Recharge électrique : une stratégie évolutive

Pour les flottes, le choix de la puissance de recharge électrique des bornes en fonction des usages des véhicules demeure primordial, et appelle même à mettre en place une certaine stratégie. « En complément d’une recharge “classique” de 7,4 kVA en AC (courant alternatif), nous avons récemment installé cinq bornes dites “rapides”. Elles peuvent délivrer une puissance sur le papier de 50 kVA en DC (courant continu) pour un seul véhicule. Mais généralement, nous rechargeons deux véhicules simultanément sur ces bornes en 25 kVA en DC », note Amélie Ranaivojaona, responsable RSE et logistique urbaine de DPD France. Spécialiste de la livraison de colis, DPD France s’appuie sur une flotte de 3 000 VU dont 400 véhicules électriques, et sur 730 points de charge en France, répartis dans une quarantaine de sites du groupe.

DPD en charge rapide

Ces bornes rapides ont été positionnées dans les grandes structures tel le site DPD de Gennevilliers (92). « Sur ce site, nous avions mis en place 68 points de recharge de 7,4 kVA en mars 2022. Nous avons ensuite installé des bornes de 50 kVA pour pallier aux potentiels problèmes de disponibilité ou pour les véhicules qui réalisent des doubles tournées et ont besoin de se recharger le midi avant de repartir. Ces bornes servent notamment dans le cas où un chauffeur a oublié de recharger le matin ou lorsqu’une borne est tombée en panne pendant la nuit », poursuit Amélie Ranaivojaona.

DPD France réfléchit déjà à sa prochaine stratégie de recharge électrique. « Nous avons dimensionné une borne pour un véhicule. Chaque véhicule possède donc son point de charge. Mais nous sommes en train de revoir cette stratégie car nous commençons à être limités par la puissance électrique des bâtiments de nos sites. Nous allons donc plutôt nous orienter vers une stratégie de déploiement de deux points de charge pour trois véhicules », anticipe Amélie Ranaivojaona.

Le conseil départemental des Yvelines a opté, quant à lui, pour des bornes standards d’une puissance moyenne de 22 kW. « En général, un véhicule électrique met trois à quatre heures à se recharger complètement sur une borne de 22 kW. Nous avons choisi cette puissance car nous ne pouvions pas nous permettre une recharge trop longue, d’autant qu’il peut y avoir plusieurs utilisateurs dans la même journée. Dès que le véhicule est stationné, il faut le recharger. Normalement, chaque véhicule a une borne dédiée », expose Christine Galland, directrice des moyens généraux. La flotte du conseil départemental des Yvelines compte 530 VP et VUL de service, dont 241 véhicules électriques et 89 hybrides dont 17 rechargeables, en incluant les futures commandes. Pour recharger ces véhicules, 244 bornes sont proposées et 69 s’y ajouteront prochainement.

Parmi les stratégies possibles : mutualiser la recharge électrique…

Mais tout comme pour DPD France, ce dimensionnement d’une borne pour un véhicule devrait changer prochainement. « En fonction de la capacité électrique du site, nous sommes parfois obligés d’abaisser la puissance des bornes. Dans les grands sites, nous avons une répartition de la puissance, c’est-à-dire que les bornes ne fonctionnent pas en 22 kW en permanence. Dans notre outil de supervision, le système de gestion dynamique répartit la puissance disponible entre plusieurs bornes. Ainsi, dès qu’un véhicule a suffisamment rechargé, ce système reporte l’énergie sur une autre borne », explique Christine Galland. Qui poursuit : « Nous avons commencé à la marge à faire de la mutualisation sur des groupes de véhicules électriques afin de sortir du dimensionnement d’un véhicule pour une borne avec un seul point de recharge ».

De son côté, DPD France envisage d’appliquer une rotation sur les bornes du fait de l’accroissement de l’autonomie des véhicules. Sachant qu’en moyenne, les chauffeurs de ce transporteur se rechargent tous les jours ou tous les deux jours, en fonction des véhicules et du kilométrage réalisé.

… et faire tourner les véhicules

« Il y a trois à quatre ans, nous avions des autonomies de maximum 100 km contre désormais 150 à 180 km, ce qui évite de recharger tous les jours, rappelle Amélie Ranaivojaona pour DPD. Sur les tournées purement urbaines, nos chauffeurs parcourent environ 50 km ; cela ne nécessite pas de recharger tous les jours. Mais ceux qui parcourent en mixte (urbain et péri-urbain) plus de 80 km par jour se rechargent quotidiennement. Chaque chauffeur vient brancher son véhicule généralement le soir après sa journée de livraison, et il le récupère le lendemain matin pour partir en tournée », conclut cette responsable.