
À la lecture du plan du salon, en arrivant au matin des journées presse au Frankfurt Messe, nous nous sommes surpris à recompter les halls à visiter : quatre, pas un de plus pour les constructeurs ; les autres étaient occupés par les équipementiers ou même une exposition de voitures anciennes.
Sans compter les abonnés absents… Les français ? À part une salle pour le Captur 2 lors des journées presse, pas de stand Renault et pas plus de Nissan, Dacia ou Alpine, tandis que le Groupe PSA n’était représenté que par sa marque allemande, Opel.
Les japonais ? Seul Honda a répondu à l’appel, alors que Nissan, Toyota, Lexus, Mitsubishi, Mazda, Subaru ou Suzuki ont abandonné le salon. Les italiens et leurs cousins américains du groupe Fiat-Chrysler sont aussi restés chez eux (Alfa Romeo, Fiat, Maserati, Ferrari, Jeep). Seul Lamborghini portait le drapeau transalpin dans le hall de son propriétaire, le groupe Volkswagen.
Les absents…
Un groupe Volkswagen qui a pour sa part laissé de côté Bentley, tandis que BMW n’a pas emmené avec lui Rolls-Royce, mais Mini était de la partie. Enfin, Aston Martin était aussi aux abonnés absents, tout comme Volvo ‒ mais sa branche électrique premium Polestar était au rendez-vous.
Une bérézina symptomatique du vent qui tourne pour les salons de l’automobile classiques, alors que les habitudes de consommation évoluent : les configurateurs virtuels aident à se faire une idée précise des modèles, et la consommation se tourne vers des formes différentes de la propriété traditionnelle, tandis que la passion pour l’objet automobile décline.
Sans oublier l’avènement de l’ère électrique ou du moins de l’électrification sous toutes ses formes. Cette électrification demande pourtant une forme de pédagogie pour laquelle un contact direct avec les clients se fait plus que jamais nécessaire.
Cette évolution vers l’électrique était massivement mise en avant par des constructeurs allemands qui jouaient à domicile. Ainsi, le groupe Daimler proposait une spectaculaire construction en forme de cathédrale technologique dans l’immense dôme de la Festhalle du hall 2. Une salle des fêtes où la star était un concept-car dévoilé ici en première mondiale, le Vision EQS de Mercedes.
Préfigurant une future limousine électrique, ce Vision EQS inaugure une plate-forme spécifique et promet d’excellentes performances avec 476 ch et 700 km d’autonomie en WLTP. Mercedes table sur une sortie à l’horizon 2021 pour ce rival des Porsche Taycan et autres Tesla Model S.
Le Vision EQS chez Mercedes
Des centaines de LED agrémentent la carrosserie très aérodynamique de ce concept-car et l’habitacle fait la part belle aux incontournables écrans qui parsèment ici quasiment toutes les surfaces disponibles. L’objectif : distraire les passagers et le conducteur qui profitent d’un mode de conduite autonome, laissant le volant disparaître dans la planche de bord au moment voulu.
Pour la première fois, Mercedes présentait également au public son SUV 7 places compact GLB, aux lignes aussi droites et verticales que celles de l’EQS se veulent fluides et élancées. Les SUV étaient bien à l’honneur avec aussi la première de la nouvelle génération du gros GLE Coupé
Le GLE s’offrait lui en hybride rechargeable diesel 350 4matic (320 ch de puissance combinée), une version forte d’une centaine de kilomètres d’autonomie en tout-électrique, soit le double de celle des Classe C, E et S. Le GLC se déclinait quant à lui en version hybride rechargeable essence.
Avec l’ambition d’offrir plus de vingt variantes électrifiées d’ici la fin 2020, l’offensive de Mercedes a donc démarré dès cet automne, ajoutant à son portfolio une version hybride rechargeable des Classe A et B, capables de parcourir une soixantaine de kilomètres en 100 % électrique ‒ un record dans la catégorie des compactes pour un lancement à l’automne.
Chez Smart, l’électrification se fait encore plus radicale puisqu’elle concerne l’ensemble de la gamme qui abandonne officiellement toute motorisation thermique pour ses Fortwo et Forfour, restylées à cette occasion.

