
C’est un constat partagé par tous les spécialistes ès rémunérations : les salaires des 2 000 à 5 000 gestionnaires de flotte ne font pas partie des émoluments les plus élevés dans l’Hexagone. Mais ils restent dans une moyenne acceptable, surtout pour des salariés à qui l’on ne demande pas encore de diplômes précis ni de niveau minimal d’études.

responsable du
département enquêtes de rémunération, Willis Towers Watson
« Cette modération salariale s’explique par deux raisons principales. Tout d’abord, la fonction appartient aux services généraux et cette direction n’est pas celle qui paie le mieux. Ensuite, ces postes sont...
C’est un constat partagé par tous les spécialistes ès rémunérations : les salaires des 2 000 à 5 000 gestionnaires de flotte ne font pas partie des émoluments les plus élevés dans l’Hexagone. Mais ils restent dans une moyenne acceptable, surtout pour des salariés à qui l’on ne demande pas encore de diplômes précis ni de niveau minimal d’études.

responsable du
département enquêtes de rémunération, Willis Towers Watson
« Cette modération salariale s’explique par deux raisons principales. Tout d’abord, la fonction appartient aux services généraux et cette direction n’est pas celle qui paie le mieux. Ensuite, ces postes sont souvent dévolus à des non-cadres de niveau bac/bac + 2, ou proposés à des salariés non-cadres que l’on passe managers à l’ancienneté. Ainsi, dans nos bases de données, 55 % des profils de fleet managers analysés ne sont pas cadres », explique Jean-Vincent Ichard, responsable du département enquêtes de rémunération chez Willis Towers Watson. Cette société de conseil s’appuie sur une base de données de 300 000 employés en France, couvrant 600 entreprises.
De 33 500 euros à 76 000 euros bruts
Côté salaire sonnant et trébuchant, chaque spécialiste se fonde sur sa propre analyse. Pour Willis Towers Watson, le premier niveau de gestionnaire de flotte, l’exécutant, perçoit 33 500 euros bruts par an en salaire médian. Ce qui signifie que 50 % des gestionnaires analysés gagnent plus que ce montant, et que 50 % gagnent moins. Mais un quart, les moins rémunérés, reçoivent moins de 31 000 euros bruts par an et un quart, les mieux payés, perçoivent plus de 37 000 euros. Ces salariés, non-cadres et âgés de 40 ans en moyenne, ne perçoivent en général pas de part variable.
Pour les cadres – ils ont 53 ans en moyenne –, Willis Towers Watson annonce des salaires médians de 36 500 euros bruts par an, avec le quart le moins payé en deçà de 32 500 euros, et le quart le mieux rémunéré au-delà de 43 000 euros.

Dans la base Willis Towers Watson, les managers en gestion de flotte représentent 12 % des gestionnaires de flotte et ont 51 ans d’âge moyen. Selon le cabinet, leur salaire médian s’élève à 60 000 euros bruts par an. Le quart le mieux rémunéré perçoit plus de 76 000 euros, et le quart le moins rémunéré moins de 49 000 euros. Ces managers disposent, en moyenne et en sus, d’un variable de 7 500 euros bruts par an.
Dans ces métiers, l’employeur recherche un gestionnaire dès lors que le parc dépasse les 500 à 1 000 véhicules. « Bien sûr, les salaires sont liés à la taille du parc », commente Adrien Bourgeois, manager au sein du cabinet de recrutement Hays pour l’entité administration des ventes-support-achat.

L’expérience fait toujours la différence

directeur senior de la branche immobilier-construction, Page Personnel
Hays possède aussi ses propres grilles, pas très éloignées de celles de Willis Towers Watson. Pour Hays, le salaire des gestionnaires, en début de carrière et pour des profils juniors, est de l’ordre de 22 000 à 24 000 euros bruts par an. Et ils recevront de 35 000 à 40 000 euros avec une expérience de cinq à dix ans sur un parc automobile important. Dans ce contexte, un jeune diplômé avec trois à cinq ans d’expérience peut espérer une rémunération « tournant autour de 28 000 à 30 000 euros bruts par an », ajoute Frédéric Rei, directeur senior de la branche immobilier-construction du cabinet de recrutement et d’intérim Page Personnel. Ce qui n’est pas si mal, d’autant que les gestionnaires de flotte peuvent progresser sans posséder de diplôme.
Le gestionnaire de flotte est souvent considéré par la hiérarchie comme détenant un poste administratif et donc ne rapportant pas d’argent… Pour améliorer l’ordinaire, il devra lutter contre cette image d’Épinal. Et pourra, par exemple, négocier un variable indexé sur la réduction des coûts de sa flotte.
Mettre en avant les gains réalisés

