
ProovStation, l’outil d’inspection de véhicules, a été présenté à la presse le 23 septembre sur le site logistique du Groupe Charles André (GCA), à Corbas (69).
Lancé en 2014, ce portique ProovStation développé en quatre ans a été récompensé au CES de Las Vegas en janvier 2019. Le groupe Bernard, la Banque publique d’investissement (BPI), et d’autres banques locales ont investi plusieurs millions d’euros pour soutenir la start-up créée en 2018.
Une cinquantaine de collaborateurs se répartit dans les bureaux de Station F (Paris), du H7 (Lyon), du centre R&D (Rhône-Alpes) et de l’AI Super Factory (Bourg-en-Bresse, 01). Ce pôle, composé de 25 experts (data scientists et eye trainers), travaille sur l’amélioration de la technologie de deep learning du portique. Ces experts labellisent les données récoltées sur le terrain, c’est-à-dire qu’ils entraînent des algorithmes à la reconnaissance de dommages pour alimenter un data hub (ou base de données).
ProovStation vise à créer un hub service
« Entre l’achat et la livraison d’un véhicule, environ onze inspections manuelles de quinze à vingt minutes chacune sont menées. De plus, l’établissement d’un rapport d’expertise prend par exemple sept à douze jours pour un loueur. ProovStation peut le faire en une demi-journée », avance Cédric Bernard, PDG de ProovStation. Près de 5 milliards d’inspection seraient effectuées chaque année dans le monde, selon les calculs de l’entreprise.
ProovStation vise à automatiser, standardiser et industrialiser ce processus d’inspection automobile par intelligence artificielle. Un gain de temps pour l’inspecteur qui chiffre manuellement les dégâts des véhicules. « Les rapports d’inspection de ProovStation sont horodatés et géolocalisés pour une meilleure traçabilité. Notre but est de créer un hub service et de booster les échanges d’informations entre le moment de l’achat et la livraison du véhicule », continue Cédric Bernard.

Un portique destiné à l’industrie automobile
ProovStation s’adresse aux professionnels de l’industrie automobile. En particulier aux acteurs traitant de gros volumes : OEM (fabricant d’équipements d’origine), logistique et remarketing. Des contrats ont été conclus avec des constructeurs, des acteurs du marché de l’occasion et des logisticiens. C’est le cas de BCAuto Enchères avec 40 portiques et de GCA avec 30 portiques. ProovStation se loue à 5 000 euros par mois sur 48 mois (variable en fonction du flux), assurance et entretien compris.
D’ici 2021, 73 ProovStation seront déployées dans 13 pays européens, en plus de l’Afrique du Nord et des États-Unis. Elles réaliseront 9 millions d’inspections par an. La start-up espère ainsi devancer ses concurrents sur le marché européen que sont Tchek (France), DeGould (Royaume-Uni) ou encore UVEye (Israël).
ProovStation utilise la technique de déflectrométrie…
Lors de la présentation à la presse dans le virtual showroom de Corbas, une BMV de trois ans est passée entre les arches de ProovStation à une vitesse maximale de 15 km/h. À son passage, le centre du portique s’est allumé. Positionnés dans tous les angles, 25 capteurs et caméras ont scanné le véhicule à 360 °. Un millier d’images monochromes ont été ainsi générées. Puis, grâce à une technique de déflectrométrie, la machine a analysé les contrastes des franges lumineuses projetées sur le véhicule pour détecter ses défauts. Enfin, ProovStation a mesuré, regroupé et classé les dommages. Résultats à l’écran : ProovStation a détecté des « pocs » invisibles à l’œil nu, des frottements sur les jantes, et des impacts de grêle sur le toit.
… pour détecter des dommages de quelques millimètres en moins d’une minute
Toutes les données produites sont enregistrées en local pour éviter une perte de performance. En effet, ProovStation génère 3 Go de data en moins d’une minute. Le résultat s’obtient entre une minute et une minute trente, voire en 30 secondes. « ProovStation détecte à 80 à 85 % des dommages de l’ordre de 5 à 8 mm, voire à 70 % des dommages de 1 mm. Nous espérons atteindre une fiabilité de 95 % sur des dégâts de 4 mm et de 80 % sur ceux de 1 mm (une tâche de graisse par exemple), avant la fin de l’année. C’est-à-dire arriver à un portique 100 % autonome », anticipe Cédric Bernard, PDG de ProovStation.
Une amélioration constante de l’algorithme
Une dizaine de machines sont en cours de tests. De plus, une quinzaine d’inspecteurs ont été formés à la post-inspection en partenariat avec Pôle Emploi. « Très simplement, ces inspecteurs sont chargés d’encadrer les dommages sur l’écran pour nourrir l’algorithme et d’affiner la détection des dégâts. Ce sont les 10 à 15 % manquants », explique Gabriel Tissandier, CEO de ProovStation.
La station doit donc être améliorée et préparée à n’importe quel véhicule. « Par exemple, la peinture d’un vieux véhicule reflète moins bien la lumière. Ses dommages sont alors moins bien détectés par la projection de franges. L’inspection d’un VO de trois ans sera ainsi moins compliquée qu’un de huit ans », ajoute Gabriel Tissandier.
ProovStation traite jusque 1 500 véhicules par jour non-stop (24/7). La start-up travaille déjà sur le développement d’un portique similaire pour les poids lourds. De plus, elle cherche à trouver un moyen d’analyser le châssis de la voiture.