Le Groupe Prévost se lance dans l’électrique

Alors que 66 % de sa flotte carbure déjà aux énergies alternatives (B100 ou au biogaz), le Groupe Prévost se met aussi à l’électrique avec trois premiers véhicules.
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Prévost électrique
Virginie et Julien Prévost entament une nouvelle étape de la transition énergétique de leur entreprise avec l’intégration de trois Volvo FH Electric. (© Volvo Trucks)

En 2023, le Groupe Prévost adopte l’électrique en intégrant trois Volvo Trucks FH Electric. Ce transporteur, spécialiste de la livraison de produits à forte valeur ajoutée (automobile, fret aérien, pharmacie, luxe et grande distribution), s’est attaché ses clients par des investissements dans les énergies alternatives. En effet, en 2022, 123 de ses 141 tracteurs Volvo Trucks ou Renault Trucks, 16 porteurs et ses 15 VU roulaient déjà au B100 ou au biogaz grâce à la cuve d’Oleo100 et à la station Engie que le transporteur a accueillies sur son site.

Rappelons que le Groupe Prévost opère dans le Grand Paris et ses futures ZFE-m, depuis trois sites : à Mitry-Mory (77290), Goussainville (95190) et Rosny-sous-Bois (93110). Pour Julien Prévost, co-dirigeant avec sa sœur Virginie du Groupe Prévost, la transition énergétique des activités du groupe est « un moyen de valoriser et dynamiser la profession du transport routier de marchandises pour entretenir une collaboration durable avec les clients. »

Réponse aux attentes d’Air France

C’est Air France, client trentenaire de Prévost, qui a suscité l’intégration de véhicules électriques. « L’objectif d’Air France est à terme d’atteindre zéro émission de CO2 sur ses « vols camionnés » français, des transports aériens effectués par route, explique Christelle Thierry, responsable achats d’Air France. En tant que premier client de Prévost, nous lui avons demandé une solution plus verte que l’Oleo100 qu’il utilise déjà. Julien et Virginie Prévost nous ont donc proposé ce Volvo FH Electric contre un engagement contractuel quinquennal satisfaisant, puisque notre tarif reste identique à celui du B100, soit seulement 10 % de plus que le prix du gazole. Et si l’autonomie des véhicules industriels électriques s’accroît, nous en prendrons d’autres pour nos vols camionnés sur la France, mais aussi vers le Benelux, l’Allemagne du sud et la Suisse. »

Christelle Thierry, d’Air France (2e depuis la gauche), a salué l’achat des Volvo FH Electric par Virginie et Julien Prévost (4e et 5e depuis la gauche). (© Michel Grinand)

20 véhicules électriques intégrés en 2023

Prévost a choisi des tracteurs FH Electric 4×2 équipés de six batteries, de trois moteurs électriques cumulant 490 kW, soit 666 ch, et possédant la fonction I-See pour anticiper la topographie des trajets et récupérer l’énergie de freinage. Ils effectueront des tournées d’environ 200 km dans le Grand Paris, le premier transférant du fret d’Air France entre les aéroports de Roissy CDG et d’Orly à raison de deux à trois rotations quotidiennes.

Les deux autres tracteurs effectueront des transports de packaging volumineux ou de produits finis à haute valeur ajoutée entre les sites de Prévost et ses clients de Bobigny (93), Vémars (95) et Le Meux (60). « Le troisième servira aussi aux tests pour d’autres clients ouverts à l’électromobilité ou pour attirer de jeunes conducteurs aimant les technologies nouvelles, commente Julien Prévost. Car d’ici fin 2023, nous intégrerons encore sept porteurs électriques et dix utilitaires électriques pour remplacer des utilitaires thermiques. »

Prévost ambitionne d’atteindre les 50 véhicules électriques dans son parc d’ici fin 2024 pour réduire de 90 % les émissions CO2 de sa flotte. (© Volvo Trucks)

Contrat quinquennal et aides Ademe pour la recharge

Julien Prévost a acquis ses FH Electric via un plan de financement élaboré avec Volvo Financial Services. « Les batteries sont garanties 8 ans et 800 000 km ou 80 % de potentiel, mais nous avons conclu un accord avec Volvo Trucks pour qu’il les remplace au bout de cinq ans par les nouveaux modèles afin que nous restions à la pointe, rapporte le co-dirigeant. Nous pourrons aussi relouer nos vieux véhicules électriques à nos sous-traitants PME et TPE afin qu’ils accèdent aussi à l’électromobilité. »

Le transporteur a aussi pris ses bornes de recharge électriques AC de 43 kWh auprès de Volvo Trucks, mais il projette de financer une véritable station de recharge. « Par l’appel à projet 2023 de l’Ademe, nous espérons obtenir une aide pour une station comprenant des bornes de 43 kWh, mais aussi de 300 kWh pour recharger deux camions en même temps, explique Julien Prévost. Ainsi, courant 2024, nous pourrons remplacer 30 de nos véhicules industriels au biogaz par des poids lourds électriques de différents constructeurs, selon leurs performances écologiques du puits à la roue. Fin 2024, 90 % de notre flotte circulera avec des énergies alternatives et nous aurons réduit de 90 % nos émissions de CO2. »

Utilisant les bornes de recharge fournies par Volvo Trucks, Prévost veut construire sa station de recharge électrique avec des bornes de 300 kWh pour charger simultanément deux camions. (© Volvo Trucks)

L’hydrogène ou l’Euro 7 pour l’international

Julien Prévost sait cependant qu’il n’éliminera 100 % de ses émissions CO2 que lorsque l’hydrogène sera disponible à l’échelle européenne, tant en véhicules qu’en alimentation. « 10% de nos activités concernent du transport vers la Suède, le Maroc, la Grèce et la Turquie, et seul le gazole B7 permet de réaliser ces opérations, regrette-t-il. Nous devrons donc prendre des véhicules industriels Euro 7 en compensant les émissions par l’éco-conduite, le contrôle de la pression des pneus et l’usage de semi-remorques à essieux électriques. »

En attendant la disponibilité de l’hydrogène en Europe, les transports internationaux de Prévost s’effectueront en poids lourds thermiques Euro 7. (© Michel Grinand)

Dans cette mixité de nouvelles et d’anciennes technologies, les salariés de Prévost soutiennent leur entreprise. En effet, tous les conducteurs savent conduire tous les types de véhicules. Quant aux mécaniciens : « Nous sommes ravis de participer au progrès en faisant évoluer nos compétences avec chaque nouvelle motorisation », s’enthousiasme le responsable d’atelier, Patrice Seloup.

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