« La sécurité routière, c’est un vrai sujet, un impératif en termes de RH car tout employeur se doit de protéger ses collaborateurs. Sans oublier l’impact économique, notamment sur les frais de restitution », résume Arnaud Renard pour Olympus, fabricant de matériel médical, industriel et d’appareils photographiques. Ce responsable achats et services généraux gère 160 véhicules.
L’obligation de sécuriser les travailleurs, qui incombe à tout chef d’établissement, est en effet une obligation de résultat. Et son non-respect peut être sanctionné selon l’article L. 4121-1 du Code du travail. « La route reste la première cause de mortalité au travail », ajoute Nathalie Da Silva, responsable prévention des risques routiers groupe et éco-mobilité chez Onet. Spécialiste des services aux entreprises, Onet compte 4 000 véhicules en parc et a signé en 2016 les « sept engagements pour une route plus sûre » de la Délégation à la Sécurité routière.
Des chefs d’entreprise impliqués
À ce propos, Nathalie Da Silva rappelle que cet article R 4121-1 « impose à l’employeur de tenir à jour un Document Unique répertoriant et évaluant tous les risques qui peuvent atteindre la sécurité et la santé des travailleurs d’un établissement, et les actions destinées à les réduire ou les supprimer. »
« Le véhicule constitue un outil de travail et les conducteurs deviennent des acteurs d’un environnement partagé, ce sont des notions à ne pas oublier », reprend Nathalie Da Silva, par ailleurs membre de la Commission nationale de la sécurité routière.
« La première tâche consiste donc à vérifier régulièrement les permis et l’aptitude des collaborateurs à conduire les véhicules qui leur sont confiés. C’est important pour tous les véhicules et particulièrement pour les VU et les engins », complète cette responsable.
« Notre objectif principal demeure la sécurité des agents. Ensuite, baisser la sinistralité fait reculer le nombre de véhicules immobilisés et d’arrêts de travail », souligne de son côté Hervé Foucard pour la mairie de Paris. Ce chef du service technique des transports automobiles municipaux gère 2 624 véhicules motorisés, 322 deux-roues motorisés et 701 vélos. Et Hervé Foucard signale que tout plan de mobilité, obligatoire pour les entreprises ou les organismes publics de plus de cent salariés, « doit intégrer des actions de réduction des déplacements et des émissions, ce qui amène souvent à réfléchir à la sécurité routière et à l’éco-conduite. »
Objectif n° 1 : sécuriser les salariés
Pour certaines entreprises, y compris parmi les plus petites, la sécurité routière fait partie de « l’ADN », comme le précise Carole Blanc, assistante de direction et responsable sécurité de L’Atelier du Bois. Cette PME tarnaise de douze salariés a d’ailleurs reçu en 2020 le Trophée d’Or des « Pro ont du talent », décerné par la Délégation à la Sécurité routière.
Parfois, une hausse de la sinistralité incite à agir. À la tête d’une flotte de 1 800 VP dont 900 pour les itinérants, Sanofi a lancé un vaste programme destiné à ses itinérants qui parcourent en moyenne 40 000 km par an. Ce laboratoire pharmaceutique a ainsi renforcé sa politique de formation sur la sécurité routière il y a cinq ans, du fait d’une sinistralité relativement plus importante en France que dans ses autres pays d’implantation. Les programmes, qui dépendaient de chaque direction, ont été transformés en un vaste plan national de prévention routière avec pour objectif de diviser par deux la sinistralité.
Des démarches sur la durée…
« Plus de sinistralité, cela signifie un risque plus important d’accidents mortels, avec plus d’absentéisme et de coûts », pointe Eddy Chaboisseau, responsable des formations de Sanofi. Objectif rempli : le taux de référence, soit le nombre de sinistres rapporté au nombre de véhicules en parc sur douze mois glissants, est passé de 45 à 22 % en trois ans.
Les organisations les plus matures ont de fait lancé des actions depuis de nombreuses années, à l’image de Bayer France, l’un des premiers participants au Club de la Sécurité Routière avec la préfecture du Rhône. À la tête d’une flotte de 1 070 véhicules, ce groupe chimique et pharmaceutique vient de refondre et d’harmoniser sa politique de prévention routière pour l’appliquer de façon homogène à tous ses salariés.
… et des résultats
« Nous avons pris le meilleur des bonnes pratiques dans nos différentes entités pour la formation, le suivi des conducteurs, etc. », relate Marielle Delin, la responsable HSE de Bayer France. Les résultats sont au rendez-vous. En 2019 (dernière année représentative du fait des confinement), le groupe a enregistré une fréquence RC (responsabilité civile) matériels responsables, soit le nombre de sinistres responsables avec tiers matériel divisé par le nombre de véhicules, de 6,14 % pour une référence nationale à 8 %, et une fréquence RC corporels responsables de 0,42 % pour une référence nationale à 0,90 %. Un exemple à suivre.