
Ce n’est pas nouveau : le risque routier s’impose comme la première cause d’accidents mortels au travail. En 2009, pas moins de 19 465 accidents sont survenus sur la route dans le cadre du travail et près de 58 000 sont arrivés sur le trajet domicile-bureau. Le bilan de l’Observatoire interministériel de la sécurité routière indique que près de 14 % de la mortalité routière se classe dans les accidents du travail. De fait, la route est responsable d’un décès sur deux au travail.
« En 2010, au niveau global, le bilan des accidents routiers marque un progrès de l’ordre de 6,5 % », constate l’Observatoire. Ce résultat positif l’est d’autant plus pour les deux-roues qui ont marqué une amélioration de 15 %. « Toutefois, reprend l’Observatoire, la mauvaise nouvelle est à mettre sur le compte des poids lourds. Le nombre des victimes, sur ce segment, s’est accru en un an de 15 % ».
Pour les entreprises, l’enjeu demeure de taille. À l’heure d’un développement durable omniprésent, et donc de la prise en compte accélérée des problématiques environnementales et du salarié en tant qu’individu, pas question de ne pas agir afin de minimiser ces risques. En première ligne : le VUL. Mal connu et pourtant en pleine expansion, ce segment fait l’objet de toutes les attentions. Le loueur de longue durée LeasePlan s’est ainsi penché sur la question et forme, depuis la fin de 2010, ses équipes commerciales afin de les doter d’une expertise sur le sujet.
Philippe Brendel,
directeur de l’Observatoire du véhicule d’entreprise
S’attaquer d’abord aux utilitaires
« L’idée est de pouvoir apporter une réelle connaissance aux entreprises, en jouant un rôle de conseil auprès d’elles, notamment en termes de sécurité », explique Raphaël Almerge, responsable marketing et communication chez LeasePlan. Et de souligner « l’importance du VUL, dont le parc a plus que doublé en vingt ans, et dont le kilométrage moyen est de 6 % supérieur aux véhicules particuliers. Le VUL représente à lui seul la moitié des accidents mortels au travail ».
Pas étonnant, dès lors, que le Conseil national des professions de l’automobile (CNPA) se soit activé en lançant le 1er janvier dernier une opération de prévention du risque routier en entreprise. Laquelle offre aux entreprises de faire contrôler gratuitement leurs véhicules. S’il ne se substitue pas au contrôle technique, ce dispositif permet, grâce aux partenariats avec Michelin, Sevia, la Sécurité routière et l’Assurance maladie, de contrôler trois aspects : les pneumatiques, la visibilité, ainsi que l’éclairage et la signalisation.
Cet accent mis sur l’entretien et le contrôle du VUL n’est pas une surprise : « Le bilan du contrôle technique révèle une situation alarmante pour ces véhicules, assure le CNPA, qui ajoute qu’en 2009, le taux de contre-visites a atteint 25,6 % ». Du coup, « il devient nécessaire de profiter de cette opération de sensibilisation pour insister sur la bonne évaluation du risque routier : évaluer l’importance du déplacement, repérer les salariés les plus exposés, etc. Pour l’entreprise, cela signifie qu’il convient bel et bien de considérer le risque routier comme un risque professionnel. À l’employeur de se servir de ce constat comme point de départ d’un plan de prévention », insiste le CNPA.
Raphaël Almerge,
responsable marketing et communication chez LeasePlan
L’éco-conduite, démarche préventive
La prévention s’impose ainsi comme levier majeur de progrès en matière de sécurité routière. L’essor de l’éco-conduite depuis quelques années n’est pas étonnant. D’abord impulsés par les loueurs de longue durée, ces stages théoriques ou pratiques (souvent les deux) émanent désormais de différents acteurs, comme les assureurs. « Les effets de l’éco-conduite sont bien entendu mesurables en consommation de carburant et en émissions de CO2, mais pas uniquement, note Steven Blanchard, responsable des marchés grands comptes chez LeasePlan. L’approche comportementale reste un aspect phare de la démarche ».
Il faut dire que l’accident routier d’un collaborateur, en plus de faire perdre à l’entreprise des heures de travail, lui coûte aussi les frais de réparation des véhicules. « En appliquant les bons réflexes basés sur l’anticipation de la route, le conducteur réduit ses risques d’accident de 40 %, c’est considérable, reprend Steven Blanchard. Lors de nos stages, en partenariat avec l’Automobile Club Prévention, nous équipons les véhicules d’enregistreurs de données qui permettent au formateur, chiffres et graphiques à l’appui, d’expliquer au stagiaire ses erreurs et les pistes d’amélioration de sa conduite ». Bien entendu, la formation ne doit pas s’arrêter là. « Il est important que chaque responsable forme ses collaborateurs à l’importance des différents aspects de son véhicule : le pneumatique, par exemple, est un grand oublié alors qu’il constitue l’une des sources les plus importantes d’accidents », s’étonne Rodolphe Noulin, de Speedy Fleet, auteur d’un baromètre annuel sur le sujet.
Mieux équiper les véhicules
Passé le chapitre de la prévention, l’entreprise soucieuse de réduire les risques d’accidents doit également porter une attention spécifique au choix de ses véhicules et aux équipements de sécurité. Et c’est d’autant plus vrai pour les VUL, moins équipés que les véhicules particuliers. « Pour la voiture privée, la sécurité est un chapitre majeur. Pour la voiture professionnelle, beaucoup moins. Mais la tendance évolue peu à peu », constate Philippe Brendel, directeur de l’Observatoire du véhicule d’entreprise.
Les systèmes électroniques d’aide à la conduite, tels que l’ABS ou l’ESP, ou encore les divers avertisseurs (pression des pneus, etc.) sont du coup toujours plus présents dans les VUL. Mais ce ne sont pas les seuls aspects auxquels il faut être attentif. Les fourgonnettes, destinées à transporter du matériel, doivent faire l’objet d’un aménagement spécifique : mal attachés, les objets transportés peuvent constituer des projectiles mortels en cas de choc. Aussi convient-il de prévoir des cloisons de séparation afin de protéger l’habitacle. Les demi-cloisons se font de plus en plus populaires, mais les cloisons complètes restent trop rares. Certains VUL sont même totalement dépourvus de la moindre séparation, une absence d’équipement à proscrire absolument.
Les 5 points-clés de la sécurité routière
01 – Prévenir le risque routier et pratiquer l’éco-conduite
02 – Aménager les véhicules avec des équipements de sécurité
03 – Faire le choix des bons véhicules en amont
04 – Travailler sur les véhicules utilitaires
05 – Développer la géolocalisation
Risques routiers - La prévention, clé de la sécurité routière
- Risques routiers – La prévention, clé de la sécurité routière
- 3 questions à Emmanuel Renard, directeur de l’éducation et de la formation à la Prévention Routière