
Chaque année, les spécialistes de la télématique prédisent une explosion du marché à plus ou moins brève échéance. Dans les faits, la généralisation des solutions se fait attendre.
Dans une étude de l’OVE (Observatoire du véhicule d’entreprise, Arval), la France accuse un retard : seules 23 % des entreprises y ont déployé la télématique contre 33 % en moyenne sur le sol européen. En 2016, la réduction des consommations de carburant constitue la première motivation pour s’équiper pour 30 % des entreprises françaises. En 2013, ces entreprises plaçaient le traçage et la localisation en motivation numéro 1.
La baisse des coûts en ligne de mire
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Chaque année, les spécialistes de la télématique prédisent une explosion du marché à plus ou moins brève échéance. Dans les faits, la généralisation des solutions se fait attendre.
Dans une étude de l’OVE (Observatoire du véhicule d’entreprise, Arval), la France accuse un retard : seules 23 % des entreprises y ont déployé la télématique contre 33 % en moyenne sur le sol européen. En 2016, la réduction des consommations de carburant constitue la première motivation pour s’équiper pour 30 % des entreprises françaises. En 2013, ces entreprises plaçaient le traçage et la localisation en motivation numéro 1.
La baisse des coûts en ligne de mire
Autres objectifs d’après l’OVE : la diminution des coûts de maintenance (19 %) et l’amélioration de la sécurité des conducteurs (14 %). Quoi qu’il en soit, les entreprises cherchent avant tout à limiter les coûts d’utilisation de leur flotte.
Concepteur et fournisseur de solutions, MiX Telematics revendique plus de 550 000 véhicules équipés à travers le monde. Dans une étude publiée en mai 2016, ce spécialiste estime que si les entreprises françaises non équipées franchissaient le pas, l’économie de carburant atteindrait plus de 1,8 milliard de litres, soit plus de 2 milliards d’euros par an. Ce volume équivaut à parcourir 15 milliards de kilomètres supplémentaires sans dépenser davantage.
Dans son étude, MiX telematics ne prend en compte que les VUL, les poids lourds, les autobus et les autocars. Avec les véhicules légers d’entreprise, le potentiel serait donc encore plus élevé.
Friands d’études en tous genres, les prestataires multiplient les domaines de recherche. Ainsi, TomTom Telematics a révélé en début d’année les résultats d’une enquête menée en ligne au Royaume-Uni, en France, en Allemagne et aux Pays-Bas par TNS Ncompass. Parmi les conclusions, il apparaît que près de la moitié des Français (47 %) sont moins enclins à traiter avec les entreprises dont les chauffeurs adoptent une conduite peu prudente et incivile. « Les dirigeants d’entreprise seront surpris de ce résultat et de l’impact qu’une conduite peu prudente peut avoir sur leur chiffre d’affaires », commente Taco van der Leij, vice-président marketing de TomTom Telematics. En d’autres termes, les entreprises ont tout intérêt à s’équiper en télématique pour former leurs conducteurs à l’éco-conduite et à la prévention des risques routiers, mais aussi pour conserver et séduire des clients.
6 à 20 % d’économie sur le carburant
Une autre étude a été menée par ecoDriver, projet de recherche européen qui associe douze partenaires dont TomTom Telematics. Les premiers résultats montrent que les systèmes d’éco-conduite contribueraient à faire reculer de 6 % au maximum la consommation globale d’énergie. Ce programme a été l’une des sources d’inspiration de TomTom Telematics pour le développement de sa plate-forme Webfleet. Sa solution d’éco-conduite OptiDrive 360 en découle directement. Certains de ses clients auraient atteint plus de 20 % d’économie sur leur consommation. TomTom Telematics revendique 625 000 véhicules pour 45 000 clients. En tête du marché européen selon Berg Insight (voir l’encadré), TomTom Telematics a signé un partenariat avec Sage pour proposer une compatibilité entre Webfleet, sa solution de gestion de flotte, et Sage Live, plate-forme « cloud » du spécialiste des logiciels de comptabilité. La solution fournit aux entreprises une comptabilité en temps réel de leur flotte.
TomTom Telematics s’est également associé à Salesforce pour proposer Webfleet sur Sales Cloud. Avec cette application intégrée à Salesforce AppExchange, l’entreprise gère sa force de vente et se connecte avec ses clients, ses partenaires et ses collaborateurs.
