
C’est avec une certaine sérénité que l’industrie et la distribution abordent cette nouvelle saison du pneu hiver. Loin des inquiétudes de l’année dernière où l’on sortait d’une saison 2010-2011 très difficile, avec une grosse pénurie, particulièrement durant décembre 2010. Pour l’hiver prochain, les acteurs du marché promettent des taux de disponibilité oscillant entre 95 et 99 %.
Il faut dire que la saison dernière s’est déroulée sans encombre : échaudés par la crise de l’hiver qui avait précédé, tous les acteurs s’étaient organisés pour avoir le maximum de stocks. En outre, l’hiver a été doux, avec un pic de froid et de neige...
C’est avec une certaine sérénité que l’industrie et la distribution abordent cette nouvelle saison du pneu hiver. Loin des inquiétudes de l’année dernière où l’on sortait d’une saison 2010-2011 très difficile, avec une grosse pénurie, particulièrement durant décembre 2010. Pour l’hiver prochain, les acteurs du marché promettent des taux de disponibilité oscillant entre 95 et 99 %.
Il faut dire que la saison dernière s’est déroulée sans encombre : échaudés par la crise de l’hiver qui avait précédé, tous les acteurs s’étaient organisés pour avoir le maximum de stocks. En outre, l’hiver a été doux, avec un pic de froid et de neige seulement en février. Résultat, non seulement les clients ont globalement été livrés en temps et en heure, mais les stocks accumulés n’ont pas été épuisés. « Il existe encore beaucoup de stocks chez les distributeurs », estime ainsi Jérôme Allard, directeur commercial de Hankook. « Oui, il y a encore des stocks, mais ils ne sont pas énormes », nuance
Rodolphe Noulin, directeur flottes entreprises de Speedy Fleet. Des stocks « qui seront remis à la vente cet hiver », souligne Pierre Coquard, directeur des ventes b to b chez Euromaster. Les fabricants n’ont pas repris ces stocks et s’il est vrai que stocker coûte cher, cela l’est toujours moins que de gérer des retours fournisseurs qui supposent une logistique lourde, selon Rodolphe Noulin.
Ces stocks ne sont pas la seule cause de la sérénité affichée par l’industrie et la distribution. Une des raisons avancées par les distributeurs, l’an passé, pour expliquer la pénurie subie lors de la saison précédente, était la stratégie des grands manufacturiers décidés à privilégier les marchés les plus porteurs : l’Asie d’une manière générale pour les pneus été, et les marchés nord-européens pour les pneus hiver.
Un marché moins tendu que les années passées
La situation globale a changé : « Le marché de la première monte baisse, il y a plus de disponibilités pour fabriquer des pneus », constate Pascal Gradassi, directeur commercial de Point S. Le marasme économique fait donc qu’il sera plus facile d’obtenir des pneus hiver cette année…
Les performances des pneus hiver les rendent aussi plus stratégiques qu’auparavant. « En 2005, ils représentaient seulement 6 % du marché total des pneumatiques ; ce chiffre a doublé et se situe à 12 % aujourd’hui », reprend Pascal Gradassi. Une proportion qu’Euromaster estime nettement plus importante sur le segment professionnel, à quelque 28 %.
Selon les distributeurs, les entreprises des zones dites blanches, où la neige est quasi systématique, anticipent désormais tout aussi systématiquement les équipements en pneus hiver ; et au-delà de ces zones, ce réflexe se répand. « Les campagnes d’information relayées par les professionnels du pneumatique depuis plusieurs années commencent à faire leur effet »,
remarque Rodolphe Noulin pour Speedy Fleet.
Toujours mieux anticiper la demande
Pour vivre, comme l’an passé, une saison plutôt sereine, les acteurs du marché travaillent toujours plus sur l’anticipation des commandes et la fluidité des informations transmises de la base jusqu’aux manufacturiers. C’est maintenant le credo des distributeurs : anticiper au maximum pour que les usines aient des informations suffisantes pour fabriquer à temps les quantités attendues. D’où les opérations de pré-commandes engagées par les grandes enseignes du pneu, par le biais d’internet ou non.
« Planifier au mieux les commandes, cela permet aux manufacturiers de ne pas avoir de stock mort et pour nous d’être servis le mieux possible », explique Pascal Gradassi.
Cette sérénité affichée n’exclut pas une certaine prudence, d’abord parce que si la saison dernière s’est bien passée, les distributeurs ont été ponctuellement confrontés à des problèmes de disponibilité. Des problèmes liés à certaines dimensions de pneus plus rares mais aussi aux véhicules neufs, par exemple sortis durant le premier semestre, qu’il faut équiper, avec parfois de nouvelles dimensions, sans savoir dans quelles proportions. Un problème récurrent, aussi bien pour les manufacturiers que les distributeurs.
