
Les bornes publiques en voirie ou dans les parkings publics ne suffiront jamais à répondre à tous les besoins des utilisateurs de véhicules électriques. Et pour cause, elles ne recouvrent que 10 % des usages, de quoi offrir une relative réassurance pour les conducteurs en itinérance, guère plus. Dans la majorité des cas, plus de 90 % pour les professionnels, la recharge se fait sur le lieu de travail ou à domicile (en résidence ou dans l’habitat collectif), rappelle l’Avere, l’Association nationale pour le développement de la mobilité électrique. C’est donc la partie immergée de l’iceberg.
D’où la nécessité de développer plus massivement ce...
Les bornes publiques en voirie ou dans les parkings publics ne suffiront jamais à répondre à tous les besoins des utilisateurs de véhicules électriques. Et pour cause, elles ne recouvrent que 10 % des usages, de quoi offrir une relative réassurance pour les conducteurs en itinérance, guère plus. Dans la majorité des cas, plus de 90 % pour les professionnels, la recharge se fait sur le lieu de travail ou à domicile (en résidence ou dans l’habitat collectif), rappelle l’Avere, l’Association nationale pour le développement de la mobilité électrique. C’est donc la partie immergée de l’iceberg.
D’où la nécessité de développer plus massivement ce type d’infrastructures privées pour assurer à tous les usagers l’accès à une borne de recharge au quotidien, un « droit à la prise ». Les entreprises, qui pèsent 50 % des immatriculations de véhicules électriques, ont un rôle majeur à jouer dans cette « course à la borne », car elles sont souvent les plus à mêmes de s’équiper, à condition de disposer de parkings ou de terrains fonciers adaptés à ce type d’installation.
La recharge en progression
Selon l’Avere, il y aurait actuellement plus de 200 000 bornes privatives en France dont la moitié en milieu professionnel. « Mais il est difficile aujourd’hui de connaître leur nombre exact car les entreprises n’ont pas l’obligation de déclarer leurs points de charge, sauf dans le cadre de la prime Advenir », précise Mathieu Chiara, responsable de la communication de l’Avere.
Ces installations devraient en tout cas croître fortement ces prochaines années. Selon une étude réalisée en 2018 par le cabinet Coda pour le compte de l’Ademe et du ministère de la Transition écologique et solidaire, il pourrait y avoir plus de 225 000 points de charge dans les entreprises en 2025 et près de 600 000 en 2030. « Avec l’augmentation du parc de véhicules électriques et hybrides rechargeables, il est très probable que les entreprises voudront installer des bornes sur leurs sites pour attirer certains profils de collaborateurs et dans une logique d’éco-citoyenneté », indiquait le rapport.
Le cabinet Coda soulignait cependant plusieurs problèmes liés aux choix techniques des entreprises, notamment le déploiement de points de charge rapide (22 kWh) et leur accès payant sur une base horaire : « Une formule inadaptée aux pratiques observées en milieu professionnel, selon l’étude, car elle vise à éviter l’occupation d’une borne par un seul véhicule sur une période longue et à privilégier la charge de plusieurs voitures pendant la journée. »
Du bon usage des bornes en entreprise
Or, la plupart du temps, les salariés garent leur voiture le matin et la reprennent le soir, les véhicules restant stationnés plusieurs heures. « Il est préférable d’encourager la recharge normale avec un système de facturation privilégiant le critère de la quantité d’énergie fournie et non celui du temps d’occupation de la borne », concluait le rapport. D’autant que la charge normale (entre 6 et 10 heures) coûte moins cher, soit entre 1,5 et 3 euros selon la voiture et le matériel. De quoi faire des économies sur les coûts d’utilisation et, in fine, sur le TCO.
En offrant ce type de recharge longue durée, l’entreprise encourage ses salariés à passer à l’électrique, à titre personnel ou avec un véhicule de fonction. Le fait de pouvoir recharger sur son lieu de travail le matin apporte une réassurance et peut faire pencher la balance en faveur du véhicule électrique, surtout quand l’autonomie de ce dernier ne suffit pas totalement pour les trajets domicile-travail. Sachant que l’idéal est d’avoir deux solutions de recharge : une à la maison, l’autre au bureau. « Il est primordial d’offrir des recharges sur les lieux de travail : plus de 12 millions de foyers n’ont pas la possibilité de brancher un véhicule électrique à leur domicile », rappelle Mathieu Chiara. Sur les 19 millions de logements individuels que compte le parc immobilier français, 4 millions ne possèdent pas de parking privatif. Et sur les 15 millions d’habitats collectifs, 8 millions en sont dépourvus.
Advenir, le coup de pouce indispensable
Pour accélérer l’électrification des véhicules et le déploiement de bornes en entreprise, les aides publiques sont indispensables. À commencer par la prime Advenir qui couvre 40 % du coût de la fourniture et de l’installation des points de charge dans les entreprises et les entités publiques, et 50 % dans le résidentiel collectif, avec un montant maximal défini selon les types de bénéficiaires.
Pour les entreprises et les personnes publiques dont les bornes sont installées sur des parkings privés, l’aide maximale atteint 1 000 euros par point de recharge, et 360 euros supplémentaires pour un système de recharge intelligent. Mieux, si le parking est ouvert au public, le plafond atteint 1 500 euros et 1 860 euros avec le pilotage de la recharge. Selon l’Avere, la prime Advenir a contribué à financer 5 500 points de recharge destinés aux véhicules de flottes depuis septembre 2016, avec plus de 3 700 projets d’installation en cours. Mais aussi 870 points de recharge accessibles aux visiteurs, avec plus 1 300 projets d’installation en cours.
Dans les entreprises, le coût d’installation d’un point de charge varie entre 3 000 et 15 000 euros selon le matériel choisi et la puissance délivrée (bornes rapides et/ou intelligentes). Chez les particuliers habitant dans des logements individuels, les solutions sont plus simples et moins onéreuses : quelques centaines d’euros pour une prise domestique et jusqu’à 2 000 euros pour une installation plus sophistiquée de type wallbox.
La question des copropriétés
Mais la situation se complique dans les copropriétés. Dans l’habitat collectif, les copropriétaires ont, en théorie, un droit à la prise sur leur emplacement de parking, mais les cas doivent être discutés en assemblée générale – la LOM oblige les parties prenantes à évoquer le sujet avant 2023. La loi fixe en outre des obligations d’équipement et de pré-équipement pour les bâtiments d’habitation disposant d’un parking de plus de dix places. Si un employeur souhaite équiper d’un point de charge le parking d’un salarié habitant en immeuble, propriétaires et syndics de copropriété ne peuvent donc s’y opposer sans motif sérieux et légitime.
« Que ce soit pour les véhicules de fonction ou de service, il est très important de développer les infrastructures de recharge dans les logements collectifs car plus de 50 % des salariés en entreprise habitent en copropriété. Le domicile entre presque toujours dans l’équation du véhicule électrique. À ce titre, l’exclusion des frais d’électricité dans le calcul de l’AEN permet d’inciter les salariés à passer au véhicule électrique. Et pour le gestionnaire de flotte, cela facilite l’adoption par les collaborateurs de ce type de véhicules zéro émission », expose Frédéric Renaudeau, président de Zeplug. Ce spécialiste de la recharge a déjà déployé 25 bornes chez les salariés de Saint-Gobain, 25 chez Coca-Cola (voir le témoignage), dix à la Française des jeux et sept chez Yves Rocher. Autant de clients qui ont décidé de pousser les véhicules électriques auprès de leurs salariés.
Dossier - Recharge électrique : travail ou domicile ?
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