
À travers les actions de son syndicat départemental d’énergie et d’équipement, le Sydev, la Vendée multiplie les initiatives en faveur de la production des énergies renouvelables et de leur utilisation, notamment pour la mobilité. En première ligne des évolutions, La Roche-sur-Yon, préfecture du département, souhaite se montrer exemplaire.
Dès 2010, La Roche-sur-Yon a mené un premier travail sur sa flotte. « Nous avons mutualisé les parcs de la ville et de l’agglomération avec la création de pools, ce qui nous a amenés à supprimer une trentaine de véhicules », relate Claudie Tricoire, chargée de mission développement durable et Agenda 21. La...
À travers les actions de son syndicat départemental d’énergie et d’équipement, le Sydev, la Vendée multiplie les initiatives en faveur de la production des énergies renouvelables et de leur utilisation, notamment pour la mobilité. En première ligne des évolutions, La Roche-sur-Yon, préfecture du département, souhaite se montrer exemplaire.
Dès 2010, La Roche-sur-Yon a mené un premier travail sur sa flotte. « Nous avons mutualisé les parcs de la ville et de l’agglomération avec la création de pools, ce qui nous a amenés à supprimer une trentaine de véhicules », relate Claudie Tricoire, chargée de mission développement durable et Agenda 21. La collectivité s’appuie maintenant sur quatre pools regroupant une cinquantaine de véhicules, principalement des VP mais aussi quelques utilitaires ateliers. La réservation s’effectue sur un logiciel spécifique et chaque site s’équipe d’une boîte à clés électronique.
« À long terme, nous allons aussi rationaliser le nombre de nos sites afin de n’avoir plus que quatre grands pôles pour limiter les trajets. Nous avons déjà commencé à regrouper quelques services en centre-ville », indique Anne Aubin-
Sicard. Anne Aubin-Sicard est la première adjointe de la ville de La Roche-sur-Yon, en charge du développement durable et de la transition énergétique. Elle est aussi vice-présidente de la commission « transport – mobilité – déplacement durable » pour l’Agglomération de La Roche-sur-Yon.
Mobili’Pro pour mieux connaître son parc
Cette rationalisation s’est poursuivie de 2010 à aujourd’hui. « Nos déplacements professionnels ont pour particularité d’être principalement de petits trajets, limités au périmètre de la ville et de l’agglo. Nos véhicules ont donc des kilométrages annuels assez faibles : en moyenne 4 580 km par an pour les VP et 7 200 km par an pour les VUL. Si bien que nous essayons de limiter le nombre de véhicules », explique Claudie Tricoire.

Il y a deux ans, la collectivité a engagé la démarche Mobili’Pro. L’objectif : mieux connaître le parc et trouver des pistes d’amélioration, tant en termes de coût que de développement durable. Lancée par l’Ademe dans les régions Nouvelle Aquitaine et Pays de la Loire, la démarche Mobili’Pro vise à optimiser les flottes d’entreprise. En Vendée, elle a été organisée par le Sydev et testée avec une dizaine de collectivités, avec la mise à disposition d’un tableur Excel préconfiguré pour le suivi de la flotte.
Un bilan du parc a été réalisé sur les années 2015 et 2016. « Le diagnostic a mis en lumière le fait que des véhicules roulaient très peu, et plusieurs anomalies dont la consommation, révèle Claudie Tricoire. Et nous avons pu calculer le coût de nos véhicules. Nous nous sommes aperçus que les dépenses de carburant pesaient à peine 20 % du TCO et que diminuer le nombre de véhicules revient bien à faire reculer les charges globales. »
Autre enseignement : « Nous avons constaté que l’un de nos quatre pools fonctionnait moins bien que les autres : par crainte de manquer de véhicules, les agents conservaient les clés sur leur bureau », note Claudie Tricoire.
Dans le cadre de Mobili’Pro, La Roche-sur-Yon a signé une charte d’engagement prévoyant le lancement de plusieurs actions. En 2017, la collectivité a donc retiré 10 véhicules de son parc et ainsi accru de 1 000 km le kilométrage annuel des voitures en pool. Dans certains cas, le véhicule a été supprimé et remplacé par des vélos. La ville possède 23 vélos à assistance électrique (VAE) et 10 vélos standards dont les plus récents ont été achetés en août 2017 – tous en pool et attribués à des services.
10 véhicules supprimés en 2017
« Notre garage assure l’entretien courant et nous essayons de systématiser le gonflage pour limiter la consommation des véhicules. Ces derniers ne roulent pas suffisamment pour que l’usage d’additifs réduisant la consommation soit probant, observe Claudie Tricoire. En 2018, nous allons également veiller à fonctionner en mode préventif plutôt que curatif pour l’entretien. »
Malgré des difficultés avec quelques services, la ville veut continuer à restreindre la taille de son parc en 2018. La démarche consiste à supprimer les véhicules les plus anciens ou les plus coûteux sans les renouveler.
