
Diminuer les coûts de sa flotte passe bien souvent par une adéquation plus étroite entre les missions des collaborateurs et les véhicules. Un objectif confirmé par DHL France, pour ses 1 400 véhicules légers dont la moitié de VU. Le fil conducteur de Laurent Zerafa, responsable de la flotte : une action non sur le TCO du véhicule, qui varie très fortement selon les tournées, mais bien sur le coût total par colis livré. Le département opérations de l’entreprise de livraison organise ainsi les tournées : « L’idée est d’exploiter au mieux toute la capacité de chargement de l’utilitaire pour éviter les kilomètres à vide », a précisé Laurent Zerafa.
Pour les VP, tout l’enjeu est de proposer aux collaborateurs de DHL un véhicule avec le meilleur niveau de service au moindre coût, grâce à une collaboration avec le département RH. « Et chaque année, nous sommes challengés par la direction financière pour maintenir un TCO constant », a rappelé le responsable.
Problématiques et raisonnement similaires chez Kone, autour d’un parc de 3 000 véhicules dont 2 600 VU. L’objectif : maîtriser au mieux le coût de cette flotte, avec des modèles adaptés aux missions des conducteurs. L’ascensoriste a, à titre d’exemple, déployé 150 deux et trois-roues dans les villes sujettes aux embouteillages comme Marseille ou Paris.
Le TCO demeure la pièce maîtresse
Mission identique pour SNCF : l’entreprise publique, avec 17 000 véhicules dans 400 entités, a créé il y a deux ans une cellule corporate de pilotage du parc dirigée par Isabelle Reboul. Sa mission : gérer cette flotte avec des politiques globales qui s’appuient sur la trentaine de gestionnaires de parc répartis dans l’Hexagone.
« En dialoguant avec chacune des branches pour identifier les besoins des collaborateurs, nous choisissons des véhicules selon les besoins réels », a exposé Isabelle Reboul. Chaque gestionnaire dispose par ailleurs d’un outil de calcul du TCO, développé par SNCF, pour l’assister dans ses choix. Avec la possibilité de comparer plusieurs modèles. « Le volume de notre parc doit être en adéquation avec les besoins de la production. Nous ne cherchons pas la réduction pour la réduction « , a poursuivi la responsable. Et pour SNCF, cette notion de TCO doit s’élargir au TCM (total cost of mobility), concept qui intègre notamment les frais liés aux autres modes de déplacement avec les indemnités kilométriques ou encore la location courte durée.
De façon générale, l’optimisation vise aussi à limiter le poids de la fiscalité et les rejets de CO2. « Les constructeurs ont fait d’importants efforts pour faire reculer le CO2 et les consommations, ce qui a permis aux gestionnaires de parc de s’y retrouver à la fois dans la fiscalité et dans le carburant « , a résumé Olivier Dumain, directeur des ventes aux entreprises de BMW Business Drive.
La fiscalité au cœur des préoccupations
Directeur des achats indirects de Kone France, Patrick Beyer ne dit pas autre chose pour ses 180 VP : « Nous concilions notre objectif de baisse du CO2 avec celui de la réduction de 3 % de nos coûts fixes et variables. La flotte, grande contributrice, représente un tiers de ces 3 %. » Le grammage moyen de la flotte de Kone se maintient à 132 g, VP et VU confondus.
Chez DHL, le TCO s’impose aussi comme fil conducteur : l’entreprise s’est engagée à diminuer le coût total de ses VU de 4 % et à garder stable celui des VP. Et ceci malgré une fiscalité changeante, avec la hausse de la TVS, du malus, et la limitation du bonus. Un des moyens de respecter ces objectifs, porter une attention particulière au CO2 : les VP affichent une moyenne de 112 g, contre 200 g pour les VU de 3,5 t, grâce à des modèles choisis pour leurs équipements tels que le Start & Stop, le régulateur de vitesse et les pneus à basse résistance au roulement.
« Nous avons un vrai intérêt à travailler le CO2 : le niveau des émissions est directement lié aux bonus-malus mais aussi à la consommation », a pointé Laurent Zerafa. Un raisonnement en cohérence avec le programme GoGreen de DHL, qui vise une baisse de 30 % des émissions d’ici 2020 par rapport à 2007.
