À nouveaux véhicules, nouveaux comportements. Avec l’électrique, plus question de s’arrêter pour faire un plein, sinon sur une borne de recharge rapide : l’alimentation en énergie s’effectue largement au domicile, dans 95 % des cas, selon les spécialistes. Et l’énergie accumulée suffit pour les déplacements quotidiens. « Avec l’électrique, on se branche sur une borne lorsque l’on s’arrête. C’est un comportement que l’on adopte », observe Bernard Guillarme, directeur véhicules électriques France chez Schneider Electric.
Un plein différent avec le véhicule électrique
Un constat que confirme Michel Couture, P-DG de Sodetrel, l’opérateur...
À nouveaux véhicules, nouveaux comportements. Avec l’électrique, plus question de s’arrêter pour faire un plein, sinon sur une borne de recharge rapide : l’alimentation en énergie s’effectue largement au domicile, dans 95 % des cas, selon les spécialistes. Et l’énergie accumulée suffit pour les déplacements quotidiens. « Avec l’électrique, on se branche sur une borne lorsque l’on s’arrête. C’est un comportement que l’on adopte », observe Bernard Guillarme, directeur véhicules électriques France chez Schneider Electric.
Un plein différent avec le véhicule électrique
Un constat que confirme Michel Couture, P-DG de Sodetrel, l’opérateur d’infrastructures filiale d’EDF : « C’est plutôt pendant les temps d’arrêt que l’on recharge. Il faut donc installer des points de charge là où le véhicule stationne habituellement : lieu de travail, domicile, restaurant, zone d’activité, cinéma, etc. » L’arrêt sur un parking de bureau, de supermarché ou de centre-ville, offre ainsi l’occasion de recharger. Un « réflexe » qui rassure le conducteur sur l’autonomie et inciterait les possesseurs de modèles thermiques à franchir le pas de l’électrique.
C’était en tout cas l’argument mis en avant par la Commission européenne pour justifier en janvier 2013 son plan de développement de la recharge électrique : « C’est un cercle vicieux, expliquait un communiqué de presse : les stations de recharge ne sont pas créées parce qu’il n’y a pas assez de véhicules. Les véhicules ne sont pas vendus à des prix assez compétitifs parce qu’il n’y a pas assez de demande. Les consommateurs n’achètent pas les véhicules parce qu’ils sont trop chers et qu’il n’y a pas assez de stations de recharge. »
Début 2013, la Commission a donc élaboré un plan de développement des points de charge pour les véhicules propres : le « Clean Power for Transport Package ». Approuvé en avril dernier par le Parlement européen, ce projet a été détaillé mi-septembre dans une directive qui vise toutes les énergies alternatives, directive publiée le 28 octobre dans le Journal officiel de l’Union européenne.
Une normalisation européenne pour l’électrique
Pour l’électrique, la Commission européenne a établi les objectifs à un point de charge pour dix véhicules « idéalement ». Avec ce ratio, tous les véhicules électriques devraient pouvoir circuler dans toutes les agglomérations urbaines et suburbaines, et à travers l’Europe. Pour cette raison, la directive prévoit un standard commun de prise pour alimenter les modèles. Après une longue période de flou sur cette question, ont finalement emporté la mise les standards de prise type 2 pour la recharge normale et de type Combo 2 pour la recharge rapide.
Mais ces standards ne se veulent pas restrictifs : « Une interface de recharge pourrait comprendre plusieurs socles de prises de courant ou connecteurs pour véhicules, dès lors que l’un d’eux satisfait aux spécifications techniques énoncées dans la présente directive, afin de pouvoir accueillir des véhicules dont les dispositifs de recharge répondent à différentes normes », indique la directive. Selon les spécialistes, cette question des standards n’a d’ailleurs pas constitué un obstacle : « La question des prises n’est plus un souci et n’en a jamais vraiment été un. Les prises installées sont de toute manière multi-standards », conclut Michel Couture pour Sodetrel.
L’ensemble de ces dispositions européennes trouvent leur relais dans la loi française. Dernière en date, la loi du 4 août 2014 autorise un opérateur national à implanter des infrastructures de charge sur le domaine public d’une collectivité locale sans être soumis à une redevance d’occupation.
