
Pour une enseigne de réparation automobile, être vert, c’est d’abord une obligation. Parce que réputé plus pollueur que beaucoup d’autres, le secteur de l’automobile est l’un des plus réglementés. La gestion des déchets y est contraignante, avec des obligations de traçabilité, pas forcément faciles à assurer pour les enseignes de la réparation, surtout les plus petites. Mais c’est aussi le secteur qui s’est sans doute le mieux préparé à organiser ces processus parfois complexes de récupération de nombreux déchets pour, soit les recycler, soit les détruire dans des conditions les plus favorables ou les moins dommageables pour l’environnement.
Les déchets au coeur de la profession
C’est en tout cas le constat du Conseil national des professions de l’automobile (CNPA) où l’on rappelle que le premier plan vert a été lancé en 1982. Depuis 2002, l’organisme professionnel assure, dans le cadre du « Défi pour l’Environnement », un suivi de la gestion des déchets filière par filière (il y en a 28) et département par département, en association avec l’Ademe, les constructeurs automobiles ou encore les collecteurs de déchets.
L’organisme travaille main dans la main avec les chambres des métiers. En témoigne le programme « Recup’R » qui, en organisant la gestion des déchets avec les opérateurs, permet d’avoir des tarifs intéressants pour les enseignes de réparation.
Un système national de traçabilité
Autre aspect important de la réglementation, assurer la traçabilité de produits jugés dangereux – une traçabilité elle aussi très organisée afin de ne pas faire peser cette obligation sur les enseignes de réparation. Ainsi, le CNPA a-t-il créé l’Observatoire national des déchets de l’automobile afin de bâtir un système national de traçabilité. L’ONDA travaille avec les constructeurs, les collecteurs de déchets et la société Autoeco SAS qui établit des statistiques de collecte. Auto eco se trouve au coeur du système : elle engrange toutes les informations des fournisseurs relatives à la collecte de données, ce qui décharge les enseignes de cette tâche complexe.« La collecte et la traçabilité des déchets ont beaucoup progressé ces dernières années, notamment sous l’impulsion du Grenelle de l’environnement qui a conduit de nombreuses marques à s’intéresser à ces statistiques, analyse Olivier Fort, directeur général d’Autoeco. Mais il y a encore beaucoup à faire. A l’heure où les constructeurs vont commercialiser de plus en plus de voitures propres, le regard de la clientèle va changer sur ces questions environnementales. » L’organisation de la collecte peut donc avoir un impact commercial, ne serait-ce qu’en donnant la possibilité aux enseignes de la réparation de récupérer les déchets de leurs clients.
Des offres vertes pour les clients
Parallèlement à leurs obligations, des enseignes se lancent dans des processus consistant à mieux intégrer les impératifs de respect de l’environnement dans leur fonctionnement. Ces processus dépendent bien évidemment de leur taille, de leur culture, de leurs objectifs. Certaines valorisent ces impératifs dans leur philosophie commerciale. Pour Carglass, la réparation d’impact sur le verre est un service apporté à ses clients, mais il réduit aussi sensiblement les déchets : « Cela évite de remplacer les pare-brises et peut économiser jusqu’à 7 000 tonnes de déchets de verre par an, affirme Jacques de Villeplée, responsable du département grands comptes entreprises. Cela diminue aussi les émissions de CO2 en nécessitant moins de transport », ajoute-t-il.
D’autres établissent des modèles de développement « verts » pour leurs centres, comme le spécialiste du contrôle technique Dekra qui a créé un véritable label, « faute d’en trouver un ailleurs », précise Nicolas Bouvier, directeur du réseau. D’autres, enfin, travaillent dans leur coin, comme Fleurantin SA qui a entrepris d’économiser de l’énergie, de récupérer les eaux de pluie et de construire des bâtiments selon les nouvelles normes environnementales. Pour ces actions, Didier Fleurantin, président du carrossier lorrain, souligne l’aide active de Volkswagen qui a beaucoup poussé en ce sens.
