Lorsqu’il est question d’entretien, la fonction publique pèse le pour et le contre. Dans le combat apparent qui oppose la régie à l’externalisation, difficile de dire qui l’emporte, même si une majorité semble vouloir conserver ses garages intégrés. Non sans avoir recours, ici et là, à la sous-traitance, témoignant ainsi d’un sens aigu des réalités.
par La Rédaction -
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Les contraintes imposées par l’État, autant que la réalité économique, ne cessent de renvoyer la fonction publique à une question difficile : faut-il oui ou non externaliser l’entretien des flottes ? La révision générale des politiques publiques (RGPP) incite, voire oblige les acteurs de la sphère publique à gérer l’entretien de leurs flottes au plus près, mais cela ne signifie pas forcément l’externalisation. Car depuis qu’elles se posent cette question, les différentes composantes de l’administration nationale et locale y apportent des réponses sensiblement divergentes.
De nombreuses entités publiques défendent âprement les garages intégrés,...
Les contraintes imposées par l’État, autant que la réalité économique, ne cessent de renvoyer la fonction publique à une question difficile : faut-il oui ou non externaliser l’entretien des flottes ? La révision générale des politiques publiques (RGPP) incite, voire oblige les acteurs de la sphère publique à gérer l’entretien de leurs flottes au plus près, mais cela ne signifie pas forcément l’externalisation. Car depuis qu’elles se posent cette question, les différentes composantes de l’administration nationale et locale y apportent des réponses sensiblement divergentes.
De nombreuses entités publiques défendent âprement les garages intégrés, surtout quand ils sont importants, et font valoir un vrai savoir-faire. Un certain nombre de voix se font néanmoins entendre pour une externalisation, non par volonté de réduire les coûts ou d’être plus efficaces, mais plutôt par volonté politique. « Est-ce le métier de la mairie d’une commune d’environ 27 000 habitants de gérer un parc automobile et un garage ? », interroge Yvon Bultel, adjoint au maire de Béthune, dans le Pas-de-Calais. Pour lui, la réponse est négative, rejoint en cela par Pascal Gradassi, directeur commercial de Point S : « Externaliser n’est pas forcément une question de coût ou de compétences techniques, mais bien plutôt une question de volonté politique. »
Les garages intégrés sont moins chers… en théorie
PASCAL VANBEVERSLUYS, directeur du marché fleet services de GE Capital
Pour l’externalisation, les prestataires ont bien sûr des arguments : « Nous pouvons apporter bien des outils d’optimisation, comme par exemple la possibilité de benchmarker les coûts des garages intégrés, car après tout, les différents ministères ne connaissent que leurs propres coûts », souligne Pascal Vanbeversluys, directeur du marché fleet services de GE Capital. Un prestataire qui gère notamment la flotte du ministère de la défense.
Pour Bernard Roland, directeur de la société d’études BR Consultants, l’affaire est entendue, les garages intégrés sont moins chers… sur le papier. « La main-d’œuvre utilisée est hors TVA, les pièces détachés bénéficient de meilleures remises auprès des concessionnaires et des grossistes, il n’y a pas photo ». Sauf que, se hâte-t-il d’ajouter, « les petits garages sont condamnés à terme du fait de la sophistication croissante des véhicules. Et les plus grands, dans les faits, rencontrent parfois de tels problèmes de gestion qu’en réalité, dans certains cas, l’externalisation revient moins cher ». C’est sans doute sur ce point que la question posée mérite d’être reformulée : comment optimiser l’entretien de sa flotte ?
Pour un certain nombre de collectivités locales et territoriales, la réponse est dans la rationalisation des garages intégrés, pas dans leur suppression. « Le maintien d’un garage est souhaitable à condition d’avoir une structure de proximité qui assure la continuité du service », avance Paul Payan, gestionnaire de flotte au conseil général des Bouches-du-Rhône. « Certes, quand on externalise, le prestataire traite son client le mieux possible, mais cela reste lourd, avec des procédures… Et puis, nous travaillons à prix coûtant, alors que les prestataires ont besoin de réaliser des marges ».
L’externalisation comme levier de réduction des coûts
Ce dernier argument ne convainc pas les loueurs. « Il n’est pas certain que les études comparatives réalisées par les collectivités intègrent tous les éléments nécessaires, comme l’amortissement des bâtiments ou encore le coût des assurances, précise Wilfrid Kopmels, directeur général adjoint de Dexia LLD. Et par ailleurs, l’entretien est le poste sur lequel les économies peuvent être les plus fortes dans la location longue durée, jusqu’à 30 à 40 % alors que nous garantisson une économie de 15 à 20 % en moyenne pour l’ensemble des prestations » (voir aussi page xx).
La rationalisation, c’est se donner les moyens de faire des économies là où c’est possible tout en assurant le service attendu par la collectivité. Pour Yvon Bultel, de Béthune, la réponse a été de confier l’entretien de la flotte à Dexia LLD. « Seul un petit atelier de deux personnes a été maintenu pour l’entretien de base, comme le lavage pour notre flotte qui comprend près de 90 véhicules, partagés à parts à peu près égales entre véhicules légers et véhicules de service ». Une externalisation qui a permis d’économiser 115 000 euros la première année, en 2008. Autre avantage : l’usage de véhicules plus récents. « C’est mieux pour l’image de marque de la mairie et cela incite les utilisateurs à être plus précautionneux ».
L’âge du véhicule est un critère souvent avancé, aussi bien par les gestionnaires de flottes dans les collectivités que par les prestataires. Les « vieux » véhicules sont plus difficiles à entretenir – certaines pièces détachées sont parfois très difficiles à trouver –, plus coûteux, et de surcroît n’ont plus aucune valeur sur le marché. Si bien que les collectivités ont tendance à les user jusqu’à la corde. « C’est un peu la quadrature du cercle », note Wilfrid Kopmels. Mais cela n’empêche pas les collectivités qui maintiennent la régie de chercher à réduire cet âge moyen, notamment en lissant un peu mieux l’usage de ces véhicules.
Améliorer l’utilisation des véhicules en interne
« Nous avons parfois constaté d’énormes écarts d’utilisation, allant de 1 000 à 60 000 km par an, ce qui incite à avoir des lois de roulage plus équilibrées », remarque Pascal Vanbeversluys, de GE Capital. Ou à centraliser la gestion des véhicules sous la forme de « pools » comme l’a fait Yvon Bultel à Béthune, mais aussi Alain Labrosse pour la communauté urbaine de Lyon, qui lui n’a pas externalisé la gestion de l’entretien.
Car l’optimisation est aussi liée à un dosage entre régie et sous-traitance, à l’image du conseil général des Bouches-du-Rhône. « Nous n’avons pas d’atelier de carrosserie et une partie de la maintenance devient si technique que nous n’arrivons plus à suivre », explique Paul Payan qui gère un parc de près de 500 véhicules, dont 330 VP, 110 VU et le reste en matériels d’entretien spécifiques. Non que le conseil général ne soit pas en mesure d’acquérir les compétences techniques nécessaires, mais les procédures de formation sont telles qu’investir reviendrait trop cher. D’où l’intérêt d’externaliser à bon escient, tout en conservant des compétences en interne.
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