
Fin 2018, l’Avere-France (association nationale pour le développement de la mobilité électrique) et le Gireve (groupement pour l’itinérance de la recharge des véhicules électriques) ont publié un baromètre sur l’évolution de l’infrastructure de recharge publique en France. Ce document, désormais mis à jour chaque trimestre, suit le maillage du territoire et le marché du véhicule électrique, les deux étant intimement liés.
Il en ressort qu’à fin novembre 2018, la France comptait 10 060 stations et 24 780 points de recharge publics, en hausse de 24 % par rapport à septembre 2017. Ce sont plus de 5 000 points de charge supplémentaires qui ont...
Fin 2018, l’Avere-France (association nationale pour le développement de la mobilité électrique) et le Gireve (groupement pour l’itinérance de la recharge des véhicules électriques) ont publié un baromètre sur l’évolution de l’infrastructure de recharge publique en France. Ce document, désormais mis à jour chaque trimestre, suit le maillage du territoire et le marché du véhicule électrique, les deux étant intimement liés.
Il en ressort qu’à fin novembre 2018, la France comptait 10 060 stations et 24 780 points de recharge publics, en hausse de 24 % par rapport à septembre 2017. Ce sont plus de 5 000 points de charge supplémentaires qui ont été installés sur le territoire en un an. Et 15 000 depuis 2013 !
L’électrique en pleine croissance
Un développement massif qui accompagne celui du parc électrique, également très dynamique. Les ventes de VP et VUL 100 % électriques légers ont d’ailleurs explosé en 2018 avec un taux de croissance de 110 % selon l’Avere, soit 3 541 VP et 827 VUL immatriculés.
« Le développement de l’infrastructure publique entraîne un accroissement mécanique des ventes de véhicules électriques. Le fait d’être rassuré sur la disponibilité de la charge lève le frein à l’achat de ces modèles », observe Cécile Goubet, secrétaire générale de l’Avere-France.
Avec un parc roulant de 163 179 véhicules électriques à fin décembre (176 618 en comptant les hybrides rechargeables), la France est l’un des pays d’Europe les mieux dotés. Elle offre en moyenne 1 point de charge pour 6,3 véhicules électriques en circulation, alors que l’objectif de la Commission Européenne préconise 1 point de recharge pour 10 véhicules électriques.
Le déploiement des réseaux profite à tous les départements du pays, en milieu urbain et rural. Mais le dernier recensement, réalisé en décembre dernier, fait état d’une disparité selon les régions. Malgré la fermeture du réseau Autolib’ en 2018, soit la suppression de 5 000 bornes, l’Île-de-France demeure en tête avec 3 708 points de recharge (1 pour 11 véhicules). Pas étonnant : cette région réunit plus de 37 % du parc électrifié français. L’Occitanie arrive au deuxième rang avec 3 115 points de recharge (1 pour 4 véhicules), suivie par la Nouvelle-Aquitaine avec 2 926 points (1 pour 5 véhicules).
La croissance conjuguée de l’infrastructure et du nombre des véhicules électrifiés reste largement conditionnée par les aides de l’État. Or celles-ci n’ont jamais été aussi généreuses. Avec le Plan d’Investissement Avenir (PIA) pour la mobilité électrique, le gouvernement a débloqué, via l’Ademe, 50 millions d’euros d’aides pour l’achat et l’installation de points de recharge dans les collectivités locales et territoriales. Ce plan d’aides, qui s’est achevé en juin 2018, a porté ses fruits et devrait produire ses effets jusqu’en 2025, le temps de mener à bien tous les chantiers d’installation.
Actuellement, les collectivités représentent 54 % du parc de bornes publiques, lesquelles sont installées en voirie ou sur les sites publics. Le reste se partage entre les opérateurs privés (24 %) – centres commerciaux et autres parkings – et les entreprises et commerces (22 %).