Ce qui relie pourtant ces trajectoires très différentes reste la recherche systématique de méthode. La méthode, Norauto connaît d’emblée puisque l’enseigne a choisi de certifier la majorité de ses centres selon ISO 14001, la principale norme environnementale existante. Avec plus de 80 % de ses centres aujourd’hui certifiés, Norauto se revendique comme la première enseigne de réparation automobile à bénéficier une telle certification sur la majorité de ses sites. « Cela nous a permis de renforcer nos bonnes pratiques environnementales. Nous avions déjà mis en place la gestion des déchets, nous avons poursuivi avec celle des eaux usées et des ressources en énergie, ainsi qu’avec de nouveaux critères de construction », explique Véronique Henry, chargée de mission environnement chez Norauto France.
Les émissions d’une petite ville
La méthode, cela passe par un bilan carbone, que l’on soit certifié ISO 14001 ou pas. Norauto l’a mené, bien sûr, et a constaté que les émissions de CO2 de l’ensemble de ses centres étaient équivalentes à celles d’une ville de 18 000 habitants. Tout comme Carglass qui attend les conclusions d’un bilan mené récemment. Une manière d’anticiper l’obligation prochaine qui incombera, à partir de 2011, à toutes les entreprises de plus de 500 salariés exerçant leur activité dans un secteur fortement émetteur.
La méthode, c’est ce que Dekra propose à ses centres, pour bien bâtir vert en quelque sorte. Un simulateur sur extranet aide à vérifier les économies d’énergie susceptibles d’être réalisées en choisissant diverses options de construction (isolation, chauffage, toiture, mobilier, peinture, etc.). Cela permet de savoir où l’on se situe, de viser des objectifs clairs et enfin, de mettre en place les mesures adéquates.
De son côté, Norauto a eu recours au transport fluvial pour une partie de sa logistique. Parmi les mesures à prendre, beaucoup réfléchissent également à s’équiper de véhicules ou de produits plus respectueux de l’environnement. Carglass dispose de Ford Fiesta qui émettent moins de 100 g de CO2/km, et bientôt de Prius. « Mais il n’existe pas encore de poids lourds qui répondent aux normes environnementales », regrette Jacques de Villeplée.
Des offres de lavage Ecologique
Pour l’instant, le seul domaine où l’offre « verte » commence à être conséquente est celui des produits de nettoyage. Qu’ils soient à l’usage des enseignes ou de leurs clients, ces produits économisent l’eau de façon parfois très importante. Ainsi, Würth, spécialiste des produits de fixation pour, entre autres, la réparation automobile, commercialise une fontaine de dégraissage bio pour nettoyer les pièces utilisées, sans solvants chimiques, et des pastilles lave-glace écologiques et sans phosphates.
Nestor Wash, pour sa part, offre une prestation effectuée directement sur le site du client à partir d’une technique basée sur l’usage de vapeur sèche, « avec un seul litre d’eau contre 200 pour un nettoyage traditionnel », avance David Allouch, son président. Autre avantage, économique celui-là, « une rotation plus rapide des stocks grâce au temps de lavage réduit ». Autre prestataire, la société Ecolave offre un entretien sur place avec des nettoyants à base de microfibre sur les flottes des entreprises, ou bien des produits d’entretien à destination du réseau de réparation.
Encadrer et former en interne
La réussite d’un projet environnemental repose en grande partie sur son appropriation par les salariés de l’entreprise. Formation et motivation sont donc indispensables et pour Norauto, les procédures impliquées par la certification ISO 14001 constituent en elles-mêmes des outils de formation. « Elles ont l’avantage de rassembler les personnels des magasins et des ateliers qui sont chacun dans leurs univers particuliers et cela sur un sujet fédérateur », illustre Véronique Henry, pour Norauto France.
Chez Carglass, où un département développement durable a été créé, des « ambassadeurs » vont être nommés pour relayer les idées. « Beaucoup d’idées viennent du terrain », estime ainsi Laurent Jolivet, responsable de la gestion de parcs automobiles. Pour Dekra, Nicolas Bouvier ne dit pas le contraire : « Les pilotes au sein du réseau permettent de progresser, notamment grâce aux propositions qui nous ont été faites »
Réparation automobile : Entre contrainte et recherche de modèle
- Réparation automobile : Entre contrainte et recherche de modèle
- Gérer les déchets coûte cher