« Selon mes calculs, une voiture de flotte coûte en moyenne quelque 12 000 euros par an à une entreprise, estime Robert Maubé, expert-conseil en gestion de flotte pour le cabinet RRMC et pour Flottes Automobiles. Un parc de 1 000 voitures revient donc à 12 millions par an. Pour ma part, j’arrive toujours, en auditant une flotte, à remonter environ 10 % d’économie. » C’est dire le rôle aujourd’hui central d’un gestionnaire de flotte : il peut générer des économies et se faire rémunérer sur ces gains. « De fait, poursuit Robert Maubé, la gestion de parc constitue souvent le deuxième ou le troisième poste de coût après les salaires et les charges patronales. »

Le gestionnaire est aussi confronté à une évolution de carrière pas toujours très dynamique. Pour « booster » son parcours, il devra tout d’abord débuter par un poste opérationnel. « Je préconise cette stratégie, conseille Patrick Martinoli, directeur de la gestion des 19 100 véhicules du groupe Orange. Ces gestionnaires sont en contact avec le terrain et nos relais locaux. Ils doivent faire face à de nombreuses difficultés en y apportant une réponse adéquate. C’est très formateur. »
Ce type de parcours amène aussi à toucher à de nombreux aspects du métier puis à être promu. « Jusqu’à il y a peu, on était condamné à rester gestionnaire de flotte toute sa vie, plaisante à peine Robert Maubé. Mais cela change. La notion de développement durable, de mobilité alternative ou douce a créé un nouveau métier, celui de mobility manager/responsable de la mobilité. »
Vers un poste de mobility manager

gestionnaire de parc, Axéréal
« Cette piste est cohérente et a du sens, approuve la gestionnaire de parc Fanny Amé, en charge de 800 véhicules de la coopérative agricole Axéréal. La mobilité est pour nous l’une des nouvelles pistes d’évolution. Il s’agit de gérer la mobilité des collaborateurs d’une manière plus globale, de devenir mobility manager. Le plan de mobilité dans l’entreprise de plus de 100 salariés sur un même site sera obligatoire au 1er janvier 2018. Cette échéance est très proche et cela se mettra en place dans les mois et les années à venir » (voir aussi notre dossier sur le plan de mobilité).

du Plessis, consultant senior, Fed Office
Plus traditionnellement, le gestionnaire peut aussi emprunter trois grandes voies pour évoluer professionnellement : les achats, les services généraux ou l’intégration chez un loueur. « Selon moi, la meilleure stratégie est d’opter pour un développement de carrière dans les services généraux. La gestion de flotte devient alors un tremplin vers le poste de directeur des services généraux », avance Pierre-Édouard du Plessis, consultant senior du département services généraux du cabinet de recrutement Fed Office.
« Ce sont des postes où l’on perçoit de l’ordre de 60 000 euros bruts par an. Il est possible, après dix à quinze ans d’expérience, d’atteindre les 70 000 à 90 000 euros. On se retrouve alors assez proche du comité de direction avec un poste à haute responsabilité dans une entreprise importante », complète Pierre-Édouard du Plessis.
Une autre voie reste celle des achats. Dans ce cas, le gestionnaire ne suit plus l’organisation de sa flotte mais la seule négociation avec les fournisseurs. Et il s’agira d’élargir, là encore, son périmètre en couvrant d’autres achats indirects : consommables, informatique, mobilier, etc. Mais ces postes sont souvent monopolisés par des diplômés de niveau bac + 3/5. Il peut alors être nécessaire de suivre un cursus diplômant lourd de type master ou mastère spécialisé en achat. Les salaires des acheteurs sont alors un peu supérieurs à ceux des fleet managers : de l’ordre de 42 920 euros bruts par an pour la rémunération médiane, selon Emmanuel Chauvin, responsable des études salariales pour le cabinet de recrutement Expectra.
Services généraux, achats ou loueur ?
La dernière grande possibilité d’évolution demeure la piste des loueurs. En effet, si la flotte est restreinte, le gestionnaire n’aura pas beaucoup de possibilités pour évoluer dans son entreprise. La solution peut consister à postuler chez un loueur en tant que gestionnaire de flotte. « On peut alors évoluer vers une fonction commerciale, ajoute Jean-Vincent Ichard pour Willis Towers Watson. Cela permet d’intégrer des groupes dépendant souvent de grands établissements financiers avec, à la clef, de la participation, un intéressement et un salaire de commercial de 50 000 euros bruts par an, et un variable conséquent. » À vos marques !
Dossier - Rémunération : quels salaires pour les gestionnaires de flotte ?
- Rémunération : quels salaires pour les gestionnaires de flotte ?
- Comment constituer l’argumentaire pour se faire augmenter ?
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