
En matière de salaire, pas de quoi pavoiser en 2021. Si l’on prend en compte les prévisions du spécialiste en rémunération Gras Savoye Willis Towers Watson, il faudra s’attendre à une hausse de l’ordre de 2,2 % ; la moyenne atteignait jusqu’ici environ 2,5 % depuis 2015.
En s’appuyant sur les études de People Base CBM (Compensation Benefit Management), autre spécialiste des salaires, la hausse globale ne devrait pas dépasser les 1,4 %. En 2021, l’inflation sera, elle, si l’on en croit la Banque de France et son étude parue le 14 décembre 2020, de + 0,5 % à + 0,8 %. La progression du pouvoir d’achat sera donc comprise entre + 0,6 % et + 1,7 %...
En matière de salaire, pas de quoi pavoiser en 2021. Si l’on prend en compte les prévisions du spécialiste en rémunération Gras Savoye Willis Towers Watson, il faudra s’attendre à une hausse de l’ordre de 2,2 % ; la moyenne atteignait jusqu’ici environ 2,5 % depuis 2015.
En s’appuyant sur les études de People Base CBM (Compensation Benefit Management), autre spécialiste des salaires, la hausse globale ne devrait pas dépasser les 1,4 %. En 2021, l’inflation sera, elle, si l’on en croit la Banque de France et son étude parue le 14 décembre 2020, de + 0,5 % à + 0,8 %. La progression du pouvoir d’achat sera donc comprise entre + 0,6 % et + 1,7 %. Pas si mal.
Des hausses limitées en 2021
Fondateur de People Base CBM, Cyril Bregou détaille ces chiffres : « Les augmentations globales (générales et individuelles) prévues par nos enquêtes en 2021 seront de l’ordre de 1,39 %. Ce chiffre émane d’un sondage effectué auprès de directions salariant 500 000 individus en France. Par rapport à 2018 et 2019, cela représente une perte de l’ordre de 1,2 %. C’est beaucoup. Mais l’inflation qui sera inférieure à ces 1,39 % devrait maintenir le pouvoir d’achat des salariés. Pour 2021, il faudra aussi s’attendre à des hausses générales dans l’optique d’augmenter le plus grand nombre pour s’assurer qu’il n’y aura pas de perte de pouvoir d’achat », pronostique Cyril Bregou (voir le témoignage).
« Suite au covid-19, nous ne connaîtrons effectivement pas d’effondrement des hausses de salaire. Les entreprises veulent maintenir la dynamique des rémunérations car le marché de l’emploi reste tendu, avec la volonté de garder les meilleurs », commente Khalil Aït-Mouloud, responsable de l’activité enquêtes de rémunération au sein de Gras Savoye Willis Towers Watson. « En revanche, on assiste à la fin du saupoudrage salarial mais avec l’objectif d’augmenter en priorité les salariés les plus compétents. Ceux qui, par exemple, conduiront la transformation numérique de leur entreprise. Dans ce cadre, les gestionnaires de flotte sont considérés comme des fonctions de milieu de fourchette. Ils peuvent tirer leur épingle du jeu en montant en compétences et en développant leur poste », poursuit Khalil Aït-Mouloud (voir le témoignage).
S’en sortir par le haut
Cette stratégie de la sortie par le haut a été celle de Nicolas – il préfère garder l’anonymat. La petite quarantaine, il est directeur de flotte d’un grand groupe alimentaire dans le quart ouest de la France. « Avec mon DUT et mon master 1 en transport, je perçois 160 000 euros bruts par an en gérant 15 000 véhicules dans 72 pays et un budget de 150 millions d’euros. Je touche ces montants car je me suis positionné comme gestionnaire de flottes techniques », souligne Nicolas. Et de rappeler qu’un responsable supervisant des voitures « classiques » ne peut pas apporter beaucoup de valeur ajoutée à son employeur. « Ce n’est pas non plus un travail très compliqué. »
Nicolas reprend : « De fait, la gestion d’un matériel très technique dans des pays complexes comme en Asie centrale aide à se rendre indispensable, avec une très bonne rémunération à la clef. Il fait aussi sous-traiter le moins possible en permettant toutes les économies possibles. Un de mes chefs rappelait sans cesse que l’on ne peut pas gagner d’argent sans effort. Conclusion : pour être bien payé, il faut gérer ses assurances soi-même, tout faire comme si ses 15 000 véhicules étaient les siens. »
Mesurer sa contribution financière
Illustration : « On pourra ainsi mesurer que telle marque de pneus génère 20 % de gain, tout en maintenant une bonne qualité de roulage. Car si l’on se contente de négocier avec un loueur, il n’y aura pas d’économie et donc peu de hausse de rémunération à attendre, note Nicolas. En négociation salariale, quand je ramène 1 million d’euros d’économie en un an, il n’y a pas de discussion. On peut demander facilement 1 000 euros de plus par mois… »

« C’est LA solution pour très bien gagner sa vie, approuve Daniel Porot, coach et auteur de nombreux ouvrages sur les questions salariales dont 101 secrets pour bien négocier son salaire… ou une augmentation. En dépit du covid-19, la meilleure tactique pour se faire augmenter reste de mesurer sa contribution financière avec les économies obtenues. Puis il faudra demander sa part. Pour un gestionnaire de flotte, c’est assez facile de mettre ce travail en avant et de le transformer en prime, bonus ou salaire supplémentaire », complète Daniel Porot.
