
Pour SRP Polyservices, l’été 2021 a marqué un grand pas quand 57 eSprinter électriques ont rejoint la flotte. Une opération ambitieuse, menée grâce à une anticipation en amont. « Nous avons fait tout ce qu’il fallait pour réfléchir de A à Z à toutes les problématiques que nous pourrions rencontrer », explique David Calois, directeur d’exploitation chez ce spécialiste du nettoyage.
SRP Polyservices n’en était pas à son coup d’essai. « Nous avons commencé à verdir la flotte en 2018 avec un Nissan e-NV200 pour l’encadrement des prestations publiques et privées en milieu urbain, relate David Calois. Nous faisons de la veille technique sur nos...
Pour SRP Polyservices, l’été 2021 a marqué un grand pas quand 57 eSprinter électriques ont rejoint la flotte. Une opération ambitieuse, menée grâce à une anticipation en amont. « Nous avons fait tout ce qu’il fallait pour réfléchir de A à Z à toutes les problématiques que nous pourrions rencontrer », explique David Calois, directeur d’exploitation chez ce spécialiste du nettoyage.
SRP Polyservices n’en était pas à son coup d’essai. « Nous avons commencé à verdir la flotte en 2018 avec un Nissan e-NV200 pour l’encadrement des prestations publiques et privées en milieu urbain, relate David Calois. Nous faisons de la veille technique sur nos métiers et il était important de mesurer les aptitudes d’un véhicule électrique en autonomie et en facilité d’utilisation. » L’entreprise a ensuite acquis une Zoé en autopartage. Aujourd’hui, quatre Zoé sont conduites tous les jours par des encadrants, dont certains parcourent plus de 150 km par jour.
L’électrique en test
Puis deux Master Z.E sont arrivés en 2019-2020. « L’objectif était d’identifier les freins, les limites et les contraintes de ces véhicules en vue de nous positionner sur de futurs marchés, poursuit David Calois. Notre partenaire historique Renault nous les a prêtés pour essai et nous avons fini par les acheter. Nous avons travaillé pendant une année sur le retour de ces véhicules très bien accueillis par les deux utilisateurs. »
L’entreprise avait donc acquis une première expérience lorsqu’elle a répondu à un appel d’offres qui ne comprenait que des véhicules électriques, suite à l’arrivée à échéance de l’un de ses marchés de nettoiement de voirie.
Première étape : « Nous avons mené un comparatif avec les constructeurs qui nous ont répondu. Mais tout le monde ne nous a pas pris au sérieux quand nous avons annoncé les volumes », se souvient David Calois. En même temps, SRP Polyservices a approché Enedis et TotalEnergies pour chiffrer le déploiement de l’infrastructure de recharge sur son site de Rillieux-la-Pape, à quelques kilomètres de Lyon. Au final, l’entreprise a retenu l’eSprinter de Mercedes pour un certain nombre de caractéristiques techniques, dont la présence de plusieurs modes et niveaux de récupération d’énergie, et un volume intérieur avec une hauteur intéressante. Seconde étape : « SRP Polyservices a effectué un phasage de chantier avec TotalEnergies et son partenaire TSG, en collaboration avec le lyonnais Coirot TP. » Un véritable défi.
Le chantier de la recharge
« Choisir le véhicule a été la partie la plus simple, le plus compliqué a été de monter l’infrastructure de recharge avec les contraintes techniques du site et les délais d’Enedis. Il a fallu suivre le chantier avec tous ses aléas : nous avons posé plus de 2,5 km de câbles, avec des normes à respecter en termes de profondeur d’enfouissement, d’écart entre les fourreaux, etc. Nous avons aussi installé un transformateur, ce qui impliquait des délais de livraison », se rappelle David Calois. « Mais l’ensemble des partenaires a tenu ses engagements », se félicite ce responsable. Les travaux de raccordement ont commencé début mai 2021 et se sont terminés le 19 juillet. Les premiers véhicules ont été livrés la semaine suivante. Ils ont été aménagés à leur arrivée par Descours & Cabaud, ce qui a permis de tester immédiatement l’installation électrique et de procéder aux corrections nécessaires.
