«Avec le télétravail, les salariés passent moins de temps au bureau » ; ils ont donc moins l’occasion de recharger leurs véhicules électriques sur site, estime Éric Place, directeur général de ZEborne, spécialiste de l’installation et de la gestion des bornes de recharge. « Ce qui rend la recharge à domicile de plus en plus indispensable, poursuit ce dirigeant. Quant aux sociétés qui ont misé sur la recharge en itinérance, elles ont rapidement compris que le coût reste prohibitif… »
Les loueurs à la charge
Un enjeu qui n’a pas échappé non plus aux loueurs. En effet, profitant de la mise en avant de leurs gammes électriques, les loueurs n’hésitent pas à collaborer avec des prestataires de la recharge pour proposer à leurs clients l’installation de bornes sur site ou à domicile. Ainsi, Arval a noué des partenariats avec EDF, Engie et Shell (ex-NewMotion), et Alphabet avec ChargeGuru et Zeplug. Selon Margy Demazy, directrice commerciale d’Arval France, le principal frein demeure le coût de ces infrastructures : « C’est un budget important qui n’est pas toujours anticipé et c’est le point essentiel dans les discussions avec les clients. »
Dans ce contexte, les grands groupes, souvent les mieux dotés financièrement, sont les premiers à faire le choix du domicile pour la recharge de leurs salariés. « Les grandes entreprises s’orientent majoritairement vers l’installation de bornes à domicile, confirme Julien Chabbal, directeur des ventes et marketing d’Alphabet. Cela fait partie de leur politique RSE. Certes, cela a un coût mais, au final, c’est intéressant en raison du TCO favorable des véhicules. » À l’instar des installations sur site, l’installation de bornes aux domiciles des collaborateurs nécessite aussi une phase d’étude préalable. « La première étape consiste à effectuer un diagnostic qui peut se faire à distance en questionnant le collaborateur. Habite-t-il en maison individuelle ou en appartement ? Dispose-t-il d’une place de parking ? S’il est en maison individuelle, où gare-t-il son véhicule et à quelle distance du tableau électrique ? », énumère Éric Place pour ZEborne.
Le domicile à l’étude
Quand le collaborateur habite en copropriété, plusieurs cas de figure peuvent se présenter. « Par exemple, la copropriété a peut-être déjà décidé de pré-équiper son parking avec des chemins de câble. Il ne reste alors plus qu’à poser la borne. Mais cette situation reste assez rare, reprend Éric Place. Dans le cas contraire, il faut revendiquer le droit à la prise. Le syndic ne peut pas refuser. Mais la démarche est parfois longue et compliquée, avec des travaux à la clé», explique le directeur général de ZEborne. Sans oublier que la recharge à domicile peut très bien concerner tout autant des véhicules hybrides rechargeables.
Enfin, pour le financement, les entreprises hésitent souvent entre différentes solutions. Première solution : « Notre client entreprise paie l’installation de la borne et en est propriétaire, illustre Éric Place. Si le salarié quitte l’entreprise, nous démontons alors la borne pour l’installer chez un autre salarié, à moins que le client estime que le collaborateur peut la conserver si elle est plus ou moins amortie après quelques années. D’autres clients préfèrent la solution de la location. Dans ce cas de figure, nous récupérons la borne en cas de départ du collaborateur », expose Éric Place. L’entreprise peut aussi opter pour l’alternative : laisser au collaborateur le soin de s’équiper par lui-même. Il est alors propriétaire de la borne. Ce qui pose une autre question : celle du dédommagement des recharges.
L’entreprise peut proposer un dédommagement au collaborateur qui installe lui-même sa borne. Mais il doit souvent passer par l’opérateur choisi par l’entreprise et qui relève les consommations pour les remboursements. « En effet, le plus souvent, l’entreprise ne gère pas directement ces remboursements : nous compilons alors les factures et nous remboursons les collaborateurs pour son compte », explique Éric Place.
« En général, la presque-totalité des frais est prise en charge par l’entreprise mais certains de nos clients demandent une participation aux collaborateurs pour les impliquer ou fixent des plafonds, ajoute Carla Passarelli, directrice de clientèle chez le fleeter Fatec Group. Ainsi, un de nos clients dédommage les collaborateurs à hauteur de 1 900 euros, ce qui couvre la dépense, sauf cas particuliers. »
Monter le financement
Notons enfin que les loueurs commercialisent des solutions globales. C’est le cas d’ALD Automotive/LeasePlan qui propose une option intégrant le coût de l’installation de la recharge à domicile dans le loyer du véhicule, ou une formule d’abonnement au matériel qui intègre les consommations. « Nous proposons à nos clients une solution complète pour gérer la recharge en entreprise, en itinérance et à domicile, avec un système automatique de remboursement des consommations professionnelles », complète Gilles Bellemere, directeur général d’ALD Automotive/LeasePlan.