Cette stratégie est conseillée par Patrick, en fin de carrière comme directeur de l’activité véhicule neuf chez un distributeur automobile. Ses clients sont des gestionnaires de flotte. « Je leur préconise de valoriser leur poste et démontrer qu’une flotte ne constitue pas qu’une charge mais aussi une source de réduction des coûts, un vecteur de communication et de management. Une entreprise dont le parc roule au diesel pourra notamment proposer une prime équivalant à 20 % du salaire pour l’électrifier », avance Patrick.
Les pistes à suivre
Autre piste à suivre : « Le gestionnaire peut développer de la communication interne autour de la voiture de fonction. Un de mes clients offre aux deux meilleurs commerciaux d’une année donnée de rouler en modèle premium très haut de gamme pendant un an. Ce type d’initiative valorise le poste de gestionnaire et contribue à améliorer le salaire », expose Patrick.
En général, un gestionnaire de flotte perçoit, en milieu de carrière, dans les 35 000 à 40 000 euros bruts par an. C’est le cas de Céline – elle a demandé l’anonymat –, 40 ans, à la tête de 500 véhicules dans une entreprise francilienne spécialiste de l’équipement médical. « Je suis titulaire d’un BTS action commerciale, rappelle-t-elle. Mon salaire fixe atteint 38 000 euros bruts par an avec un bonus de 2 000 euros par an. Cela fait 40 000 euros. Je n’ai pas de voiture de fonction. J’ai suivi une formation d’un jour à ma demande en 2020. »
Céline gère l’opérationnel et le pilotage stratégique de la flotte mais son métier demeure compliqué à placer sur une cartographie des emplois. « En ce moment, il y a une réorganisation et la direction hésite à me rapprocher soit des RH, soit de la direction financière… Et la question de l’augmentation n’en est pas une. J’ai dû batailler pour ma prime de 2 000 euros. Alors, pas question d’augmentation. Pour cela, il faudra attendre. La hausse de salaire passe, selon moi, par une maîtrise des sujets environnementaux, techniques, fiscaux, législatifs, etc. », observe Céline.
Multiplier les projets
Pour être au fait, il faut donc se former, lire, étudier. « Ces salaires ne sont pas mirobolants, concède Albane Guerrier, manager exécutive senior pour le cabinet de recrutement Page Personnel, en charge du facilities management. Cela s’explique par une fonction de rattachement, les services généraux, qui paient traditionnellement mal. Cela veut dire qu’un gestionnaire de flotte débutera à 25 000 euros bruts par an. »

« Mais l’intérêt du métier est aussi de pouvoir intégrer la fonction sans diplôme », souligne Albane Guerrier. En rappelant que les salaires de fin de carrière peuvent rester faibles, autour de 35 000 euros bruts par an. « Pour toucher plus, il faut participer à d’autres projets, devenir plus polyvalent, négocier avec les fournisseurs, participer aux politiques automobiles (car policy). Objectif : devenir un conseiller écouté en montrant que ses actions génèrent des gains », ajoute cette recruteuse.
Pour Gérald Gramond, qui perçoit 31 000 euros bruts par an à la tête de 632 véhicules pour Arquus, spécialiste français des véhicules militaires, le gestionnaire doit donc se tenir informer en permanence sur les changements touchant les flottes. « C’est le meilleur moyen de bien négocier son salaire », résume-t-il.
Élodie, elle préfère témoigner sous nom d’emprunt, vient d’avoir trente ans. Elle est directrice d’une société de fleet management et salarie douze gestionnaires de flotte. Chez ce fleeteur, un gestionnaire débutant de niveau bac + 2 est rémunéré de 23 000 à 25 000 euros bruts par an. « La gestion de flotte n’est pas assez valorisée. Elle est vue comme une fonction administrative alors qu’il s’agit avant tout d’un service client en amélioration continue, constate-t-elle. Selon moi, pour être mieux payé, le gestionnaire doit expliquer en quoi son métier est complexe et mouvant. Il faut se rendre indispensable en proposant des améliorations continues sur des postes importants de dépenses. En montrant les gains obtenus, le gestionnaire peut demander une part du gâteau qu’il ramène », conclut Élodie.
Les atouts à développer

Pour Delphine Vassal, directrice du cabinet de recrutement Fed Office qui réalise une dizaine de recrutements de gestionnaires de flotte par an, un débutant commence aujourd’hui sa carrière à 25 000-30 000 euros bruts par an. « Comptez plutôt 25 000 sans connaissance linguistique particulière et 30 000 s’il parle anglais, poursuit-elle. Après cinq ans d’expérience, il pourra attendre 35 000 euros et terminera sa carrière aux alentours de 40 000-45 000, avec des pointes à 70 000-80 000 s’il développe des compétences pour devenir responsable des services généraux », détaille Delphine Vassal.