L’ID.3 en vedette chez VW
Dans un hall aux allées trop larges, trahissant la diminution des moyens alloués à ce type d’événements, on a retrouvé les principales marques du groupe Volkswagen. Avec, à tout seigneur, tout honneur, la marque Volkswagen qui étrennait son logo revu et corrigé. Une façon de marquer le repositionnement incarné par la très attendue ID.3, une des vedettes parmi les premières mondiales du salon.
Dans un stand entièrement constitué de modèles électriques pour les journées presse, cette voiture de la révolution électrique se voulait un lancement aussi majeur que l’ont été ceux des Coccinelle et Golf en leur temps pour la marque. De fait, pas de Golf 8 dont la révélation est attendue quelques semaines après Francfort, ni de T-Roc Cabriolet sur ce stand é-lec-tri-que à 100 %.
Volkswagen a donc ressorti tous les concepts à brancher proposés lors de salons précédents afin de montrer la richesse de sa réflexion dans ce domaine, avant l’arrivée de sa première voiture conçue à 100 % comme une électrique.
L’ID.3, c’est bien d’elle dont il s’agit, est une compacte d’un gabarit proche de celui de la Golf (4,26 m). Mais sa construction sur la nouvelle plate-forme MEB destinée aux véhicules électriques permet une définition spécifique qui exploite au mieux l’espace à bord. Les lignes aérodynamiques de cette ID.3 lui donnent des airs de petit monospace et son habitacle très clair tranche avec les revêtements noirs habituels de la marque. Le long empattement et la structure intégrant les batteries sous l’habitacle autorisent une habitabilité digne de la catégorie supérieure.

Le groupe Volkswagen s’électrifie
Pour cette ID.3, deux moteurs sont au programme (150 et 204 ch), avec trois capacités de batteries de 45, 58 et 77 kW, soit des autonomies annoncées à 330, 420 et 550 km. Les tarifs devraient débuter sous la barre des 30 000 euros TTC.
Autre véhicule électrique de la gamme prévu pour 2020, le SUV ID.4 était mis en avant sous la forme d’un prototype camouflé, à peine visible. Enfin, la petite citadine électrique e-up! a été revue pour l’occasion, avec une autonomie plus que doublée (260 km en WLTP) et un tarif en baisse malgré l’adjonction d’équipements de sécurité (23 000 euros TTC avant aides). Lancement prévu en fin d’année.
Chez Seat, la cousine de l’e-up!, la Mii, connaît les mêmes évolutions, tout comme la Skoda Citigo. La marque espagnole du groupe Volkswagen alignait aussi une version hybride rechargeable de son gros SUV, le Tarraco, prévue l’an prochain, avec 50 km d’autonomie en électrique.

Dans un stand à ses couleurs, la marque voulue sportive et premium de Seat, Cupra, misait sur un concept de SUV électrique, le Tavascan, qui préfigure de près un SUV 100 % électrique. Ce Tavascan partagera sa base technique avec les ID.4 et Audi e-tron Sportback. Ce dernier modèle a d’ailleurs été rapidement montré, camouflé, durant la conférence de presse de la marque aux anneaux, au milieu de nombre de nouveautés.
Audi a aussi présenté plusieurs modèles et concepts dont une jolie version coupé du SUV Q3, le Sportback. Ainsi que le spectaculaire concept AI:TRAIL quattro, sorte de buggy futuriste qui pourrait parfaitement évoluer dans un film de science-fiction.

