Soumises à des impératifs d’électrification du fait de la LOM et de la mise en place des ZFE-m, les flottes du secteur public se montrent très actives pour basculer au 100 % électrique. Mais la démarche suppose de veiller à l’adoption des véhicules électriques en interne, à leur coût et à leur recharge.
Dans le cadre du Plan de relance en 2020, la Police et la Gendarmerie nationales ont passé commande d’environ 1 300 véhicules électriques et hybrides rechargeables, essentiellement des Zoé (photo), Kangoo et Master Z.E.
« Remplacer un véhicule thermique par un électrique, c’est plus compliqué que de remplacer un modèle thermique par un thermique », reconnaît Olivier Valenchon, adjoint au chef de la mission mobilité qui pilote et supervise les parcs de véhicules légers des services de l’État (hors Police et Gendarmerie), soit un ensemble de 69 000 véhicules dont 7 % (environ 5 000) sont déjà passés à l’électrique. « C’est le fruit de plus de huit ans d’électrification des parcs. Mais nous n’atteignons pas cette année les 50 % de renouvellements en véhicules à faibles émission (VFE, moins de 50 g de CO2/km), un objectif réglementaire pour nos flottes (voir...
« Remplacer un véhicule thermique par un électrique, c’est plus compliqué que de remplacer un modèle thermique par un thermique », reconnaît Olivier Valenchon, adjoint au chef de la mission mobilité qui pilote et supervise les parcs de véhicules légers des services de l’État (hors Police et Gendarmerie), soit un ensemble de 69 000 véhicules dont 7 % (environ 5 000) sont déjà passés à l’électrique. « C’est le fruit de plus de huit ans d’électrification des parcs. Mais nous n’atteignons pas cette année les 50 % de renouvellements en véhicules à faibles émission (VFE, moins de 50 g de CO2/km), un objectif réglementaire pour nos flottes (voir l’encadré ci-dessous). Car si nous avons beaucoup de véhicules en commande, un grand nombre n’est pas livré », explique Olivier Valenchon, incriminant les délais de livraison.
2021 – 2022 : l’électrique en recul dans le secteur public
Qu’il s’agisse des services de l’État, des établissements publics ou des collectivités territoriales, le rythme de l’électrification « a ralenti fin 2021 et en 2022 », confirme Olivier Rougetet, chef du département marketing véhicules de l’Ugap, la centrale d’achats principal fournisseur des flottes publiques. En 2021, ce responsable observait « une vraie dynamique, alors que 36 % des ventes totales de l’Ugap concernaient des VFE. Cette année, ce chiffre se situera entre 30 et 35 %. Nous assistons à une stagnation », poursuit-il.
Les causes de cet état de fait sont nombreuses. « La situation est particulière avec un certain nombre de pénuries, notamment de semi-conducteurs, qui provoquent un allongement des délais de livraison. Il y a donc peu de véhicules disponibles, y compris des modèles électriques. Ensuite, dans un contexte de forte inflation, les gestionnaires de flotte réfléchissent au nombre de véhicules qu’ils peuvent acquérir avec un budget contraint », justifie Olivier Rougetet.
Cette situation de pénurie électrique ne vaut pas seulement pour les flottes du secteur public. « Le marché automobile a subi un recul de 10 à 15 % et la part de véhicules à faibles émissions ne dépasse pas 16 à 17 %, contre 15 % l’an passé », ajoute Olivier Rougetet. Cependant, avec plus de 30 % d’achats de VFE, « le secteur public n’en demeure pas moins moteur », indique ce responsable de l’Ugap. Public LLD, filiale d’Arval France spécialiste des marchés du secteur public et de l’économie sociale et solidaire, note même un chiffre inférieur dans les renouvellements. « Les véhicules électriques représentent 9,5 % des renouvellements et les hybrides 24,5 % dont la moitié environ d’hybrides rechargeables, soit environ 22 % de VFE – les hybrides simples n’en faisant pas partie », pointe Frédéric Quintin, directeur commercial de ce fournisseur de l’Ugap pour les véhicules en LLD.
