Prévention routière : des actions à adapter à l’entreprise
Plusieurs centaines de livreurs sur la route ou quelques commerciaux : le niveau d’exposition au risque routier varie selon l’activité des entreprises. Mais pour toutes, l’accident, en trajet ou en mission, d’un salarié a des conséquences importantes sur l’activité. Pour prévenir les dangers, des politiques de prévention adaptées à chaque entreprise s’imposent.
Du côté du risque routier en entreprise, les indicateurs s’améliorent. Deux sondages réalisés annuellement, par l’assureur Axa et le loueur Arval, pointent respectivement des améliorations des comportements au volant et des moyens mis en œuvre pour prévenir ce risque routier (voir l’encadré ci-dessous). Une tendance positive à laquelle s’ajoute l’embellie statistique des accidents de la route en 2020 après les confinements successifs… Pour autant, ces bons chiffres ne suffiront à détourner les entreprises de leur engagement pour la sécurité routière. Car le risque routier demeure bien présent. Et si l’accident de travail lié à la route en...
Du côté du risque routier en entreprise, les indicateurs s’améliorent. Deux sondages réalisés annuellement, par l’assureur Axa et le loueur Arval, pointent respectivement des améliorations des comportements au volant et des moyens mis en œuvre pour prévenir ce risque routier (voir l’encadré ci-dessous). Une tendance positive à laquelle s’ajoute l’embellie statistique des accidents de la route en 2020 après les confinements successifs… Pour autant, ces bons chiffres ne suffiront à détourner les entreprises de leur engagement pour la sécurité routière. Car le risque routier demeure bien présent. Et si l’accident de travail lié à la route en entreprise reste rare, il peut avoir des conséquences considérables sur l’activité.
Certaines entreprises multiplient ainsi les initiatives de prévention pour toucher le plus grand nombre possible de salariés : aussi bien les conducteurs de véhicules utilitaires que de voitures de fonction par exemple (voir le reportage Sodexo), tandis que d’autres revoient leur politique pour une meilleure efficacité (voir le reportage Suntory France).
Attention aux trajets domicile-travail
Ces différentes démarches contribuent à améliorer la prévention des risques sur les trajets domicile-travail. Des déplacements encore trop peu pris en compte par nombre d’entreprises, mais qui pourtant exposent les salariés aux dangers de la route, avec des accidents qui se répercutent eux aussi sur la bonne marche de l’activité (voir l’encadré).
Pour cette mobilité pendulaire comme pour les déplacements missions, de nouvelles pistes existent pour améliorer la prévention : aussi bien à l’initiative des entreprises, de leurs assureurs, que de l’État. Cela passe entre autres par la prise en compte de facteurs de risque jusqu’ici peu considérés. Ce que note Thierry Fassenot, ingénieur conseil national à la direction des risques professionnels au sein de la Cnam, en soulignant que le niveau d’exposition au risque routier s’accroît selon les secteurs d’activité et le type d’organisation du travail. « Il y a un impact fort de l’activité professionnelle dans le niveau de risque trajet », assène Thierry Fassenot.
C’est plus particulièrement le cas pour des métiers avec des horaires coupés, comme dans la grande distribution ou la restauration, ou bien encore décalés comme au sein des usines, avec des contraintes de prise de poste à horaires fixes. C’est aussi vrai des personnels qui ont de multiples employeurs à l’image des entreprises de propreté. « On retrouve aussi dans cette catégorie des publics en situation plus précaire : intérimaires, apprentis, etc. », relève Thierry Fassenot. Et l’exposition au risque routier augmente aussi pour ces salariés en raison d’horaires qui ne leur permettent pas de faire appel aux transports en commun pour regagner leur domicile, souvent éloigné de leur lieu de travail.
Des risques spécifiques
Un constat que confirme Guillaume Crublet, animateur santé sécurité du SDAEC-Terralliance, un groupement d’employeurs agricoles qui propose un service de remplacement et de travail à temps partagé. Dans ce cadre, le risque routier touche des salariés qui peuvent être amenés à effectuer des trajets pourtant courts de 20 à 40 km, mais en horaires décalés. « Ces salariés commencent tôt le matin pour effectuer la traite des animaux, rentrent en général chez eux pour reprendre vers 17 heures jusqu’à 19 h 30 ou 20 h 00 », détaille ce responsable. La fatigue à laquelle ils s’exposent entraîne alors un risque d’hypovigilance qui peut être à l’origine d’accidents avec des animaux sur la voie, voire d’endormissement au volant. « Le risque le plus important par rapport à nos conducteurs est celui de l’inattention au volant », résume Guillaume Crublet (voir le reportage).
L’organisation de l’entreprise participe à accentuer l’exposition au risque routier des salariés, mais aussi à y exposer plus spécifiquement certains d’entre eux. « Le risque routier reste encore insuffisamment pris en compte par les entreprises, et notamment celles de taille intermédiaire. Pour ces dernières, les populations en déplacement ne représentent qu’une partie de l’effectif : commerciaux, installation, SAV, travailleurs sur chantiers, etc. », rappelle Thierry Fassenot dans son récent rapport (voir l’entretien) présenté au CNSR (Conseil national sécurité routière).
Des populations négligées
Dans ce rapport, une monographie publiée en 2010 dans la revue Pistes, spécialisée dans le travail et la santé, montre comment l’usage du téléphone portable chez les conducteurs de travaux les a conduits à de plus nombreux trajets pour effectuer des visites de chantiers : afin de résoudre des problèmes, de prendre des décisions de visu, etc. Une étude de l’Agence nationale de la recherche (ANR), réalisée au début des années 2010 sur la base de l’analyse de 7 000 accidents routiers professionnels et citée par Thierry Fassenot, rappelle aussi que les intérimaires ou les apprentis en contrat d’alternance, auxquels des entreprises ont plus recours, sont de fait plus exposés au risque routier.
Un constat à rapprocher de celui de l’Onisr qui montre que les 15-24 ans étaient surreprésentés dans les accidents de trajet en 2019. Des études et des statistiques qui incitent à renforcer les démarches de prévention mais aussi à les affiner selon les entreprises et leurs populations. Au sein du SDAEC-Terralliance, ce travail est déjà en cours : « Nous nous sommes rendu compte que les jeunes peuvent être plus touchés que les autres par le risque routier », constate Guillaume Crublet. L’entreprise s’est donc tournée vers l’unité de sécurité routière du département des Côtes-d’Armor pour mener des actions plus ciblées. « Nous avons étudié les moyens à mettre en place pour toucher cette population : avec des flashs sécurité et des webinaires. Et nous avons aussi collaboré avec la MFR, la maison familiale et rurale, pour élaborer des modules de formation spécifiques », décrit ce responsable. Des pistes à suivre en les adaptant à la diversité des situations (voir aussi l’article sur le suivi post-accident).
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