Les ventes de pneus quatre saisons explosent. Chez Pneu Wyz, leur progression a atteint 20 % en 2017. Chez First Stop, leur croissance a affiché 10 % l’an dernier et devrait être encore plus importante en 2018. Euromaster a aussi vu ses volumes progresser rapidement avec + 34 % en 2017 et une prévision de + 44 % en 2018. Mais pour l’enseigne du groupe Michelin, sur le marché des flottes, la part des pneus quatre saisons demeure limitée à 4 %.
Chez Point S pareillement, les ventes de pneus quatre saisons restent stables. « Dans les entreprises où les kilométrages des conducteurs sont élevés, les décideurs privilégient les pneus hiver pour préserver leur mobilité et renforcer leur sécurité », observe Pascal Gradassi, directeur des opérations.
Un marché concurrentiel
Les nouvelles générations de pneus quatre saisons sont apparues il y a trois à quatre ans. Depuis, l’offre s’est étoffée. Ainsi, Bridgestone vient de lancer son premier pneu tourisme toutes saisons. Avec un prix inférieur de 10 % par rapport à un pneu hiver et supérieur de 10 % par rapport à une enveloppe été, le Weather Control A005 vise les flottes. « Tous segments confondus, le pneu quatre saisons devrait peser 15 % du marché dans les trois ans, contre 7 à 8 % aujourd’hui », estime Bridgestone.
Selon le manufacturier, la longévité du Weather Control A005 est comparable à celle d’un pneu été. Il porte le label 3PMSF (3 Pics Mountain Snow Flake). Obtenu à l’issue de tests réalisés par un organisme indépendant, ce marquage garantit les qualités du pneu dans les conditions dégradées de l’hiver.
Michelin a lancé le CrossClimate début 2015. Lui aussi homologué 3PMSF, il permet aux conducteurs de rouler en Allemagne du 1er octobre au 1er avril quand les pneus été sont interdits. Commercialisé début 2017, le CrossClimate + renforce ses performances hivernales et met l’accent sur le niveau de motricité sur les sols enneigés. Le CrossClimate est aussi disponible dans des dimensions et des versions spécifiques aux SUV. Enfin, en début d’année, le Bibendum a levé le voile sur l’Agilis CrossClimate, une enveloppe toutes saisons pour les VUL.
Pirelli a aussi investi ce marché début 2015 avec un Cinturato spécifique. Pour le manufacturier, ce produit se veut le pneu idéal pour les grandes villes où les conditions hivernales ne sont jamais extrêmes. Ses performances sont optimisées entre – 2 ° et + 30 °. S’appuyant sur plusieurs études, Pirelli estime que la part du segment quatre saisons devrait passer de 4 % en 2014 à 8 % en 2019, pour atteindre 9 millions d’unités à cette date.
Pas dans les zones blanches
Les réseaux de distribution sont partagés sur l’utilité de ce type de pneu. Pour Jean-Philippe Duhoux, directeur du commerce et des achats pour l’Europe de Pneu Wyz, « le quatre saisons n’apporte pas le niveau de sécurité d’un pneu hiver plus performant en distance de freinage et en adhérence. » Pour Feu Vert, le pneu quatre saisons assure un bon niveau de sécurité dans les zones à faible enneigement. Mais Feu Vert indique aussi que sur sol sec en été, la distance de freinage d’un pneu quatre saisons augmente de 15 % par rapport à celle de son homologue été. Dans les mêmes conditions, la distance de freinage est raccourcie de 5 % par rapport à un pneu hiver. En hiver, la distance de freinage d’un équipement quatre saisons est réduite de 48 % par rapport à un pneu été et elle s’accroît de 7 % par rapport à un pneu hiver.
« Désormais, certains manufacturiers proposent des pneus quatre saisons classés A en consommation de carburant et en tenue route sur sol mouillé, souligne Philippe Rives, directeur grands comptes Europe de First Stop. Ces pneus s’adressent à des conducteurs qui connaissent très peu d’événements de grand froid dans l’année. »
Quoi qu’il en soit, en hiver et dans les zones blanches, le quatre saisons ne peut rivaliser avec le pneu hiver en adhérence et en tenue de route. La sinistralité peut s’en ressentir et les économies réalisées partir en fumée en cas d’accident.
Faites vos comptes !
Le pneu quatre saison revient-il moins cher ? « Ce produit ne constitue pas une révolution technologique mais offre un bon compromis entre pneu été et pneu hiver, avec une diminution des coûts à la clé », répond Jean-Philippe Duhoux, directeur du commerce et des achats pour l’Europe de Pneu Wyz. Feu Vert reconnaît aussi les mérites du pneu quatre saisons : avec une monte par an et sans frais de gardiennage, l’entreprise y gagne économiquement, et sans permutation, il préserve la mobilité des collaborateurs. « Mais sa durabilité est moindre par rapport à une solution qui combine pneus hiver et été, affirme Rémi Husson, responsable marketing et process BtoB. De plus, il pèse légèrement sur les consommations de carburant. » Pour Speedy, le pneu quatre saisons reste 15 % plus cher qu’un pneu été, mais il évite le montage, le remontage et le gardiennage. « Cependant, il faut abandonner les pneus été installés en première monte », note Euromaster.