« L’objectif est d’essayer de baisser les coûts de la flotte, ou du moins de ne pas les augmenter », explique expose Claudie Tricoire. Si le retrait des 10 véhicules en 2017 a conduit à supprimer 10 contrats d’assurance, les coûts de carburant ont progressé en parallèle. La flotte a de plus subi une hausse importante des coûts de l’assurance il y a trois ou quatre ans, suite à de nombreux petits accrochages, si bien que la ville a instauré une formation au risque routier. Sans oublier les 40 personnes désormais formées à l’éco-conduite chaque année.
L’autopartage de la flotte à l’étude
Pour aller plus loin, depuis avril, La Roche-sur-Yon mène avec l’Ademe une étude sur l’autopartage de sa flotte. « Bien que les véhicules roulent assez peu, nous ne pouvons pas trop en supprimer car nous avons toujours besoin de nous déplacer, constate Claudie Tricoire. Pour les rentabiliser, nous envisageons donc de les louer les soirs et week-ends, dans un premier temps à nos propres agents. »
Outre la rationalisation du parc, La Roche-sur-Yon s’est lancée dans l’électromobilité. « En 2015, nous avons adopté un plan global de déplacements afin de disposer d’une flotte propre », rappelle la première adjointe, Anne Aubin-Sicard.
Le défi de l’électromobilité

Avec cette politique, l’agglomération a remporté en 2016 le Trophée des territoires électromobiles décerné par l’association Avere-France. « Nous avons été récompensés à la fois pour le début de la conversion de la flotte à l’électrique, la gratuité du stationnement et les aides à l’achat pour les véhicules électriques, le déploiement d’un réseau de recharge et la tenue de manifestations grand public pour découvrir les VE », se félicite Anne Aubin-Sicard.
La flotte compte 12 VE dont 11 VP attribués à des services ou intégrés à un pool, et 1 VUL. Cet utilitaire est attribué à l’atelier propreté urbaine et se destine à la collecte des corbeilles dans les jardins publics. Il sera secondé courant 2018 par un second VUL électrique dont la commande est en cours. C’est le centre technique qui a la charge de l’achat des véhicules. Son budget annuel couvre majoritairement le remplacement des engins ; en cas d’achat d’un VP ou d’un VUL, les VE sont privilégiés. « Le centre technique a conscience que les VE représentent de l’entretien en moins », pointe Claudie Tricoire. Pour sa dernière acquisition de VE, la ville a aussi pu bénéficier d’aides de l’État car elle est labellisée « territoire à énergie positive pour la croissance verte » (TEPCV).
Faire rouler les VE
Côté recharge, chaque véhicule bénéficie d’une prise sur son emplacement de stationnement. « Au centre technique municipal, nous installerons en mai une ombrière photovoltaïque en autoconsommation, équipée de bornes de recharge pour les 4 véhicules électriques de ce pool », précise Claudie Tricoire.
Toutefois, les VE roulent peu : 3 600 km par an en moyenne. « Ils sont employés mais les agents ont toujours un peu la hantise de l’autonomie, nous avons donc des progrès à faire », souligne Claudie Tricoire. Ce constat ne décourage pas la collectivité qui continuera à travailler sur la mobilité électrique en 2018, tout en explorant d’autres possibilités (voir l’encadré sur le GNV et l’hydrogène).
Au-delà de la flotte, La Roche-sur-Yon a déployé d’autres actions pour verdir les trajets de ses agents. Des cartes de bus et une flotte de vélos leur sont proposées. « Nous avons créé une incitation financière pour encourager les agents qui vont en mission ou en formation à covoiturer, et nous prenons en charge les trajets Blablacar », ajoute Anne Aubin-Sicard.
Combinées à la diminution du parc, à l’achat de véhicules neufs et à une dématérialisation croissante, ces mesures ont réduit de 22 % les émissions liées aux déplacements professionnels entre 2009 et 2016, pour ne générer plus que 1,5 % des émissions « patrimoine et services » de l’agglomération.
En revanche, la collectivité doit aller plus loin sur les trajets domicile-travail de ses agents : ceux-ci pesaient 7,5 % de ces émissions « patrimoine et services » en 2016, soit une hausse de 34 % comparé à 2009. En cause : une distance moyenne domicile-travail qui a augmenté de 13 à 17,3 km par agent entre 2009 et 2016.
Une approche centrée sur les agents
Bien qu’outillée pour les téléconférences et le télétravail, la collectivité n’en a pas formalisé l’usage, et le télétravail se pratique seulement pour des raisons médicales. « Mais des discussions sont en cours avec les organisations syndicales pour une pratique plus large », complète Claudie Tricoire.
Cependant, en 2016, seuls 177 agents, soit 9 % de l’effectif, se rendaient au travail autrement qu’en voiture : 72 en bus, 37 en train et 68 en vélo (sur 2,5 km en moyenne). Depuis, les indemnités kilométriques vélo ont été mises en place en avril 2017 et aujourd’hui, 92 agents se sont engagés, dont 18 % de nouveaux cyclistes qui parcourent en moyenne 3,5 km pour venir au travail. Le prochain rapport annuel de développement durable révélera l’impact de cette évolution sur les émissions de l’agglomération.