Un des moyens d’influer sur la consommation et donc in fine les émissions : les motorisations alternatives. C’est le choix fait par DHL qui a intégré dans son parc quatre Kangoo Z.E. de 4 m3. « Nous adaptons les véhicules aux tournées : pour assurer l’autonomie, nous ciblons les tournées de moins de 50 km, soit environ 20 % des tournées », a expliqué Laurent Zerafa.
Le vert est bien entré dans les flottes
Une introduction de modèles alternatifs qui ne se fait pas au détriment du respect du budget alloué à la flotte : « Le TCO des Kangoo Z.E équivaut à celui des modèles thermiques similaires. En revanche, la comparaison ne tient plus avec une charge utile plus importante : un véhicule électrique de 3,5 t sera deux à trois fois plus cher qu’un homologue thermique », a complété le responsable.
DHL compte donc aussi sur ses sous-traitants : ces derniers emploient davantage de véhicules de petits volumes, un segment avec une offre électrique diverse et abordable. Depuis environ trois ans, ces sous-traitants intègrent des deux-roues et tricycles électriques ou micro véhicules de type Goupil, Muses ou Helem, employés pour les villes à la circulation chargée. Depuis deux ans, DHL teste aussi des hybrides Toyota et Peugeot, avec une efficacité conditionnée à un usage urbain.
À propos de ces motorisations alternatives, quelques mots sur les réalisations de l’État. Dans le cadre du plan de soutien à la filière automobile, l’État s’est donné comme objectif d’intégrer dans ses achats 25 % de véhicules électriques ou hybrides, soit un total de 700 modèles. Un engagement dépassé : en 2013, 700 hybrides et 500 électriques ont rejoint le parc.
« Les utilisateurs sont très favorables à ces technologies. Pour 2014, tout l’enjeu sera de se poser davantage la question des besoins et des usages, une réflexion que nous n’avons pas pu avoir en amont « , a souligné Jean-Pierre Sivignon, chef de la mission interministérielle du parc de l’État.
Certaines sociétés ont fait le pari de l’électrique en auto-partage, à l’image de DHL qui met à la disposition de ses salariés une Zoé en pool à Paris. Mais qu’il soit électrique ou non, l’auto-partage est surtout vu comme un levier d’optimisation : « Pour SNCF, l’auto-partage constitue un axe de performance, notamment financier, car il renforce l’utilisation des véhicules », a confirmé Isabelle Reboul.
L’auto-partage comme piste à suivre
Un fonctionnement amené à se développer à l’avenir selon Olivier Dumain de BMW Business Drive : « Si le véhicule en auto-partage peut être vécu comme une contrainte pour certains, ce n’est plus le cas pour les moins de 35 ans. Pour cette génération, la notion de propriété devient obsolète. »
Conduire différemment et dispenser aux collaborateurs les règles d’une conduite plus responsable relèvent aussi des missions des gestionnaires de parc, avec à la clé un impact positif sur l’accidentologie. Dans cette optique, SNCF pousse chacune de ses entités à identifier les risques et les causes de sinistralité dans leur périmètre afin de mieux cibler les actions à mener.
Stratégie identique chez Kone qui dispense des séances de formations adaptées au profil de chaque conducteur, sur les bases d’indicateurs individuels de suivi. Et l’entreprise compte aller plus loin avec, à partir de janvier 2014, des formations itinérantes d’éco-conduite et de prévention des risques routiers pour les dix conducteurs les moins performants par région.
L’éco-conduite pour réduire l’accidentologie
De son côté, DHL a opté pour des formations sur simulateur afin de toucher le plus grand nombre. « Nous formons l’ensemble de nos collaborateurs, y compris ceux qui ne possèdent pas de véhicule de fonction ou de service. Nous contribuons ainsi à diminuer les impacts également sur les trajets domicile-travail, ce qui va dans le sens de notre programme GoGreen », a relaté Laurent Zerafa. En deux ans et demi, près de 90 % des collaborateurs de DHL ont été formés aux bonnes pratiques de conduite.
Ils étaient présents
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