En France, sur un total d’un peu moins de 25 000 points de charge, la recharge électrique accessible au public se fait majoritairement en mode accéléré. En parallèle, l’accent est mis sur la recharge rapide qui rassure les conducteurs effrayés par le risque de panne sèche.
Les infrastructures privées à la traîne
« Si l’augmentation du nombre de points de charge constitue un signe positif, le maillage du territoire français doit encore se renforcer pour instaurer pleinement les conditions nécessaires au passage à l’électrique, rappelle toutefois Cécile Goubet. Certaines villes n’ont pas encore d’infra-structure et l’accessibilité de la recharge au travail et à domicile reste insuffisante. »
L’équipement dans l’habitat collectif et les entreprises se veut pourtant essentiel. Et pour cause, dans 90 % des cas, les usagers rechargent leur véhicule électrique chez eux ou sur leur lieu de travail, l’infrastructure publique ne couvrant que 10 % des usages. Si l’équipement dans les maisons individuelles ne pose pas de problème, les procédures sont plus compliquées dans les bâtiments collectifs où le droit à la prise est plus difficile à faire valoir et soumis à des règlements de copropriété.
La Plateforme Automobile PFA, dirigée par Luc Chatel, s’est récemment inquiétée de cette situation. Pour l’ancien ministre, « le développement des bornes de recharge ne va pas assez vite et risque de freiner l’émergence de l’électrique ». Et de rappeler que la filière automobile s’est engagée à multiplier par cinq les ventes de modèles électriques d’ici 2022, avec pour condition essentielle le déploiement de 100 000 bornes sur la période, soit quatre fois plus qu’aujourd’hui. Et principalement dans l’habitat privé.

Advenir prolongé jusqu’à fin 2020
Pour relever ce défi, un seul dispositif de financement est proposé : Advenir. Mise en place en septembre 2016, cette prime a été prolongée jusqu’au 31 décembre 2020 avec à la clé une enveloppe de près de 20 millions d’euros. L’objectif : financer 13 700 points de recharge dont plus de 10 000 en milieu privé.
Advenir prend en charge les coûts de fourniture et d’installation de points de recharge à hauteur de 40 % (jusqu’à 1 860 euros avec bonus pilotage énergétique) pour les entreprises et les collectivités publiques, et de 50 % pour le résidentiel collectif (jusqu’à 1 660 euros par personne). De quoi encourager ménages et entreprises à s’équiper. Et la prime s’inscrit en complément du crédit d’impôt de 30 % pour l’acquisition du système de charge pour les particuliers. Un argument qui peut être avancé par les entreprises pour encourager leurs salariés à passer à l’électrique.
Le développement de l’infrastructure pose aussi la question du type de bornes et des modalités de recharge. Il existe de fait plusieurs niveaux de puissance pour faire le plein d’électrons : la charge lente (inférieure à 11 kW), la charge accélérée (entre 11 et 22 kW) et la charge rapide (supérieure à 24 kW). « Il s’agit de mettre en adéquation les puissances de charge avec les usages, tout en tenant compte du coût plus élevé des bornes rapides », rappelle Cécile Goubet.
Quelle recharge électrique pour quel usage ?
En France, la charge accélérée rassemble 16 038 points de recharge, soit 65 % de l’ensemble de l’offre accessible au public. La charge lente, principalement employée dans le domaine privé, occupe 27 % du réseau. Tandis que la charge rapide, que l’on trouve essentiellement au bord des voies rapides, pèse 8 % de l’infrastructure à l’échelle nationale, avec quelque 2 020 points de charge. Ce dernier mode de chargement reste indispensable pour de longues distances. La recharge rapide pallie en effet l’autonomie limitée des véhicules électriques au moyen du « biberonnage », soit la possibilité de faire l’appoint d’électricité en peu de temps (moins de 20 minutes), sans recharger complètement la batterie. L’usager récupère alors suffisamment d’énergie pour poursuivre son trajet sans être immobilisé. Un moyen de prévenir la peur de la panne sèche et de « réassurer » les usagers.
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