« À titre d’exemple, le dispositif de Total-Energies n’intégrait pas de solution de supervision de la recharge. Nous leur avons fait comprendre que cela était nécessaire, illustre David Calois. Nous avons eu des périodes compliquées alors que le changement de compteur n’avait pas été effectué et que le disjoncteur sautait, notamment avec les Zoé de 22 kWh. Cela met la puce à l’oreille. »
1 point de charge par véhicule
Or, les conducteurs doivent absolument pouvoir recharger. « Il faut que l’on sache s’il y a un arrêt de charge pour anticiper et apporter notre service, avance David Calois. Faire accepter ce changement, c’est prouver que nous sommes capables de réaliser nos prestations avec des véhicules et des matériels électriques tout le temps, comme avec n’importe quel autre outil. TotalEnergies réfléchit ainsi à un système d’alerte via smartphone en cas de défaut de charge ou de borne défaillante. »
Dans le détail, 29 bornes sont en service, avec chacune deux points de charge de 7 kWh, soit un par véhicule. « Nous n’avons pas opté pour le superchargeur sous peine de voir le prix du camion s’envoler, précise David Calois. Et nous avons assez d’autonomie pour effectuer les deux postes dans la journée, avec une recharge le midi pour récupérer 15 à 20 km. Cela dispense de recharger hors de notre site. » À noter que SRP Polyservices a aussi créé à cette occasion quatre points de charge en 22 kWh, ajoutés aux quatre préexistants et employés par les autres véhicules électriques.
En parallèle, SRP Polyservices a anticipé la prise en main par les conducteurs. « Courant avril, nous avons fait former par l’INSERR nos encadrants en tant que formateurs d’éco-conduite pour véhicules électriques, indique David Calois. C’était indispensable du fait des retours que nous avions des précédents modèles électriques afin d’optimiser la consommation et l’autonomie. » Ces encadrants ont ensuite formé en interne l’ensemble des conducteurs et leurs remplaçants, avec une partie théorique et deux heures de pratique par collaborateur.
Former les conducteurs
« Par ailleurs, nous avons mis les véhicules en service au fur et à mesure que nous les recevions, signale David Calois. Cela a un peu soulagé les équipes face au changement, alors que ces véhicules n’ont pas forcément le gabarit des précédents. Mais quand les choses se passent bien avec le premier conducteur, cela rassure les autres. » Ces 57 eSprinter ont aussi nécessité de revoir les procédures. « Des encadrants sont présents au retour sur le parking pour répondre aux questions et corriger des gestes. Ils contrôlent que les processus de recharge débutent dès les véhicules reviennent, que tout se passe bien et que les véhicules vont pouvoir repartir l’après-midi, résume David Calois. Nous avons assez de latitude pour faire repartir un autre véhicule, mais en tant qu’exploitant, nous aimons avoir de la stabilité. »
Le bilan
Bilan : « Pour l’instant, nous n’avons pas relevé de frein particulier. Nous avons maintenu la plage horaire d’intervention et les délais », se réjouit Davis Calois. Reste à savoir comment les véhicules se comporteront en conditions hivernales et estivales plus extrêmes. « Nous allons faire du préchauffage de cabine pendant la charge, anticipe ce responsable. La fonction sera programmée pour le début de l’hiver afin de préserver l’autonomie. » À noter : ces eSprinter, qui roulent principalement en ville et sur le périphérique lyonnais, ont été limités à 80 km.
Les coûts seront précisés dans les prochains mois. Il y a bien sûr un surcoût très important à l’achat, mais « personne ne s’engage sur l’énergie qui va être nécessaire pour faire tourner ces véhicules, avertit David Calois. Cela dépend de la conduite, du type de trajets, des saisons, etc., surtout à cette échelle. » Ce directeur d’exploitation a commencé des analyses basées sur les factures d’énergie. « Nous aurons un vrai retour au bout de trois ou quatre mois. Reste à savoir ce qu’on inclut dans le coût de l’énergie : l’infrastructure, le transformateur, les frais d’Enedis, etc. ? Le gazole était notre deuxième poste après les salaires et les coûts d’entretien devraient baisser avec l’électrique. »
L’électrique a ses limites
Et le reste de la flotte ? « Je pense qu’une partie du petit utilitaire passera à l’électrique à l’avenir selon les besoins de renouvellement, répond David Calois. Mais si l’essentiel du parc circule dans la métropole de Lyon, notre agence en Haute-Savoie intervient en haute montagne. Il est alors plus compliqué de verdir les véhicules pour des raisons évidentes de recharge et d’autonomie. Si l’hybride est envisageable, il ne faut pas se tromper en tenant compte de l’usage des collaborateurs : certains font beaucoup de kilomètres tous les jours. »
Lorsque l’électrification n’est pas possible, SRP Polyservices prévoit de basculer tous ses diesel en essence. « Malgré tout, une partie des véhicules de collecte et des balayeuses, pour lesquels nos marchés dureront encore plusieurs années, resteront en diesel faute de solution adaptée », regrette David Calois. En attendant les prochaines avancées technologiques.