
Pour éviter les accidents, former les salariés à la prévention routière et-ou à l’éco-conduite demeure bien sûr primordial. Mais encore faut-il que ces salariés disposent des bons véhicules, équipés des bons équipements de sécurité, d’autant que ces « ADAS » ne cessent de se multiplier dans les modèles mis à la route.
Bien équiper les véhicules
« Chez Bayer France, pour tous les conducteurs, nous avons élevé le niveau de sécurité des véhicules qui se dotent de caméras de recul, de l’aide au stationnement, de détecteurs d’angles morts, de l’avertisseur de somnolence et de l’alerte lors du franchissement des lignes blanches. Ces équipements...
Pour éviter les accidents, former les salariés à la prévention routière et-ou à l’éco-conduite demeure bien sûr primordial. Mais encore faut-il que ces salariés disposent des bons véhicules, équipés des bons équipements de sécurité, d’autant que ces « ADAS » ne cessent de se multiplier dans les modèles mis à la route.
Bien équiper les véhicules
« Chez Bayer France, pour tous les conducteurs, nous avons élevé le niveau de sécurité des véhicules qui se dotent de caméras de recul, de l’aide au stationnement, de détecteurs d’angles morts, de l’avertisseur de somnolence et de l’alerte lors du franchissement des lignes blanches. Ces équipements s’ajoutent aux standards : allumage automatique des phares, ABS ou dispositif de mesure de pression des pneus », énumère Marielle Delin, responsable HSE de ce spécialiste de la chimie et de la pharmacie. La flotte de Bayer France rassemble 1 070 véhicules.
Chez Olympus, les 160 véhicules, loués auprès d’Alphabet, sont à 100 % BMW. « Un choix effectué aussi en raison des nombreuses aides à la conduite présentes à la base sur les modèles de la marque : alerte de franchissement des lignes blanches ou détection d’angles morts. Certains possèdent aussi un système de freinage assisté et tous s’équipent de caméras de recul. Cela limite les chocs arrière qui coûtent cher en frais de remise en état », précise Arnaud Renard, responsable achats et services généraux de ce fabricant de matériel médical, industriel et d’appareils photographiques.
Des aides en série
« À la mairie de Paris, nous prenons l’ABS automatiquement, même quand cette aide était encore en option. Pareillement, pour les plus gros VU qui transportent plusieurs personnes, nous veillons à ce qu’il y ait six airbags et pas seulement deux. Ensuite, pour les aménagements intérieurs, les fourgons se munissent d’une paroi de séparation entre l’habitacle et la zone de chargement, de casiers et de racks fermés », détaille Hervé Foucard, chef du service technique des transports automobiles municipaux.
Le parc de la mairie de Paris comprend 2 624 véhicules motorisés, 322 deux-roues motorisés et 701 vélos dont 401 à assistance électrique (VAE). Les cyclistes reçoivent un kit de sécurité incluant un casque, un gilet rétro-réfléchissant et, pour les deux-roues motorisés, des gants de protection. « Nous avons aussi établi des formations courtes destinées aux conducteurs de deux-roues et de trottinettes, afin de vérifier qu’ils savent bien les employer et de procéder à des rappels sur la réglementation. C’est notamment important pour ceux qui découvrent l’assistance électrique », poursuit Hervé Foucard.

Former aux ADAS
Pour sa part, le spécialiste des services aux entreprises Onet mise sur une formation courte d’environ une heure pour la prise en main de chaque nouveau véhicule.
« C’est important car 70 % des conducteurs ne maîtrisent pas les aides à la conduite, rappelle Nathalie Da Silva, responsable prévention des risques routiers groupe et éco-mobilité. Nous mettons à leur disposition des outils de travail performants mais les conducteurs ne savent pas toujours se servir du régulateur de vitesse ou de l’aide aux distances de sécurité. Plus problématique encore, certains n’emploient pas correctement l’ABS et l’ESP.
Quand ils freinent brusquement, la pédale vibre, ce qui est normal, mais du coup, ils la relâchent. Ces aides au freinage sont alors inopérantes pour conserver la trajectoire. Cette prise en main est également essentielle pour les nouveaux conducteurs de véhicules électriques », complète cette responsable à la tête de 4 000 véhicules.