La Gendarmerie nationale a électrifié sa flotte cette année avec la commande de 395 Peugeot 3008 hybrides rechargeables, fabriqués et aménagés en France. Ces véhicules affichent une autonomie électrique de 56 km.
L’impact des délais de livraison
Le fleeteur Fatec, qui a obtenu auprès de l’Ugap un marché de fleet management pour gérer la maintenance des véhicules, piloter et optimiser les parcs de ses clients publics, pointe également un retard sur les renouvellements et donc sur l’électrification. Un retard lié aux « délais de livraison mais aussi aux contraintes budgétaires, pour l’achat de véhicules ou l’installation de bornes », précise Jean-Guilhem de Lanlay. Ce commercial grands comptes pour Fatec suit les flottes publiques et gère ainsi 17 000 véhicules légers, essentiellement dans des collectivités territoriales.
Dans ce parc, environ 1 000 véhicules sont électriques et 200, hybrides rechargeables, soit 7 % de véhicules électrifiés. « Mais les chiffres progressent rapidement. Il y a un an, le parc que nous gérons ne comptait que 700 modèles électriques », reprend Jean-Guilhem de Lanlay. « Mais les flottes publiques auront du mal à atteindre cette année les objectifs de renouvellements en véhicules propres », observe ce responsable.
Un constat que partage Olivier Rougetet pour l’Ugap. Parallèlement aux quotas de renouvellement en VFE, les flottes publiques, tout comme les entreprises, font aussi face à l’instauration des zones à faibles émissions-mobilité (ZFE-m). « Alors que ces parcs publics, essentiellement en achat, sont vieillissants, les ZFE-m, en excluant les véhicules Crit’air 5, puis 4 et 3, incitent aux renouvellements. Et la règle des 30 % de VFE ou des 50 % pour l’État et les établissements publics s’applique. Cela accélère l’électrification, estime Jean-Guilhem de Lanlay pour Fatec. Les véhicules que nous gérons ont une moyenne d’âge de sept ans mais la tendance est à la baisse, en raison entre autres de ces contraintes liées aux ZFE-m. »
Au temps des ZFE-m…
Le basculement est net dans les flottes soumises aux ZFE-m. « Mais quand on en prend un véhicule en LLD pour 36 à 48 mois, il sera mis à la route alors que les règles des ZFE-m se seront durcies vu les délais de livraison », avertit Frédéric Quintin pour Public LLD. Un raisonnement d’autant plus valable pour des véhicules en acquisition renouvelés moins souvent.
Alors que ses véhicules roulent dans les ZFE-m de Paris et du Grand Paris, Hervé Foucard, chef du service technique des transports automobiles municipaux de la ville de Paris, se dit convaincu de l’urgence du basculement des flottes du secteur public à l’électrique depuis plusieurs années. « Les collectivités qui n’ont pas anticipé les renouvellements en électrique et ne sont donc pas encore en ordre de marche vont rencontrer de sérieux problèmes », affirme-t-il. Ce responsable a déjà quasiment sorti de sa flotte tous les diesel, sauf dans les catégories poids lourds et fourgons, et a commencé à électrifier dès 2014. Pour mémoire, la ville de Paris gère un parc de 2 605 véhicules à moteur dont 576 modèles électriques, et conserve ses véhicules environ sept ans.
… le secteur public doit se mettre en conformité, avec l’électrique
À la tête de 1 402 VL dont 143 modèles électriques, Guillaume Cerdan, responsable du parc de la métropole de Lyon (59 communes), a démarré l’électrification dès 2010 avec les premières Citroën C-Zéro. Pour ce responsable, la conformité des véhicules, dont celle fourgons, aux critères de la ZFE-m constitue l’un des objectifs essentiels : « En 2026, seuls les Crit’Air 0 et 1 devraient pouvoir rouler. Actuellement, nous avons encore 450 véhicules à mettre en conformité sur 1 400 », anticipe-t-il. Pour les flottes publiques, la route est encore longue.
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