
Comme dans la grande majorité des flottes du secteur public, le département de la Moselle recourt à l’acquisition pour ses 407 véhicules légers dont 34 VU. Et dans une optique de réduction des coûts, Thierry Fristot, directeur de l’environnement de travail et de la mission de la mobilité, compte lancer un appel d’offres auprès des concessionnaires locaux pour comparer les prix.
La région Hauts-de-France fonctionne aussi en achat pour ses 540 véhicules. Car si les acquisitions pèsent sur les crédits d’investissement, elles permettent de récupérer la TVA et d’intégrer les véhicules dans le patrimoine. « Nous faisons la chasse aux coûts de...
Comme dans la grande majorité des flottes du secteur public, le département de la Moselle recourt à l’acquisition pour ses 407 véhicules légers dont 34 VU. Et dans une optique de réduction des coûts, Thierry Fristot, directeur de l’environnement de travail et de la mission de la mobilité, compte lancer un appel d’offres auprès des concessionnaires locaux pour comparer les prix.
La région Hauts-de-France fonctionne aussi en achat pour ses 540 véhicules. Car si les acquisitions pèsent sur les crédits d’investissement, elles permettent de récupérer la TVA et d’intégrer les véhicules dans le patrimoine. « Nous faisons la chasse aux coûts de fonctionnement et passons par l’Ugap, avec à la clé des tarifs inférieurs de l’ordre de 25 % par rapport aux prix publics », explique Gilles Ruysschaert, directeur général adjoint du pôle supports techniques (voir le témoignage).
La question de la TVA
Une opinion que ne partage pas Aurélien Talon qui défend son métier : « La TVA ne représente qu’une part négligeable dans le TCO global alors que le temps passé à gérer les véhicules, à les revendre, à en assurer la maintenance, etc. l’alourdit considérablement », affirme ce directeur commercial du loueur Public LLD, filiale d’Arval spécialiste du secteur public.
De fait, la circulaire du 20 avril 2017, relative à la gestion du parc automobile de l’État et des établissements publics, proscrit la LLD, sauf pour les véhicules hybrides et électriques – une règle à laquelle ne sont pas soumises les collectivités territoriales. Ainsi, le département du Haut-Rhin a choisi la LLD.
« Ce mode de financement est compétitif. Nous changeons les véhicules tous les cinq ans avec deux marchés attribués à Public LLD et à Diac Location via des appels d’offres. Nous réfléchissons à des avenants pour porter la durée à six ans, ce qui nous donnerait plus de visibilité, dans l’attente de décisions concernant les parcs du Haut et du Bas-Rhin », indique Marc Picard, responsable du parc automobile haut-rhinois, soit 225 véhicules.
Les deux départements fusionnent en effet au 1er janvier 2021 pour former la Collectivité Européenne d’Alsace. Aujourd’hui, ces départements ont deux modes de gestion différents : le Haut-Rhin en LLD pour les véhicules « administratifs » de liaison et en achat pour ceux plus techniques de la direction des routes, et le Bas-Rhin en acquisition pour toute sa flotte.
L’enjeu des renouvellements
Mais la grande majorité des flottes publiques privilégient toujours l’acquisition. Avec un enjeu : renouveler des véhicules souvent vieillissants comme dans les Hauts-de France où la moyenne d’âge atteint huit ans ou huit à dix ans pour la ville de Grenoble. Les véhicules sont donc moins performants, notamment en matière d’émissions. Alors que la règle fixée par la loi aux collectivités reste de prendre au moins 20 % de véhicules à faibles émissions (inférieures à 60 g/km de CO2) jusqu’au 30 juin 2021, seuil qui atteindra progressivement 37,4 % en 2026. Pour les véhicules de l’État et des établissements publics, ce chiffre s’élève à 50 %.
« Auparavant, les structures publiques passaient par la LLD pour prendre quelques véhicules électriques en test. Désormais, ces volumes s’accroissent. Du test, on est passé à une partie de la flotte avec des renouvellements portant jusqu’à 20 % en électrique. Le nombre d’appels d’offres pour la LLD va croissant : + 6 % entre septembre 2019 et septembre 2020 », constate Aurélien Talon pour Public LLD.
Ce que confirme le fleeteur Fatec : « Nous gérons 15 000 VL dont 600 électriques, c’est-à-dire 4 % dans le secteur public, contre 2,3 % de VL 100 % électriques dans les entreprises. Un chiffre qui devrait progresser : presque 50 % des véhicules électriques ont moins de deux ans et la tendance des renouvellements s’accélère », confirme Jean-Guilhem de Lanlay, commercial en charge du marché Ugap pour Fatec.
Ce fleeteur a remporté en 2019 le marché de l’Ugap pour la gestion administrative, l’entretien technique et le pilotage stratégique pour les VL des collectivités territoriales et des établissements de santé (hors véhicules de l’État). Cette évolution mettrait donc en avant la LLD et sa capacité à renouveler mais aussi à électrifier les flottes plus rapidement. Et ce, dans un contexte où les interdictions de circulation pour les modèles les plus polluants vont entraîner « d’importants besoins en renouvellement à très court terme. Et plus les véhicules sont vieillissants, plus le nombre de pannes augmente, tout comme les coûts et le temps passé à la maintenance », avance Aurélien Talon.
Ce représentant de Public LLD évoque plusieurs municipalités franciliennes : « Les agents roulent dans des véhicules Crit’air 3 ou 4, comme des Clio 2DCI diesel. Or, dans les ZFE, ils ne pourront bientôt plus circuler. Et en 2024, l’interdiction s’étendra aux Crit’air 2, soit des diesel mis actuellement en circulation. En outre, les constructeurs multiplient le nombre de modèles électriques et les tarifs s’orientent à la baisse. Chez Public LLD, nous avons d’ailleurs lancé, dès 2018, une offre de transition énergétique : l’électrique au prix du thermique », développe Aurélien Talon.
La LLD pour électrifier ?
Pour Fatec, Jean-Guilhem de Lanlay avance un autre argument : « Des collectivités abandonnent le garage en interne lors de l’introduction de modèles électriques car leur maintenance et leur réparation nécessitent des habilitations spéciales. Et ces véhicules doivent de plus en plus passer par les garages constructeurs pour des raisons de garantie des batteries. D’autres nous confient uniquement leurs véhicules électriques. »
Dernier argument mis en avant par Aurélien Talon : « Avec le plan de relance et les bonus sur l’électrique, c’est le moment idéal pour se mettre à l’électrique. En revanche, les collectivités bénéficient d’un certain nombre de subventions, versées par exemple par des syndicats d’électricité, mais celles-ci ne concernent que les acquisitions. Cela freine la LLD mais aussi la transition énergétique, alors que les véhicules électriques doivent être renouvelés assez rapidement pour bénéficier des avancées technologiques très rapides », conclut ce responsable. Faites vos comptes…