À l’heure où mobilité, pollution et sécurité sont devenues des enjeux politiques majeurs, d’autres outils de mesure sont apparus en complément du TCO : ce sont les fameux TCO conducteur et TCM. Leur usage devrait se répandre avec l’arrivée du plan de mobilité, rendu obligatoire pour les entités de plus de 100 salariés à partir du 1er janvier 2018.
Par rapport au TCO véhicule, le TCO conducteur vient ajouter un certain nombre d’éléments variables en fonction de l’utilisateur, à l’image de la gestion des accidents ou de celle des amendes. Un paramètre par nature difficile à évaluer : le temps perdu.
Source : réalisé à partir du TCO Scope, OVE.
« Le TCO conducteur peut être nouveau pour certaines entreprises. Il consiste à regarder comment le comportement du conducteur va influencer le coût d’usage », expose Barbara Gay, directrice du consulting chez le loueur Arval France. Il est généralement présenté comme un troisième niveau du TCO, après le TCO véhicule et le TCO flotte. Et son impact est loin d’être négligeable.
Selon l’Observatoire du Véhicule d’Entreprise (voir le schéma ci-dessus), le comportement du conducteur peut majorer nettement le coût d’usage. La sinistralité va toucher l’assurance, la consommation va influencer le budget carburant, et le comportement de conduite peut...
« Le TCO conducteur peut être nouveau pour certaines entreprises. Il consiste à regarder comment le comportement du conducteur va influencer le coût d’usage », expose Barbara Gay, directrice du consulting chez le loueur Arval France. Il est généralement présenté comme un troisième niveau du TCO, après le TCO véhicule et le TCO flotte. Et son impact est loin d’être négligeable.
Selon l’Observatoire du Véhicule d’Entreprise (voir le schéma ci-dessus), le comportement du conducteur peut majorer nettement le coût d’usage. La sinistralité va toucher l’assurance, la consommation va influencer le budget carburant, et le comportement de conduite peut également accélérer l’usure et augmenter les frais d’entretien. La sensibilisation des conducteurs va donc influer sur le coût d’usage.
Le TCO conducteur, outil complémentaire
S’intéresser au TCO conducteur constitue une étape nécessaire pour lancer des actions adaptées, telles des formations à l’éco-conduite et à la sécurité routière, mais aussi un ajustement des modes de management. « Nous regardons le TCO conducteur tous les six mois, cela ne présente pas d’intérêt de le faire plus fréquemment. Nous observons le comportement des différents collaborateurs et proposons des axes d’amélioration à la DRH », précise Alexandre Jenn, directeur financier qui gère les 35 véhicules du spécialiste des solutions de communication Ascom France (voir le reportage).
Si la grande majorité des entreprises prennent en compte le comportement de leurs collaborateurs à l’échelle de la flotte, la partie conducteur reste rarement intégrée au calcul des coûts de détention car difficile à évaluer. « Pour le moment, nous n’envisageons pas de calculer de TCO conducteur. C’est compliqué à construire. En outre, certains de nos conducteurs conduisent aussi des bus et nous avons souvent des conducteurs occasionnels. L’intérêt est donc limité pour nous, contrairement à une entreprise de transport », rapporte Angélique Pluta, chef du bureau des véhicules de la gamme commerciale du ministère des Armées (voir le reportage).
« Nous n’intégrons pas la sinistralité par conducteur : cela prendrait un temps fou, d’autant que l’assurance est mutualisée, renchérit Jean Ménétrier, directeur achats et immobilier d’Assystem France, spécialiste de l’ingénierie et du conseil en innovation, à la tête de 1 450 véhicules. La seule chose que nous suivons, ce sont les conducteurs multirécidivistes. Cela n’a pas forcément de sens pour les autres » (voir le témoignage de Jean Ménétrier).
En effet, la mise en place du TCO conducteur, comme de tout outil de mesure, suppose un coût. « Aujourd’hui, l’influence du conducteur peut se mesurer de manière chiffrée, confirme Barbara Gay pour Arval. L’un des meilleurs moyens reste la télématique : sans outil, il est difficile de suivre une évolution. »
À l’échelle de la flotte, le TCM (Total Cost of Mobility) ou coût total de mobilité est la somme des coûts directs et indirects liés au véhicule, à son conducteur et à la gestion interne du parc. Mais cet outil peut être étendu et s’intéresser à la mobilité de l’ensemble des salariés de l’entreprise.