Sensibiliser les conducteurs
Une fois les véhicules dûment équipés d’aides à la conduite, il ne faut pas non plus oublier les conducteurs. À leur destination, Sanofi s’appuie sur un programme de sensibilisation avec plusieurs volets. « Nous envoyons environ tous les deux mois une newsletter sur des thématiques HSE, incluant des points sur la sécurité routière : conduite en temps de pluie ou de neige, distracteurs, conduite en ville, etc. », décrit Eddy Chaboisseau, responsable des formations du groupe pharmaceutique. De plus, chaque visiteur médical est accompagné une ou plusieurs fois par an par son manager qui profite de cette visite en duo pour faire un retour sur sa conduite. La flotte de Sanofi se compose de 1 800 VP dont 900 se destinent à des conducteurs itinérants.
Des responsables impliqués
À la mairie de Paris, deux fois et bientôt quatre fois par an, Hervé Foucard fait remonter aux directeurs des services des reportings sur la sinistralité et des statistiques pour les sensibiliser. « À charge pour eux de faire redescendre les informations et de communiquer sur le sujet, indique-t-il. Nos directeurs organisent ensuite des réunions de sensibilisation avec les agents et nous leur demandons de toujours faire référence à des situations réelles auxquelles ces agents ont été confrontés afin qu’ils soient plus réceptifs. »
Chez Bayer France, les managers abordent une fois par trimestre la sécurité routière avec leurs équipes. « C’est l’occasion d’analyser la typologie des accidents et de donner de bons conseils, souligne Marielle Delin. Nous envoyons aussi des vidéos courtes sur différentes thématiques aux conducteurs de voitures de fonction : distracteurs, fatigue, partage de la route avec les piétions et les deux-roues, etc.
Nous interdisons le portable au volant mais nous installons le bluetooth et le kit mains libres dans les véhicules. Les itinérants peuvent alors suivre une réunion à distance, une fois qu’ils sont sur un parking, ou répondre très brièvement à un interlocuteur pour indiquer qu’ils sont au volant et qu’ils rappelleront », explique Marielle Delin.
En outre, et cela concerne tous les salariés, de petites vidéos sont transmises sur les écrans d’information des sites du groupe, pour les sensibiliser aux bonnes pratiques avant les départs en vacances ou aux équipements nécessaires pour les cyclistes.
Quand il est question de sécurité routière, le service communication est largement mis à contribution chez Johnson & Johnson. « Nos actions s’adressent à tous les collaborateurs car ils sont aussi des conducteurs à titre personnel ou pour leurs déplacements domicile-travail, expose Florence Burdy, responsable communication de ce groupe spécialiste de la santé. Nous diffusons des vidéos tous les deux mois sur des sujets variés. Avant les vacances, nous mettons ainsi l’accent sur la préparation et la vérification du véhicule, et sur le chargement des bagages. D’autres vidéos évoquent la pression des pneus ou la conduite des véhicules hybrides. Nous avons actuellement 70 véhicules hybrides rechargeables en parc et ce nombre va augmenter », complète cette responsable.


Une communication intensive
À ce sujet, les conducteurs de Johnson & Johnson qui se voient attribuer un hybride rechargeable vont suivre une classe virtuelle d’environ une heure pour mieux comprendre ce véhicule et en tirer le meilleur. « De fait, si l’hybride rechargeable est mal employé, le cercle vertueux peut être rompu et les effets bénéfiques escomptés disparaissent », prévient Yves Le Goff, en charge du parc de 1 180 véhicules.
Miser sur les événements
Les Journées de la sécurité routière au travail, du 9 au 13 mai cette année, offrent aussi l’occasion pour les entreprises de proposer des animations et de procéder à quelques piqûres de rappel auprès des salariés. « C’est aussi le moment pour rappeler les bons principes. Et on est concerné même quand on ne dispose pas de voiture de fonction », rappelle Arnaud Renard pour Olympus.
Au programme chez Olympus : des messages et des brochures envoyés via l’intranet du groupe, et des jeux en ligne sur les dangers de la route, « évoquant la pression des pneus, l’importance de faire vérifier sa vue régulièrement ou comment bien s’asseoir derrière son volant, etc. Nous élargissons aux deux-roues et aux trottinettes car des collaborateurs les utilisent pour venir au bureau. Nous avions l’intention de déployer des ateliers avec des jeux mais nos collaborateurs sont en moyenne deux jours par semaine en télétravail et nous avons dû abandonner le présentiel », nuance Arnaud Renard.