Ces carrières sont donc relativement mal payées, surtout en début de carrière. Comment faire alors pour négocier au mieux cette première rémunération ? Jeune, sans expérience, le gestionnaire devra démontrer à son futur employeur « les trois compétences que recherchent tous les dirigeants, à savoir l’enthousiasme, la persévérance et l’implication », énumère l’auteur et coach Daniel Porot. Tout cela est testé en entretien car les recruteurs ne veulent plus de bons petits soldats mais des collaborateurs démontrant leur valeur ajoutée via des compétences appuyées par des exemples, des chiffres. Objectif : se démarquer en entretien et demander un salaire le plus élevé possible.
Comme on l’a vu, l’anglais constitue un atout dans la négociation salariale et amène à se rapprocher des postes internationaux. La carrière est aussi facilitée en développant une bonne maîtrise des outils bureautiques, en sachant produire du reporting et en ajoutant des compétences sur l’hygiène et la sécurité, voire sur les voyages afin de postuler, à terme, à des postes en direction de services généraux.
Changer d’employeur
Parfois, aussi, la rémunération peut ne plus augmenter. C’est vrai pour Stéphane, son nom a été modifié à sa demande, 49 ans. « Mon conseil est alors de changer d’employeur : je ne peux pas le faire tous les ans mais c’est le seul moyen. J’ai argumenté pour devenir mobility manager. Mon employeur n’en a pas vu l’intérêt. Cela a été un non définitif », relate-t-il.
À la tête de 450 véhicules pour un acteur de la restauration collective basé dans le nord de la France, Stéphane, titulaire d’un bac professionnel, touche 33 000 euros bruts par an avec douze années d’expérience. Soit grosso modo la même somme que Jacques, 42 ans, gestionnaire de 700 véhicules en Île-de-France pour une société semi-publique. « Mon salaire brut annuel est de 31 000 euros. Je suis titulaire du bac avec douze ans d’expérience. Pour le travail fourni, c’est plutôt mal payé mais les salaires dans notre profession sont très aléatoires. Mon prédécesseur percevait 55 000 euros. Et en ce moment, les négociations sont compliquées. Mes demandes n’ont pas abouti », expose Jacques.
Un contexte difficile qui n’empêche pas de remettre l’ouvrage sur le métier… « Il ne faut pas discuter en décembre avec tout le monde, recommande l’auteur et coach Daniel Porot. Le gestionnaire de flotte doit attendre d’avoir réussi une action sortant de son cahier des charges et en chiffrer l’impact financier. » Ensuite, il demandera un rendez-vous à son supérieur pour lui préciser sa réussite, les gains liés et demander une quote-part. Il sera aussi possible, si cela ne fonctionne pas, de demander des avantages en nature : enseigner dans un établissement d’enseignement supérieur, se former, recourir au télétravail, participer à des symposiums pour présenter les nouveautés au comité de direction.
Préparer sa sortie
« Je conseille aussi d’en profiter pour ne rien demander si ce n’est d’assurer des responsabilités supplémentaires comme la politique de mobilité de son entreprise sans augmentation. On peut alors améliorer son CV. Et s’il n’y a toujours rien en vue, on pourra partir chez un concurrent pour décrocher une augmentation pouvant avoisiner les 40 % », suggère Daniel Porot.

Marie-Florence Infantolino, dirigeante du cabinet de recrutement Facilitis Recrutement, réalise une dizaine d’embauches de gestionnaire de flotte par an. « La fonction est en pleine évolution, constate cette recruteuse. On ne suit plus son parc avec le seul tableur Excel, cela demande des outils plus élaborés. Et l’intelligence artificielle fait son arrivée. Alors, pour toucher plus, le gestionnaire de flotte doit améliorer ses compétences techniques mais aussi la relation client avec les collaborateurs de son entreprise », préconise-t-elle.
Selon Marie-Florence Infantolino, un débutant percevra de l’ordre de 30 000 à 35 000 euros bruts par an. « Mais j’en ai embauché un en Bourgogne pour 25 000 euros. Ensuite, si l’on reste gestionnaire de flotte, la rémunération évolue peu sans changer de périmètre et sans se former à des niveaux de l’ordre du bac + 4/5. Avec un master 2, le gestionnaire se positionnera alors comme apporteur de solutions, de réflexions stratégiques pour optimiser son parc. Mais pour cela, il devra lire la presse professionnelle, surveiller la concurrence, être curieux, aller dans les salons, regarder des webinaires, s’inspirer des parcours et des réflexions émanant des réseaux sociaux comme Linkedin. Bref, avoir la réflexion qu’ont aujourd’hui que les spécialistes de la rentabilité des surfaces immobilières », avance Marie-Florence Infantolino. À vous de jouer.
Dossier - Rémunérations 2021 : nos conseils pour négocier son salaire
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