Des aides pour financer les bornes de recharge
Pour bénéficier de cette exonération, le projet doit notamment être considéré comme de dimension nationale : il doit concerner au moins deux régions et la répartition des bornes doit conduire à un aménagement équilibré du territoire. À noter que l’objectif de 16 000 bornes à l’horizon 2016 était mis en avant lors de la promulgation de la loi.
Cette mesure complète l’Appel à manifestation d’intérêt (AMI) sur les bornes de recharge lancé en janvier 2013, dans le cadre du Programme d’investissement d’avenir du gouvernement Ayrault. Avec ce dispositif, les collectivités accèdent à une aide au financement pour l’installation de bornes de recharge normale ou accélérée. Le soutien de l’État se monte à 50 % du coût d’investissement, incluant aussi bien les coûts du matériel, de génie civil, d’ingénierie que le raccordement au réseau du distributeur d’électricité.
Plus largement, ce dispositif avance une aide pour les infra-structures de recharge rapide installées dans des stations-service, avec à la clé un financement de l’État à hauteur de 30 % du coût d’investissement. Pour en profiter, les infrastructures doivent être installées dans une proportion d’un point de charge pour 3 000 habitants, les coûts de travaux doivent être supérieurs ou égaux à 200 000 euros. Cet AMI sera clos fin 2015 et couvre des projets à réaliser avant fin 2017.
Reste que si les bornes sur l’espace public ont leur importance, elles sont aussi indispensables dans les espaces privés. Et si les particuliers qui possèdent une habitation individuelle peuvent sans problème installer une prise, l’équipement des habitats collectifs demande un encadrement légal.
Dans la directive parue au Journal officiel de l’Union européenne fin octobre, sont fixés les objectifs d’implantation de recharge électrique mais aussi en GNL, GNV et hydrogène. Pour le GNL, la directive prévoit « à titre indicatif » l’implantation d’un point d’approvisionnement « au moins » tous les 400 km sur le réseau transeuropéen de transport (RTE-T) d’ici 2025. Pour le GNC ou GNV, ceux-ci doivent être disponibles tous les 150 km, et 400 km sur le réseau RTE-T d’ici 2025. Enfin pour l’hydrogène, la directive se fait moins précise, indiquant que ces points doivent être en « nombre suffisant » d’ici 2025 et répondre à des normes communes dans les États membres qui optent pour ce carburant.
Les immeubles doivent s’équiper en recharge
C’est l’objet de la loi Grenelle 2 qui prévoyait dès 2010 que « toute personne qui construit un ensemble d’habitations équipé de places de stationnement individuelles couvertes ou d’accès sécurisé, le dote des gaines techniques, câblages et dispositifs de sécurité nécessaires à l’alimentation d’une prise de recharge pour véhicule électrique ou hybride rechargeable et permettant un comptage individuel. » Un décret du 25 juillet 2011 a fixé à 10 % le nombre de places de parking de nouveaux logements collectifs ou immeubles de bureaux à « pré-équiper ». Ces places doivent donc se doter de fourreaux et de câbles reliés à un tableau général basse tension. L’installation de la prise ou d’une borne de recharge reste à la charge de l’usager.
Cette obligation doit se généraliser à partir du 1er janvier 2015 aux immeubles de bureaux déjà existants. Du côté des immeubles d’habitation, les habitants ont un « droit à la prise » calqué sur le droit à l’antenne. Le copropriétaire ou locataire peut demander au syndic la possibilité d’installer une prise pour son véhicule. Celui-ci a six mois pour apporter une réponse. Au bout de ce délai, le tribunal d’instance peut être saisi.
Des mesures en attente d’application
Pour Sodetrel, Michel Couture voit positivement cette obligation : « Elle va apporter la création de dizaines de milliers d’équipements supplémentaires. Au-delà de l’opportunité commerciale que cela représente pour les opérateurs d’infrastructures tels que Sodetrel, cette décision reste une avancée majeure en faveur du développement de la mobilité électrique. » Avec cependant un bémol : « Pour l’équipement des parkings privés, la question de l’application effective des différentes mesures prises par le gouvernement se pose. En effet, très peu de gestionnaires ou de propriétaires d’immeubles sont au courant du décret », pointe Michel Couture.
Car pour les espaces publics comme pour les parkings privés, l’efficacité des dispositions reste soumise à un seul impératif : qu’elles soient appliquées ! Rendez-vous dans un an.
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