Des collaborations tous azimuts
Cette intégration amène à réduire les coûts et les temps de gestion grâce à la production de rapports automatiques, et à simplifier la gestion des rendez-vous. Encadrement et collaborateurs ont accès à des indicateurs sur les performances de conduite.
Dernière actualité pour TomTom Telematics, sa collaboration avec le Groupe PSA rend disponible Webfleet sur tous les véhicules connectés Peugeot, Citroën et DS. C’est la première fois que TomTom Telematics noue ce type d’alliance avec un constructeur. « Nous constatons que de plus en plus de véhicules arrivent sur le marché déjà équipés d’une connectivité mobile », souligne Thomas Schmidt, directeur général du prestataire.
Autre acteur du secteur, Fleetmatics aligne 737 000 véhicules connectés. En février 2015, le groupe a pris le contrôle d’Ornicar, acteur d’origine grenobloise. Fleetmatics a lui-même été racheté par Verizon l’été dernier pour 2,4 milliards de dollars.
Ce prestataire équipe notamment la flotte de Brink’s France depuis mai 2015. Le contrat porte sur 1 000 véhicules pour une durée initiale de cinq ans. Au premier trimestre 2016, Fleetmatics a équipé 28 000 véhicules à travers le monde. Parmi ses nouveaux clients figure An Post, le service national des postes de l’Irlande pour 900 de ses véhicules.
De son côté, Masternaut se hisse aussi aux premiers rangs européens avec plus de 300 000 véhicules et ressources mobiles. En mars dernier, sa plate-forme a bénéficié d’une mise à niveau et a changé de nom. Baptisée Connect Reports, elle a été conçue dans l’optique de fournir une information rapide et efficace, avec une configuration simple et intuitive.
En mai, Masternaut a lancé un module dédié à la maintenance pour anticiper l’entretien des véhicules. Le dispositif repose sur une technologie brevetée de connexion sans contact au bus CAN du véhicule. Le gestionnaire de la flotte obtient alors en temps réel et automatiquement diverses informations comme des alertes sur l’entretien et les pannes.
Le tableau de bord de ce module offre une vue d’ensemble de la flotte et montre le pourcentage de véhicules opérationnels à 100 %, ceux qui nécessitent une révision immédiate ou dans les prochains jours, et ceux qui présentent des défauts. Ce module est facturé 4 euros par mois.
Des leaders mondiaux à la manœuvre
Outre la création de ces fonctionnalités, Masternaut multiplie les discussions avec les constructeurs. L’entreprise a déjà signé des accords avec le groupe PSA et Diac Location, la captive de Renault. De plus, Masternaut s’est associé à Mobigreen, filiale de La Poste spécialisée dans les formations à l’éco-conduite et à la prévention des risques routiers. Avec cet accord, les clients de Masternaut bénéficieront de la solution Mobiperf qui se veut un dispositif d’accompagnement sur 24 mois.
Dans un premier temps, les conducteurs sont ainsi formés à la conduite préventive. Ensuite, les données sont analysées. La consommation, le nombre de kilomètres parcourus, le carnet d’entretien et le taux de CO2 sont plus particulièrement surveillés. Mobiperf intègre le pilotage des actions et ce, de la prise en main du dispositif jusqu’à l’accompagnement des managers dans l’analyse des résultats et la mise en place des actions correctives.
Mobigreen multiplie les accords puisque la filiale de La Poste a noué un partenariat avec Axodel, société du groupe Kuantic, pour déployer Mobiperf auprès des clients de ce dernier. Kuantic revendique 500 000 véhicules équipés en Europe. Certains boîtiers Kuantic sont directement connectés au bus CAN des véhicules grâce aux accords conclus avec plusieurs constructeurs. Mais le spécialiste du marché M2M précise qu’il peut connecter tous les types et marques de véhicules sur sa plate-forme logicielle.
Kuantic a entre autres lancé fin 2015 une solution d’alerte carburant et de suivi de la consommation. Issue d’un partenariat avec Protectfuel, cette offre prend la forme d’un bouchon communicant associé au boîtier Dynatic GP7000 de Kuantic et au système VDO Fuel Monitor de Continental.
