Le cas de figure est connu… et appréhendé : alors qu’un PV de restitution en concession laisse apparaître peu de frais de remise en état, le constat effectué peu après par l’expert sur le véhicule signale de nouveaux dommages. Comment s’explique cette différence ? Le véhicule a-t-il été dégradé lors de son transfert vers le dépôt du loueur où a été effectuée l’expertise ? La rédaction du procès-verbal en concession a-t-elle été négligée ?
Plusieurs raisons peuvent expliquer ces différences à en croire Pascal Pilleyre, directeur commercial de Fatec. Afin d’éviter toute déconvenue à ses clients, ce fleeteur leur demande systématiquement de lui fournir le procès-verbal de la restitution et le compte rendu de l’expertise pour en vérifier la cohérence.
Comparer PV et compte rendu
« Quand nous pointons des différences entre le procès-verbal réalisé lors de la remise du véhicule et le compte rendu des expertises, nous nous interrogeons sur les raisons. Il peut y en avoir de bonnes ou il peut très bien ne pas y en avoir, note Pascal Pilleyre. Dernièrement, sur une quarantaine de restitutions, j’ai découvert que les véhicules avaient parcouru 300 km entre la restitution et l’expertise. » Un trajet supplémentaire non justifié, susceptible de causer des dégradations et bien sûr de gonfler la note pour l’entreprise, sans qu’elle en soit responsable.
Mais les dégradations après la restitution ne sont pas les seules causes d’augmentation injustifiée des factures. Et Pascal Pilleyre d’évoquer plusieurs cas : « Des pare-brise facturés intégralement alors que l’impact n’est pas dans le champ de vision et qu’ils sont réparables, des pneus dont le niveau de gomme est mesuré en posant l’étalon sur le témoin d’usure ou sur l’épaule du pneu, etc. » Autant d’abus qui ne manqueront pas de renforcer, si besoin était, l’appréhension des responsables de flotte vis-à-vis de cette dernière étape de la vie des véhicules.
Dans 50 % des restitutions, Fatec constate que la facture de l’expert va au-delà de ce qui devrait être normalement facturé. « Notre métier est de vérifier pour nos clients que les procès-verbaux réalisés en concession et les expertises menées ensuite correspondent bien, mais aussi que les frais facturés pour les dommages constatés tiennent compte des accords sur les grilles de vétusté et des remises accordées pour les frais de remise en état », expose Pascal Pilleyre.
Des devis à valider
« Lorsque nous recevons des devis pour des frais de remise en état, nous les faisons vérifier par nos services. Les travaux du carrossier ne peuvent débuter qu’après validation », rappelle Pascal Pilleyre. En moyenne, Fatec rejette 18 % des factures qui lui sont communiquées. Ce sont des erreurs de protocole : les carrossiers se trompent sur la remise négociée sur les travaux, sur le nombre d’heures de main-d’œuvre nécessaires pour effectuer les travaux ou bien sur les prix des pièces. « Une fois les devis validés et les travaux réalisés, nous refacturons à l’euro l’euro les frais à nos clients. Pour eux, ce système permet de bénéficier d’un large réseau de carrossiers sur l’ensemble du territoire : grâce à nos tarifs négociés, ils n’ont pas besoin d’avoir recours systématiquement à leurs assureurs », argumente Pascal Pilleyre.
Vérifier point par point
Pour ce dernier, il existe de nombreuses disparités entre les différents experts qui n’ont pas tous la même appréciation des dommages. « Avec les factures des loueurs, nous nous assurons que la grille de vétusté et la franchise négociées au préalable sont bien appliquées. Nous retrouvons parfois des erreurs : le loueur a oublié d’appliquer le montant de la franchise ou bien il n’a pas appliqué le bon taux de vétusté qui passe de 25 à 15 % seulement. C’est un travail de fourmi mais cela fait baisser la facture de remise en état. Avec trois clients récemment, nous étions en moyenne à 300 euros d’économies potentielles. Mais dans 50 % des cas, le travail est bien effectué », explique ce responsable.
Fatec fournit un rapport détaillé à son client avec ce qui est chiffré et ce qui aurait dû l’être : en fonction des prix constructeurs pour les pièces, des temps de main-d’œuvre et des taux horaires qui auraient dû être pratiqués. « Nous indiquons au client ce que nous contestons sur les factures qui nous sont adressées. C’est ensuite à lui de discuter avec son loueur sur cette base. Certains loueurs acceptent de revoir les factures, d’autres n’en acceptent qu’une partie et d’autres enfin refusent toute modification. C’est au client de juger s’il veut continuer à travailler avec son loueur ou pas. Mais une bonne partie des loueurs acceptent de revoir leur copie », conclut Pascal Pilleyre.