Sepur veut supprimer les carburants fossiles de sa flotte d’ici 2025

Entreprise de collecte et de valorisation des déchets, Sepur s’est fixé l’objectif de ne plus consommer d’énergie fossile à partir de 2025. Depuis 2014, elle se met aux énergies alternatives.
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Sepur flotte 2025
Sepur veut décarboner la totalité de ses 1 000 BOM, 500 poids lourds et 500 VL d’ici 2025.

Sepur veut évacuer le pétrole de sa flotte à horizon 2025. Entreprise familiale créée en 1965 et présente dans trente départements avec cinquante agences, Sepur (Thiverval-Grignon, 78850) gère les déchets, qu’il collecte en agglomération ou en entreprise, et les biodéchets issus des espaces verts pour les trier et les valoriser. Frappé par « l’antinomie qu’il y a à être acteur de l’environnement et à brûler 12 millions de litres d’énergie fossile par an », Youri Ivanov, son président, a engagé dès 2014 son entreprise dans une démarche de mobilité verte.

Entamé alors pour 1 300 véhicules, le verdissement de la flotte concerne aujourd’hui 2 000 moteurs dont 1 000 bennes à ordures (BOM) et 500 véhicules à bras, balayeuses ou autres poids lourds, de marques Renault Trucks, Iveco ou Scania et carrossés par Semat ou Terberg, et 500 véhicules de société.

Premiers véhicules électriques

Philippe Crassous, directeur matériel et achat de Sepur

Conditionnée aux avancées technologiques, la démarche s’est développée de façon continue, mais différente selon les énergies. Pour les BOM, l’électromobilité a tout de suite séduit Philippe Crassous, directeur matériel et achat de Sepur. Mais les six BOM électriques Renault Trucks acquises en 2014 pour un contrat en Île-de-France sont restées des prototypes. En effet, « les véhicules étaient limités à 40 km d’autonomie, se souvient le directeur. Ce qui nous obligeait à découper les collectes en circuits de tournées adaptés. Et les batteries perdaient de leur efficacité dans le temps à cause de l’effet-mémoire ».

Sepur a donc réservé l’électromobilité d’abord aux véhicules de fonction et de service de la société. Depuis 2021, les 50 véhicules de la direction sont électriques et les 200 chefs d’équipe circulent en Renault Zoé. Aussi, pour alimenter ces véhicules, l’entreprise a équipé ses sites de 200 bornes de recharge AC de 22 kWh.

L’électromobilité n’a d’abord convenu qu’aux VL de Sepur.

650 BOM et camions au BioGNC ou B100

Philippe Crassous a alors réorienté la transition énergétique des poids lourds vers d’autres énergies. Ainsi, certaines BOM ont cédé la place à des véhicules Renault Trucks, Iveco ou Scania roulant au BioGNC. De plus, Sepur a conclu un accord-cadre avec Engie pour faciliter le déploiement de stations BioGNV sur les territoires qu’il dessert. Six stations sont déjà en activité et trois autres sont en construction. Le directeur achat a aussi rétrofité ses anciennes BOM Renault Trucks au biocarburant B100 et fait installer des cuves Oleo100 sur les sites. Au 1er décembre 2022, Sepur compte ainsi 400 BOM, camions à bras et VI au BioGNC et 250 BOM roulant au biodiesel.

En attendant 2025, 400 BOM et camions de la flotte de Sepur roulent déjà au BioGNC et 250 au B100.

90 km en BOM D Wide Z.E.

Depuis, Renault Trucks et Semat ont présenté à Sepur la nouvelle génération de BOM électriques D Wide Z.E. de 26 t. Le gestionnaire de déchets en a alors intégré 18 exemplaires dans son contrat d’offre pour la collecte des déchets du 13e arrondissement de Paris. « Equipées de deux packs de batteries plus puissantes et exemptes d’effet-mémoire, elles affichent une puissance de 260 kW et ont une autonomie de 90 km, explique Philippe Crassous. Ce qui leur permet d’effectuer la majorité de nos collectes sans réajustement. Récupérant aussi beaucoup d’énergie cinétique, elles assurent aisément 100 collectes par semaine, réduisant de 21 t le CO2 émis pendant ces tournées ». Le bilan environnemental de la collecte s’en trouvant nettement amélioré, la mairie du 13e arrondissement a attribué son appel d’offres à Sepur.

En acquérant 18 BOM Renault Trucks D Wide Z.E., Sepur a remporté le contrat de collecte du 13e arrondissement de Paris.

Trois nouvelles collectes électromobiles

Pour la recharge, le gestionnaire a réservé 18 bornes de recharge électrique de son site d’Alfortville à ces nouvelles BOM. « Comme elles tournent l’après-midi et en soirée, une recharge nocturne à 22 kWh suffit, précise Philippe Crassous. Mais nous avons aussi prévu une borne de 150 kWh car nos premiers retours d’expérience nous laissent déjà espérer faire une seconde tournée le matin ». D’autant que ce premier succès en a suscité d’autres.

En proposant des BOM électriques ayant 90 km d’autonomie, Sepur a remporté trois autres contrats franciliens.

« Nous dupliquons ce contrat « full electric » sur trois autres collectivités, détaille le responsable. Soit deux en Hauts-de-Seine, à Gennevilliers et Bagneux, et une à Conflans-Sainte-Honorine (78), pour un total de 35 BOM électriques ». Le directeur a déjà prévu de créer une station de recharge sur chacun des sites et entamé une renégociation du contrat de raccordement et de puissance avec son fournisseur d’électricité pour y installer un transformateur.

Energie solaire et micro-méthanisation

Philippe Crassous envisage aussi l’autoproduction électrique pour réduire la facture. « Pour les véhicules, nous recourons au rétrofit électrique de nos BOM thermiques ou au gaz de plus de cinq ans, confie-t-il. Ce faisant, nous les utilisons avec une motorisation plus vertueuse pendant les cinq à sept années de leur seconde vie. Pour l’apport d’électricité, l’énergie solaire devient une opportunité que nous aborderons en 2023. Avec les stations de micro-méthanisation des déchets ménagers que nous avons créées à Vitry-sur-Marne et à Thiverval-Grignon pour notre nouvelle offre Govalo, nous traitons plus de 2 000 t de biodéchets par an pour fabriquer du biogaz que nous utilisons pour produire l’électricité qui rechargera une partie de nos Zoé ».

Avec la micro-méthanisation entamée avec son offre Govalo pour la collecte et la valorisation des biodéchets en circuit court, Sepur produira de l’électricité pour ses VL.
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