Crit’Air

Pour sortir de la mobilité diesel en 2024 et essence d’ici 2030, la ville va faire évoluer les classes de véhicules autorisés à entrer dans sa zone à circulation restreinte (ZCR), via le dispositif Crit’Air. Plusieurs étapes sont déjà prévues en 2019 et 2021-2022. Et un dispositif de « contrôle sanction automatisé » sera étudié en partenariat avec la préfecture de police.

Différencier le prix du stationnement selon le taux d’émissions

Pour accompagner cette transition, Paris compte sur des mesures incitatives encourageant professionnels et particuliers à investir dans des véhicules bas-carbone ou revoir leurs modes de déplacement. Outre les dispositifs d’aide existants, la ville envisage pour 2020 une « tarification positive » du stationnement, en différenciant les prix selon le taux d’émissions de CO2 des véhicules sur la base de la vignette Crit’Air.

Encourager le développement de flottes de véhicules autonomes

Paris mise également sur l’innovation. La ville « engagera une réflexion sur une tarification plus large de l’occupation de l’espace public afin notamment d’anticiper la régulation nécessaire des véhicules autonomes », annonce ainsi le Plan Climat. L’objectif : réduire les circulations à vide grâce à des services de mobilité et de logistique utilisant des flottes de véhicules autonomes et bas-carbone. De premières navettes autonomes devraient être insérées dans le transport collectif routier d’ici 2024.

Limiter la vitesse à 30 km/h en dehors des grands axes

Autre initiatives : pour favoriser les déplacements à pied et en vélo, Paris souhaite étendre la journée sans voiture d’ici 2020, abaisser la vitesse de circulation à 30 km/h en dehors des grands axes, ou encore régler les feux tricolores sur la vitesse cycliste. En outre, « la Ville plaidera pour que les auto-écoles forment dès 2020 leurs élèves à l’éco-conduite limitée à 30 km/h dans Paris », précise le Plan Climat.

Réserver des places de parking et une voie de circulation à l’autopartage

Afin de réduire la circulation automobile, la ville soutiendra l’émergence de lieux de télétravail à l’échelle métropolitaine. Elle prévoit également de réserver des places de stationnement en surface à l’autopartage d’ici 2020, et étudiera avec la métropole et les services de l’État la possibilité de réserver tout ou partie de la voie de gauche du périphérique aux véhicules comptant au minimum deux occupants.

Créer un titre de mobilité unique

Pour faciliter le report modal, Paris souhaiterait qu’un titre de mobilité unique soit créé d’ici 2020, qui pourrait aussi donner accès aux services d’autopartage, de covoiturage ou de taxis. Une initiative qui pourrait encourager l’adoption d’un « crédit mobilité » en remplacement du véhicule de fonction dans les entreprises.

Augmenter le fret fluvial

Du côté de la logistique urbaine, la ville veut développer d’ici 2030 le fret fluvial dont le trafic pourrait être triplé, permettant de délester le trafic routier de 2 millions de camions. Seule condition : verdir les motorisations des bateaux, encore trop polluantes.

Faciliter le stationnement pour les professionnels

Paris envisage également de rendre obligatoire la création d’une place de stationnement dite « servicielle » dans son plan local d’urbanisme (PLU). Celle-ci serait accessible aux services médicaux, d’aide à la personne, de dépannage et aux livraisons. De plus, un système de stationnement baptisé Prolib’ permettra aux professionnels d’ici 2024 de réserver une place à l’avance et en ligne, avec un accès prioritaire aux véhicules bas-carbone.

Taxer les poids lourds selon les kilomètres parcourus et le type de véhicule

La ville plaidera également pour la mise en place d’ici 2030 d’une « tarification kilométrique dissuasive » à destination des poids lourds circulant en Île-de-France. Ces derniers seraient ainsi taxés en fonction du nombre de kilomètres parcourus et du type de véhicule. « L’effet escompté devrait être une diminution du transport routier en Île-de-France, mais aussi une réduction des déplacements à vide », indique le Plan Climat.

Favoriser les transporteurs utilisant des véhicules bas-carbone

Un label « transporteur propre » sera créé pour les services de livraison utilisant des véhicules bas-carbone. En outre, dans le cadre du plan de déplacement des administrations parisiennes adopté début août, la ville va « inciter les titulaires de marchés à privilégier les modes de déplacement actifs ou l’utilisation de ʺvéhicules propresʺ et, à défaut, imposer l’utilisation de véhicules répondant à des normes minimales en matière de pollution ainsi que la suppression des véhicules diesel », détaille le Plan Climat.

Créer des stations d’avitaillement en énergie faiblement carbonée

Pour répondre au problématiques d’approvisionnement, la ville veut initier le mouvement en implantant au moins 10 points d’avitaillement en « énergie faiblement carbonée » sur le territoire métropolitain d’ici 2024. Elle doit négocier avec les fournisseurs d’énergie pour mettre en place une « offre tarifaire progressive » pour la recharge des véhicules électriques et hybrides, favorisant la recharge lente. Et d’ici 2030, seules les stations garantissant un approvisionnement en énergie renouvelable seront autorisées à s’implanter sur l’espace public.

Instaurer une zone à trafic limitée dans 4 arrondissements

D’ici 2020, le trafic sera limité dans une zone couvrant les quatre premiers arrondissements de la ville. Une expérimentation qui pourrait ensuite être dupliquée à d’autres quartiers à compter de 2020. Le Plan Climat prévoit aussi la mise en place d’ici 2024 d’axes ultra basse émission (AUBE) dans plusieurs quartiers parisiens, sur lesquels un sens de circulation sera réservé de façon permanente aux véhicules GNV ou électriques.

Faciliter la mise en œuvre de la circulation différenciée en cas de pic de pollution ou de canicule

La ville souhaite aussi faciliter la mise en œuvre rapide de la circulation différenciée à Paris, dès le deuxième jour d’information pollution ou dès le premier jour d’alerte pollution concernant Paris. L’objectif est également de « limiter la circulation automobile des véhicules les plus polluants à Paris en période caniculaire avérée (dès l’enclenchement du niveau 2 renforcé) avec une procédure similaire à celle existante en cas de pic de pollution, et avec des interdictions fortes en situation critique (passage au niveau 4 du plan canicule) dans un objectif de mise en œuvre en 2030 », informe le Plan Climat.

Nombre de ces mesures restent sujettes à négociation avec d’autres acteurs, dont en particulier les services de l’État, la préfecture de police, la métropole ou encore l’autorité organisatrice des transports franciliens, Île-de-France Mobilités. Cependant, elles donnent l’orientation de la ville en termes de politiques de mobilité. Une orientation qui devrait toucher directement les flottes professionnelles, surtout si d’autres villes suivent le mouvement.

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