
Organisation intergouvernementale intégrée administrativement à l’OCDE et regroupant 59 pays membres, le FIT est un laboratoire d’idées pour les politiques de transport mondiales. Alors que la mesure des 80 km/h fait controverse en France, le FIT vient de publier une étude établissant une relation directe entre vitesse et accidents.
11 études de cas
Le groupe de travail permanent du FIT sur les données d’accident et leur analyse (IRTAD) a en effet réalisé onze études de cas illustrant soit une modification des limitations de vitesse, soit une mise en œuvre à grande échelle d’un contrôle automatisé. L’objectif : évaluer dans quelle mesure ces changements ont eu un impact sur les vitesses moyennes réelles et si celui-ci est conforme à ce que suggèrent les modèles théoriques.
Les cas sont issus de 10 pays : Australie, Autriche, Danemark, France, Hongrie, Israël, Italie, Norvège, Suède et États-Unis. Les principaux critères de sélection étaient la disponibilité d’études d’évaluation, incluant des données détaillées sur la vitesse moyenne, les accidents et les victimes avant et après la mise en œuvre de la mesure.
Une influence directe sur la fréquence et la gravité des accidents
Bilan : « Tous les cas étudiés révèlent une relation étroite entre vitesse et accident, révèle le FIT. Lorsque les vitesses augmentent, le nombre et la gravité des accidents augmentent de façon disproportionnée. Lorsque les vitesses diminuent, le nombre d’accident et leur gravité diminuent. »
Même si la portée géographique, la méthode d’évaluation ou encore la définition d’un accident corporel diffèrent selon les pays, « dans aucun cas, l’augmentation de la vitesse moyenne n’a été accompagnée d’une diminution du nombre d’accidents ou de victimes », affirme le FIT.
En France, notamment, 1 661 radars fixes ont été mis en place entre 2003 et 2009, complétés par 932 radars mobiles, suite à la décision du Président Chirac de faire de la sécurité routière l’une des trois grandes priorités nationales de son mandat. Et entre 2002 et 2005, la vitesse moyenne s’est réduite de 8,9 km/h sur les routes secondaires et de 7,7 km/h sur les autoroutes à deux ou trois voies à double sens. En parallèle, le nombre de décès a diminué de 25 à 35 % dans les zones rurales, de 38 % sur les autoroutes urbaines et de 14 % sur les routes urbaines.
De plus, les études de cas appuient en grande partie les résultats d’études antérieures et les modèles théoriques élaborés pour estimer la relation entre vitesse moyenne et nombre d’accidents mortels.
Vers une limitation à 70 km/h sur les routes rurales ?
En conséquence, le FIT a émis quatre recommandations à destination des décideurs politiques. Il conseille tout d’abord non seulement de réduire la vitesse sur les routes, mais également les différences de vitesse entre les véhicules.
De plus, ces limitations de vitesse doivent tenir compte des forces qu’un corps humain peut tolérer, selon les principes du « Safe system ». L’enjeu : que les erreurs humaines inévitables n’entraînent pas la mort ou des blessures graves. Le FIT estime ainsi que « les limites de vitesse raisonnables » sont de :
- 30 km/h dans les zones urbaines où cohabitent usagers vulnérables de la route et circulation automobile ;
- 50 km/h dans les zones avec des intersections et un risque élevé de collisions latérales ;
- Et 70 km/h sur les routes de rase campagne sans barrière médiane pour éviter les risques de collision frontale.
Si malgré tout une augmentation des limitations de vitesse est envisagée, le FIT recommande d’améliorer l’infrastructure et de renforcer les contrôles de vitesse pour compenser le risque accru d’accident.
Enfin, le FIT préconise la mise en œuvre de systèmes de contrôle automatisé, et notamment du contrôle tronçon, jugé efficace tant pour réduire la vitesse que pour homogénéiser la circulation.