Taycan, l’électrique vu par Porsche
Enfin, le hall du groupe Volkswagen abritait bien entendu Porsche qui a enfin révélé sa première voiture électrique, le Taycan, autre grande star de ce salon. Avec près de 5 m de long, cette berline affiche des lignes fines et très réussies, assez proches de celles du concept Mission-e qui en avait donné un avant-goût. Avec en ligne de mire la Tesla Model S, référence du genre. Doté de 680 ch pour sa version de base, le Taycan promet des performances époustouflantes. Les tarifs sont, sans surprise, à la hauteur : à partir de 155 552 euros TTC.

Changement de hall pour aller chez BMW. Au centre de son vaste stand, mais loin des spectaculaires installations des précédentes éditions avec un circuit sur pilotis qui passait directement par le hall, BMW avait concocté une des rares vraies surprises du salon. Personne n’avait en effet attendu ici le Concept 4 qui annonce, avec sa calandre exacerbée, la prochaine génération du coupé BMW.
La marque bavaroise proposait aussi aux visiteurs la troisième génération de son gros SUV coupé X6, précurseur du genre. Et une version hydrogène à pile à combustible de son X5, l’i Hydrogen Next, sans en préciser les caractéristiques techniques. Le fruit d’un partenariat avec Toyota pour le développement de véhicules à hydrogène, dont une application en série n’est pas attendue avant 2025.
Toujours chez BMW, Mini exposait pour la première fois la version 100 % électrique de la petite germano-britannique, la Cooper SE. Cette citadine premium très prometteuse trouvait d’ores et déjà une sérieuse concurrente dans le hall voisin où Honda révélait la version définitive de sa très craquante Honda e, elle aussi 100 % électrique.

Cooper SE, Honda e ou Corsa-e ?
Délicieusement rétro, chic et originale, cette Honda e a tout pour devenir la coqueluche des quartiers chics. Attendue pour 2020, cette citadine est annoncée à plus de 35 000 euros TTC (hors aides).
L’électrification s’étend encore plus loin dans la gamme Hyundai qui alignait un très joli concept aux lignes rétro, le 45. Mais sa base technique se veut tout à fait moderne : ce 45 inaugure une plate-forme destinée entièrement à l’électrique.
Opel pariait aussi sur l’électrique avec sa Corsa de sixième génération, la première de l’ère PSA. Celle-ci profite de la plate-forme de la dernière 208, prête pour l’électrification comme le prouve la Corsa-e, forte de 136 ch et 330 km d’autonomie en WLTP.
Chez Ford, le public a pu découvrir deux SUV, la dernière génération du Kuga et le très astucieux Puma dont le coffre cache une trappe profonde pour exploiter tout le volume à bord de ce concurrent des Captur et autres 2008. Au sommet de la gamme des SUV, le très américain Explorer (plus de 5 m de long, 7 places et 450 ch) jouait les écolos avec sa motorisation hybride rechargeable.
Mais la star des SUV à Francfort était sans aucun doute le très attendu Land Rover Defender qui a la lourde charge de succéder au modèle légendaire de la marque britannique. Et les designers ont fait le choix de ne pas chercher à lui donner une silhouette néo-rétro, mais plutôt d’user de clins d’œil pour réinterpréter l’esprit d’origine du modèle. Une réussite déclinée en versions courte et longue.



Les constructeurs chinois en embuscade
Du côté de l’électrique, les alternatives fleurissaient également chez les constructeurs chinois. Parmi eux, on notait la progression de Byton avec son SUV premium M-Byte qui s’approche de la production. Clairement ancrée dans un univers futuriste, sa version de série présentée à Francfort affichait fièrement son écran incurvé géant de 48 ’’ qui fait office de planche de bord. Ce M-Byte alignera deux versions de 272 et 408 ch, avec 360 ou 435 km d’autonomie.
Voilà de quoi rêver pour les prochaines années où constructeurs classiques comme nouveaux arrivants vont rivaliser d’imagination pour électrifier leur offre et séduire.