Ce dispositif protège et alerte contre toutes les agressions : siphonage, démontage ou bien encore perçage du réservoir et de la jauge. Il émet des alertes en cas de chute brutale des niveaux de carburant ou d’ouverture du réservoir en dehors des périodes et des emplacements autorisés.
Autre prestataire, Ocean a été racheté par Orange ; les véhicules équipés de la solution Fleet Performance de l’opérateur de téléphonie migrent donc progressivement sur la plate-forme du spécialiste de la télématique. Désormais, toutes les offres sont commercialisées sous la marque Ocean. Les deux flottes réunissent 110 000 véhicules.
Des prestataires sous le signe du partenariat
L’accord signé avec le groupe PSA par Orange perdure avec Ocean. Et le prestataire est en discussion avec d’autres constructeurs. « Aucune flotte n’est mono-constructeur, explique Olivier Picard, directeur général d’Ocean. Au-delà de la connaissance du métier de la télématique embarquée, multiplier les accords avec les constructeurs automobiles nous permet d’être l’interlocuteur unique auprès des entreprises, quelles que soient les marques dans la flotte. » Ocean travaille aussi à développer une solution pour les loueurs longue durée.
Parmi les nouveautés, Ocean propose l’application smartphone Ocean Conduite, avec trois fonctionnalités : autopartage, éco-conduite et remontée des trajets réalisés. Parallèlement, Ocean est en phase de développement sur le dossier des boîtiers autonomes, sujet qui devrait émerger en 2017. En s’affranchissant de l’alimentation en énergie et de la carte SIM, ces boîtiers peuvent être installés sur des bennes, des containeurs, etc.
Des solutions en constante évolution
Pour sa part, Mapping Control a lancé une solution qui a pour ambition d’être le premier outil global d’optimisation de flotte à couvrir toutes les opérations et ce, de la création de la car policy à la comparaison des offres tarifaires des véhicules. Au-delà de la télématique, Mapping Control investit ainsi le marché des progiciels de gestion de flotte.
De son côté, Fleet Technology a repensé sa suite logicielle e-Manager. Charte graphique revue, application smartphone inédite, la plate-forme de la filiale de Traqueur adopte de nouvelles couleurs. La solution e-Manager se décompose en trois offres : e-Manager Park, e-Manager Green et e-Manager Map. La première remonte les kilométrages, les consommations, et suit l’entretien, alors que la deuxième y ajoute l’éco-conduite et la troisième la géolocalisation et les points d’intérêt.
Au premier semestre, Fleet Technology a équipé 3 000 véhicules et oscille entre 6 et 8 000 unités supplémentaires chaque année. Si le premier semestre s’affiche en léger recul, le second s’annonce plus dynamique avec des appels d’offres importants en perspective. Début 2016, la filiale de Traqueur annonçait 20 000 véhicules équipés.
Fleet Technology a signé des accords de partenariat avec le Groupe PSA autour de l’offre de télématique de ce dernier. « Les constructeurs éprouvent des difficultés à vendre et à gérer les solutions, estime Marc Verdet, président du groupe Traqueur. Ils veulent conserver la propriété des informations et les monnayer sans avoir à assumer le service. »
Dans ces conditions, les spécialistes de la télématique ont une carte à jouer en s’associant aux constructeurs pour proposer et gérer leurs services à leur place, tout en utilisant les données collectées. « Le constructeur nous vend la “data” et chaque demande d’information via la télématique lui produit un revenu », décrit Marc Verdet.
La question de la propriété des données
Si Renault, PSA et des loueurs comme Arval et LeasePlan ont déployé leurs solutions de télématique, l’avenir devrait passer par des partenariats entre les différents types d’acteurs et non par une concurrence exacerbée. Cela étant, les « pure players » se disputent âprement le marché et la guerre des prix se fait au bénéfice des entreprises.
Et avec l’arrivée de l’eCall en 2018, tous les nouveaux véhicules seront équipés de boîtiers communicants. La gestion de flotte à distance et en temps réel deviendra un service complémentaire à l’appel d’urgence géolocalisé. Avec un boîtier amorti par l’eCall et des prix en baisse grâce à une industrialisation renforcée, les services de télématique devraient enfin se démocratiser.
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