En effet, du fait des confinements et du télétravail, ces Journées de la sécurité routière au travail se sont transformées depuis deux ans. Et les entreprises se sont mises au distanciel. Chez Bayer France, des quizz ont été envoyés aux collaborateurs sur l’alcool au volant, les distracteurs, etc.
Mener des entretiens post-accident
Enfin, si des accidents ont malheureusement lieu, il ne faut pas baisser les bras. Et pour les éviter, le mieux est d’établir des entretiens post-accident avec les conducteurs impliqués. À la mairie de Paris, ces entretiens sont systématiques, y compris lors d’un simple choc pendant une manœuvre, pour analyser les causes de l’accident et permettre au conducteur de réfléchir sur la manière dont il aurait pu l’éviter. Ces entretiens sont menés par la hiérarchie « qui connaît bien les spécificités du métier », précise Hervé Foucard. Ce gestionnaire envisage d’ailleurs de travailler plus spécifiquement avec les entités les plus accidentogènes « pour les accompagner dans les analyses des accidents. Ce qui amène aussi à réfléchir à l’organisation du travail qui est parfois en cause. Par exemple, des accidents peuvent être liés aux lieux et aux conditions de remisage des véhicules », note-t-il.
Analyser les causes
Dès que l’accident a entraîné un arrêt de travail, Onet fait pareillement passer des entretiens post-accident avec le responsable d’atelier ou d’agence, et le référent QSE. « Nous analysons les causes de l’accident et nous pouvons parfois envisager de modifier l’organisation du travail. Un collaborateur a eu un accident car il avait appuyé simultanément sur le frein et l’accélérateur. La cause : des chaussures de sécurité trop larges. Nous avons donc changé de fournisseur », illustre Nathalie Da Silva.
Bayer France a aussi systématisé les entretiens post-accident « afin de réaliser un arbre des causes et voir ce qui peut s’améliorer. L’objectif est aussi de redonner confiance à des salariés qui ont pu être choqués lors d’un accident », ajoute Marielle Delin.
Une grille de points

Sur ce sujet, Johnson & Johnson va plus loin. Ce groupe a créé une grille de points correspondant à des infractions, qui référence, sur douze mois glissants, les accidents et incidents en fonction du kilométrage, le nombre de points de permis, les frais de restitution, etc.
« Au-delà d’un certain nombre de points, nous considérons que le conducteur est à risque, expose Yves Le Goff. Dans ce cas, ce conducteur a un entretien avec son manager, un autre avec Beltoise et parfois, pour les conducteurs les plus à risque, avec le président de leur entité pour analyser leur sinistralité. Et ces conducteurs à risque peuvent suivre des modules supplémentaires d’e-learning, reprend ce responsable. En outre, dès qu’un accident survient, le conducteur bénéficie d’un entretien avec un formateur du prestataire Beltoise Évolution.
L’objectif : analyser l’accident, comprendre ce qui s’est produit et voir avec le conducteur comment il aurait pu l’éviter. Cela nous aide aussi à cartographier l’accidentologie et à adapter en aval les formations », poursuit Yves Le Goff.
Pareillement, tout salarié de Bayer qui a eu plus de trois accidents engageant sa responsabilité sur une période de deux ans ou deux accidents en six mois, suit une formation spécifique et personnalisée en fonction de la typologie de ses accidents. « Nous suivons particulièrement les conducteurs qui roulent plus de 70 000 km par an car cela multiplie les risques de fatigue au volant et donc d’accident », souligne Marielle Delin. L’objectif reste aussi de diminuer le nombre de kilomètres en incitant par exemple à privilégier le train pour les trajets les plus longs. Les conducteurs ont aussi un entretien annuel avec leurs managers pour évaluer la situation et des objectifs peuvent être fixés.
Chez Sanofi, les accidents font aussi l’objet d’un « débriefing » d’une demi-heure avec un formateur de Beltoise. Un programme « poly-sinistré » a aussi été mis en place, incluant une demi-journée de formation spécifique pour tous ceux qui ont enregistré dans l’année deux accidents en mouvement.
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