Une mesure pour le TCO conducteur
Le pari est rentable, assure cette consultante, à condition de bien analyser les données : « Si une entreprise investit dans l’analyse du comportement des conducteurs, il est important d’avoir une photo avant-après via les données des boîtiers télématiques. Les résultats correspondent à la règle des 80-20 : 20 % des collaborateurs génèrent 80 % des coûts les plus élevés, tant pour la sinistralité que la consommation. Il est intéressant de faire un point après 12 à 18 mois d’activité avec la télématique. C’est une démarche sur la durée mais extrêmement payante en termes économiques et de sécurité. »
Reste la question de l’utilisation des résultats obtenus : « Aujourd’hui, nous ne calculons pas de TCO conducteur. Mais il faudrait y arriver à une ou deux conditions, nuance Régis Tersiquel, responsable administratif et financier qui suit les 20 véhicules de la société de services informatiques Pygram. Ce n’est pas intéressant de faire seulement un calcul, il faut lui trouver une utilité et que cela soit juste. Il faut donc soit une incitation – mais pour moi c’est la base que le conducteur n’ait pas d’accident –, soit des pénalités en cas d’accident. Mais le salarié maîtrise-t-il tout dans son TCO ? » (voir aussi le reportage sur Pygram).
Au-delà du TCO conducteur, le TCM ou coût total de mobilité représente une dimension supplémentaire de l’évaluation des coûts de la flotte. « Les entreprises les plus avancées peuvent s’intéresser à la mobilité globale de leurs collaborateurs et pas seulement à la mobilité automobile. L’idée est de travailler sur toutes les solutions multimodales pour bénéficier d’une image concrète et transparente de l’ensemble des coûts », commente Barbara Gay pour Arval.
Le TCM ou la mobilité à l’échelle de l’entreprise
Pour cette dernière, une telle démarche permet ensuite de mener une réflexion sur des solutions comme l’autopartage, sur des usages différents des véhicules, sur un renforcement du recours aux transports en commun ou sur la rationalisation des places de parking. Mais cela implique aussi de relier les politiques flotte et voyages pour établir des règles, comme celle de limiter l’emploi de la voiture au-delà d’un certain nombre d’heures de trajet. Une démarche suivie par Ascom qui a intégré la charge CO2 au TCO de sa flotte pour comparer les modes de transport (voir le reportage sur Ascom France).
Avec l’entrée en vigueur du plan de mobilité obligatoire en 2018 pour les entités de plus de 100 salariés, les sociétés devront de surcroît s’intéresser aux déplacements domicile-travail de l’ensemble des collaborateurs. Et le TCM peut même inclure les dynamiques inter-entreprises dans le cadre des plans de mobilité urbains.
Mieux communiquer en interne
Au final, il s’agit de créer une dynamique et un véritable projet d’entreprise pour réunir toutes les parties prenantes : DRH, direction financière, directions opérationnelles métiers et directions des achats – ce qui n’est pas toujours évident. « Quelle que soit leur taille, les entreprises peuvent relever ce défi, la démarche du plan de mobilité peut les aider », souligne Barbara Gay.
Ainsi, chez le spécialiste de la restauration collective Elior, les 3 000 véhicules restent gérés séparément. « Nous ne calculons pas de TCM. La mobilité entre dans le cadre de notre politique voyages qui fixe des règles précises de fonctionnement. Nous pourrions additionner TCO et coûts des voyages mais cela ne présente pas d’intérêt pour la gestion de parc », argue Éric Schwartz, directeur administratif et financier au sein du groupe (voir le reportage sur Elior).
À l’inverse, la société de BTP Avenel travaille actuellement sur le TCM pour ses 229 véhicules : « Je suis en train de chercher à faire évoluer mon service pour prendre la responsabilité de la mobilité des collaborateurs et intégrer l’éco-mobilité dans notre système », relate Julien Pouymayon, responsable QSE et logistique (voir son témoignage).
Ce dernier prévoit d’aller encore plus loin dans l’évaluation des coûts à l’échelle de l’entreprise : « Dans mon giron, j’ai aussi les bâtiments : je suis en train de développer un TCO bâtiment sur le modèle du TCO véhicule. L’approche du véhicule se transpose facilement aux autres infrastructures tels les bureaux. À terme, j’espère que nous aurons des TCO conducteur, bâtiment et outils, qui alimenteront un TCO collaborateur. »
Aller au-delà du TCO conducteur
Pour Assystem France, Jean Ménétrier ne dit pas autre chose : « Nous promouvons autant que possible les alternatives à la voiture individuelle. À l’avenir, il y aura donc une diminution potentielle du parc. De fait, la rentabilité d’une flotte est un gouffre économique : les véhicules ne servent à rien 96 % du temps. Cela nous pousse à les mutualiser, via le covoiturage et l’autopartage, ce qui restreint aussi la volumétrie du parc. Avec les évolutions sociétales et économiques, on parlera de moins en moins de flotte », conclut Jean Ménétrier. En revanche, les besoins de mobilité, et avec eux la nécessité d’une gestion optimisée, ne disparaîtront pas.
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