« Il est difficile de savoir comment les clients vont réagir à l’arrivée de nouveaux véhicules », observe Pascal Gradassi, pour Euromaster, qui se souvient de ces deux modèles français, sortis il y a cinq ans, avec de nouvelles dimensions de pneus. « Nous nous sommes dit qu’il fallait stocker des pneus hiver pour ces véhicules, nous en avons encore », relate-t-il.
Des pré-commandes renforcées mais complexes
L’analyse relative aux nouvelles dimensions des pneus sur les véhicules neufs est difficile, d’autant que le catalogue ne cesse de s’étoffer. Pour la mener au mieux, les distributeurs améliorent leurs moyens de faire remonter les informations et les intentions d’équipements de leurs clients, et ce afin de les transmettre aux manufacturiers. Ces derniers ont « un créneau très court pour fabriquer les pneus hiver », signale Roméo De Lima Pereira, category manager pneumatiques et amortisseurs de Midas. Ils ne peuvent fabriquer pneus hiver et pneus été simultanément. « Lorsque nous ne sommes pas partenaires d’un constructeur en première monte, nous devons attendre que le véhicule arrive sur le marché pour produire les pneus qui vont avec, justifie pour sa part Jérôme Allard, de Hankook. Il faudrait un travail très concerté entre constructeurs et manu-
facturiers. »
De cette anticipation, « il ressort parfois que des dimensions trop peu commandées ne seront pas fabriquées. De même, le fait que certaines dimensions soient annoncées à zéro cette année dès juillet et août, nous laisse le temps de nous organiser », détaille Pascal Gradassi, d’Euromaster. En conséquence, les distributeurs stockent un peu plus les nouvelles dimensions ou bien avisent au jour le jour.
De son côté, Midas travaille avec trois manufacturiers exclusivement et peut, en cas de problème, soit s’adresser aux autres enseignes du groupe Norauto, soit se dépanner auprès des grossistes, explique Roméo De Lima Pereira.
Mais avant d’en arriver là, les distributeurs affinent leurs outils pour lisser l’information émanant des clients. C’est vrai d’Euromaster qui a lancé l’an passé un système d’« e-booking » pour que ses clients précommandent le plus tôt possible. Cette année, le système s’est « industrialisé », selon les termes de Pierre Coquard, pour aller au-delà de l’anticipation de commandes et créer une véritable gestion du pneumatique par internet, pour l’hiver mais aussi pour l’été : rendez-vous établis avec les conducteurs pour remplacer les pneus, gardiennage, informations sur les données exactes des stocks de pneus, etc.
L’enseigne a aussi créé une plate-forme téléphonique dédiée à la commande des pneus hiver et les 22 centres Euromaster, situés dans les zones blanches et en région parisienne, voient leurs effectifs doubler entre le 15 septembre et la fin novembre, aussi bien à l’accueil qu’en atelier. « L’objectif est de faire en sorte de monter les pneus hiver en une demi-heure », précise Pierre Coquard.
Les enseignes organisent la gestion des pneus pour les clients
Pour sa part, Speedy Fleet concentre ses efforts sur le gardiennage des pneus été pendant l’hiver et inversement, pour quatre à six mois selon les cas, ainsi que sur la gestion des informations relatives au parc de pneus hiver du client. L’enseigne s’occupera également de mener les campagnes d’information pour le rééquipement en pneus été au printemps prochain,
déchargeant le gestionnaire de flotte de cette tâche.
Nouer la bonne relation avec les conducteurs semble d’ailleurs être devenu l’une des clés d’une gestion optimale des relations avec les entreprises et les collectivités locales. C’est le credo des enseignes, mais aussi des loueurs, à l’image de LeasePlan France qui a travaillé l’an dernier à prendre des contacts directs avec les conducteurs. « C’était un défi assez important, nous ignorions comment allaient réagir les conducteurs à des contacts proactifs, relate William Duchange, responsable marketing et communication du loueur. Certes, il y a le passage obligatoire avec le gestionnaire de flotte, mais nous avons souhaité que les conducteurs y trouvent leur compte. 2 000 rendez-vous ont été pris et pour eux, la totalité des pneus hiver commandés ont été disponibles. » Parmi les avantages, celui d’avoir de bonnes informations sur la dimension des pneus, une information que le loueur ne demande pas cependant directement au conducteur, laissant au gestionnaire de flotte le soin de le faire. Mais le système informatique mis en place par LeasePlan France aide le gestionnaire à se renseigner auprès du conducteur. « Nous avons automatisé le processus avec nos outils “business” utilisés par nos clients », ajoute William Duchange. Une plate-forme dédiée complète le dispositif qui transmet au réseau de distribution les informations nécessaires pour la pose et la dépose des pneus hiver.