Christian Gardin, directeur logistique, garage et festivités à la ville de Lyon et titulaire d’un DUT génie mécanique, gère un parc de 828 VL et VU mais aussi quelque 400 engins et matériels divers, de la benne à la surfaceuse de patinoire. Précédemment, il a travaillé à la production de démarreurs et d’alternateurs chez Valeo.
« Nous ne fonctionnons pas en location longue durée mais en acquisition, explique Christian Gardin. Nous devons définir précisément des besoins techniques et divers, et les types de maintenance à mettre en place dans notre atelier en interne qui réalise 3 600 interventions à l’année. Cela nécessite une bonne connaissance du parc et des matériels pour être performant » (voir notre dossier).
Les contraintes sont similaires pour Bernard Pastor, chef d’atelier mécanique de l’Aéroport Marseille Provence, une dénomination qui devrait changer pour celle de responsable-gestionnaire de parc, plus adaptée à l’évolution de sa fonction.
L’importance des garages internes
« J’ai notamment en charge l’atelier mécanique et ses quatre techniciens car l’entretien est effectué en interne du fait de la technicité de certains engins et de la nécessité de disposer d’un matériel opérationnel 24 heures sur 24. Seule exception : les véhicules légers au cours des premières années de garantie », décrit ce responsable entré dans l’entreprise en 1986 avec un BTS d’exploitation des véhicules à moteur. Bernard Pastor gère 104 véhicules et engins (engins incendie, nettoyage des pistes, etc.) dont 88 véhicules légers, pour moitié en LLD. « Ce poste nécessite des compétences techniques pour trouver les bonnes solutions face aux besoins. Par exemple, nous avions investi dans un véhicule équipé d’une boîte automatique pour le service balisage des pistes, mais celle-ci n’était pas compatible avec nos équipements complémentaires. Nous avons dû résoudre le problème en nous rapprochant d’autres constructeurs. De même, nous sommes amenés à ajouter des équipements spécifiques aux véhicules, comme des rampes de signalisation ou du matériel d’effarouchement nécessaire à la lutte animalière sur les pistes », détaille Bernard Pastor.
« Il faut coller au métier. Si je ne sais pas à quoi va servir le véhicule, comment il va être employé, je peux vite faire fausse route », souligne de son côté Carlos Simoes qui a fait toute sa carrière à la SNCF et pilote le parc de SNCF Réseau, un des trois EPIC du groupe, soit 15 000 véhicules. En collaboration avec la cellule CSP Parc Auto, il anime aussi un réseau de 23 correspondants dans toute la France. « Ce poste nécessite une bonne connaissance de l’entreprise et des activités pour prendre les bonnes décisions de pilotage, construire un parc cohérent », ajoute-t-il.
Une bonne connaissance des besoins
Pour Christian Gardin, « l’analyse des besoins doit être optimale. L’objectif est de mettre à disposition des agents le bon véhicule selon l’utilisation, pour leur permettre d’exercer leurs missions plus simplement et efficacement. Ce qui nécessite de bien connaître les activités et d’être au plus près des utilisateurs, quitte parfois à les pousser dans leurs retranchements pour connaître à fond leurs besoins et les caractéristiques techniques nécessaires, et définir au mieux les cahiers des charges. »
Pour Carlos Simoes, il faut « de la rigueur, de la disponibilité et de l’implication » du fait de la diversité des tâches. « Je réalise des études, je possède une fonction de conseil et d’expertise sur le choix des véhicules, de gestion du budget, je déploie les contrats-cadres de location et d’achat, je suis les dossiers concernant les investissements de type acquisition de poids lourds, etc. », énumère ce gestionnaire. Carlos Simoes met aussi en avant « de nécessaires connaissances réglementaires pour garantir la conformité du parc, et son rôle d’auditeur dans les établissements afin de mener des actions préventives et curatives en matière de conformité au Code de la route. » Quant au suivi technique, il est confié à un fleeter mais « il faut assurer l’interface ». Enfin pour l’animation des réseaux locaux, « il faut des compétences de communication et d’animation pour diffuser sur le terrain la politique du parc », complète ce responsable.
Christian Gardin, qui a intégré 42 véhicules électriques dans la flotte de la Ville de Lyon, insiste sur « la nécessité d’être à l’écoute pour chercher des technologies innovantes, sans se fermer aux expériences. Nous avons l’électrique et l’hydrogène pointe son nez. Un bon gestionnaire de flotte est aussi un bon diplomate pour faire passer de nouvelles actions parfois contraignantes : il faut savoir les vendre. »
Des gestionnaires vecteurs d’innovation
Ainsi, il a fallu vaincre les réticences des agents avec l’électrique. Mais ces actions se révèlent payantes : « Nos consommations de carburant ont reculé de 20 % en six ans et la taille de la flotte de 10 %, tout en améliorant la qualité du service. Aujourd’hui, nous travaillons sur les déplacements professionnels des agents. Il s’agit d’établir des pools, de l’autopartage, de proposer des vélos pour les courtes distances et donc de faire évoluer les agents vers d’autres modes de mobilité », expose Christian Gardin.
Carlos Simoes estime que « les outils digitaux et la télématique embarquée vont aussi changer le métier. Notre rôle d’accompagnement sur le terrain, pour modifier les habitudes et déployer les bonnes pratiques, va prendre une dimension accrue. C’est un métier très vaste et très riche, entre autres dans le domaine des relations avec le terrain, et il faut être nourri de multiples expériences pour l’exercer au mieux », conclut Carlos Simoes.