Pour piloter la recharge de leurs véhicules électriques et en assurer le suivi, les flottes peuvent miser sur un logiciel de supervision. « C’est un bon outil pour suivre en temps réel les consommations et les usages, ou redémarrer la borne à distance. À l’échelle nationale, cette plate-forme offre aussi une visibilité sur tous nos points de recharge », expose Amélie Ranaivajaona, responsable RSE et logistique urbaine de DPD France.
La flotte de ce spécialiste de DPD France comprend 3 000 VU dont 400 véhicules électriques, avec 730 points de charge électrique, répartis dans une quarantaine de sites du groupe en France. Et cette responsable de rappeler : « Auparavant, nous avions plusieurs logiciels de supervision parce que nous avions plusieurs fournisseurs de bornes. Mais nous travaillons pour bénéficier à terme d’une seule plate-forme afin de visualiser nos installations sur chaque site. »
Quelle supervision ?
Côté utilisateurs, DPD France a mis en place des badges pour la recharge. « Pour l’instant, nous n’avons pas de système de réservation et nous attribuons une borne à un nombre défini de véhicules. Nous sélectionnons les véhicules qui y ont accès. Avec cet accès, nous pouvons identifier et suivre les consommations liées aux véhicules », reprend Amélie Ranaivajaona. À noter que chez DPD France, le logiciel de supervision n’indique pas combien coûte la recharge, bien que certaines bornes puissent remonter cette information. « Nous récupérons la tarification au kWh et nous ramenons cela à la consommation des véhicules. Nous avons observé que le prix du kWh a triplé. Ainsi, nous estimons que le coût de la recharge sera multiplié par trois en 2023 », ajoute Amélie Ranaivajaona.
Pas non plus de système de réservation de bornes pour le conseil départemental des Yvelines. « Notre logiciel de gestion des véhicules GIR est relié à des armoires à clefs (gestion des clefs, réservation de véhicules, kilométrages, anomalies, etc.). Nous avons un logiciel de supervision pour gérer les bornes mais nous n’avons pas d’outil pour le suivi des consommations », note Christine Galland, directrice des moyens généraux. Cette collectivité s’appuie sur 244 bornes, complétées prochainement par 69 bornes. La flotte comprend 530 VP et VUL de service, dont 241 véhicules électriques et 17 hybrides rechargeables, en incluant les futures commandes.
Des outils pour le suivi de la recharge : de la consommation…
Christine Galland poursuit : « En revanche, nous pouvons regarder le temps de recharge et savoir par la suite combien nous avons consommé d’électricité. Aujourd’hui, ce n’est pas notre cœur de métier et nous ne suivons pas forcément les consommations car nous suivons déjà beaucoup de choses. Mais nous savons que nous pouvons le faire. Le service qui s’occupe de l’installation des bornes nous a créé un tableau pour calculer le coût au kWh en fonction du temps de recharge du véhicule. Mais nous n’avons pas réalisé de travail statistique sur ce sujet à ce jour », précise Christine Galland.
… aux coûts
Au sein du Crédit Agricole des Savoie, le suivi des consommations n’est pas non plus encore d’actualité. « Nous n’avons pas jusqu’ici piloté vraiment la recharge mais des données sont remontées pour un futur pilotage. Nous n’avons pas non plus de système de pilotage de l’énergie de nos bornes mais nous allons sûrement aborder ces sujets dans notre plan d’actions pour 2023 », anticipe Christophe Compassi, responsable du service logistique de cet établissement. Le suivi des coûts de la recharge sur les sites ne constitue pas non plus une préoccupation pour l’instant.
« Nous ne pouvons pas maintenant estimer ce coût, sans compter qu’il variera en fonction des hausses de l’énergie. Notre approche est : quels sont nos besoins et quels seront ceux à l’avenir ? Nous n’intégrons pas les infrastructures dans le TCO et nous ne nous soucions pas de la rentabilité de nos installations à date. En effet, nous nous attachons davantage à notre action RSE (responsabilité sociétale des entreprises) qu’à une rentabilité qui passe au second plan », avance Christophe Compassi. La flotte du Crédit Agricole des Savoie compte 48 véhicules dont 17 électriques et 23 PHEV. Trente bornes doubles, soit 60 points de recharge, ont été installées pour les recharger.
Quel coût pour l’infrastructure ?
Il en va de même pour le conseil départemental des Yvelines. « Il est trop tôt pour déterminer si nos infrastructures sont rentables car nous ne sommes pas en capacité de calculer précisément leurs coûts en incluant les consommations. Toutefois, nous pouvons considérer qu’elles ne sont pas encore rentabilisées, dans la mesure où les coûts de l’électricité augmentent tout comme le prix à l’unité des bornes, mais cela n’a pas dissuadé la direction générale de continuer à électrifier. Dans ce contexte, nous allons suivre l’évolution des prix de l’énergie », annonce Christine Galland.
À ce propos, cette responsable déconseille la recharge en itinérance. « Nous avions autorisé quelques véhicules de collaborateurs à employer des cartes de recharge du fait des spécificités de leur métier, mais cette option est vraiment coûteuse. Il vaut mieux recharger sur site car il n’y a pas de commission. Sur les réseaux publics de recharge, puisque le marché est libéralisé, les prestataires appliquent les tarifs qu’ils veulent et souvent sans transparence », prévient Christine Galland.
Chez DPD France, les badges de recharge n’ont pas été paramétrés pour la recharge en itinérance, sauf pour des véhicules bien identifiés. « Et nos VU sont des véhicules de service : la question de la recharge à domicile ne se pose donc pas », rappelle Amélie Ranaivojaona.
À domicile plutôt qu’en itinérance
La recharge en itinérance reste aussi à éviter pour le Crédit Agricole des Savoie qui réfléchit à la recharge à domicile pour limiter les coûts. « Les collaborateurs bénéficient d’un tarif préférentiel avec une identification par badge. Ce badge ne permet pas d’aller se recharger sur les bornes publiques en itinérance. Nous avons aussi ouvert gratuitement les bornes à nos clients. Simplement, nous nous demandons s’il ne serait pas préférable pour les collaborateurs de recharger chez eux. De fait, les entreprises n’ont pas de bouclier tarifaire comme les particuliers. Avec leur abonnement, les collaborateurs auront un prix au kWh toujours plus intéressant que celui de l’entreprise », conclut Christophe Compassi. À méditer.