
Le véhicule autonome est à la mode. Il ne se passe pas un mois sans qu’un constructeur ou un équipementier ne présente un démonstrateur, une technologie censée rendre possible le fonctionnement autonome ou un concept-car évidemment capable de rouler tout seul.
Les camions s’y mettent aussi, avec le tout dernier projet Mercedes-Benz Freightliner Inspiration, avec des tests grandeur nature aux États-Unis. La Californie a aussi autorisé des tests semblables sur ses routes et ces derniers mois, on a même pu y recenser les premiers accidents (mineurs) impliquant des voitures autonomes, mais non responsables, en l’occurrence des Google Cars.
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Le véhicule autonome est à la mode. Il ne se passe pas un mois sans qu’un constructeur ou un équipementier ne présente un démonstrateur, une technologie censée rendre possible le fonctionnement autonome ou un concept-car évidemment capable de rouler tout seul.
Les camions s’y mettent aussi, avec le tout dernier projet Mercedes-Benz Freightliner Inspiration, avec des tests grandeur nature aux États-Unis. La Californie a aussi autorisé des tests semblables sur ses routes et ces derniers mois, on a même pu y recenser les premiers accidents (mineurs) impliquant des voitures autonomes, mais non responsables, en l’occurrence des Google Cars.
Des prototypes autonomes et prometteurs
Toujours Outre-Atlantique, l’équipementier Delphi vient d’effectuer une traversée de la côte Ouest à la côte Est avec une Audi Q5 bardée d’équipements pour la conduite autonome. La voiture a roulé en mode autonome 99 % du temps sur les neuf jours de route, et tout au long des 5 500 km reliant San Francisco à New York. De quoi battre… Audi qui, en ouverture du dernier Salon de l’électronique de Las Vegas, le CES, avait fait parcourir 900 km à des A7 autonomes.
Alors que des constructeurs comme Audi donc, BMW, Ford ou Mercedes-Benz s’offrent une présence très symbolique dans le temple des technologies qu’est le CES et que la plupart des grands groupes possèdent un centre de R&D au cœur de la Silicon Valley, les géants des nouvelles technologies, eux, font le chemin inverse et s’intéressent de près à la voiture depuis qu’elle est promise à un fonctionnement autonome.
La Google Car poursuit ainsi sa progression, bien qu’elle n’en reste pour le moment qu’au stade d’un prototype de voiturette urbaine. Des rumeurs de plus en plus persistantes donnent Apple comme prochain géant high-tech à se pencher sur le sujet.
Des mélanges de genres impensables il y a dix ans, et incarnés par l’expérience Tesla : des voitures électriques promises à un avenir autonome et construites par un des hérauts des nouvelles technologies, Elon Musk (co-fondateur de PayPal).
Les géants des technologies en embuscade
Amateur de coups de communication provocateurs, Elon Musk a d’ailleurs récemment déclaré qu’un jour, on pourrait voir arriver une interdiction de conduire, lorsque la voiture autonome serait devenue la norme… En attendant, à coup de mises à jour, sa Tesla Model S, dans ses dernières versions équipées des radars et capteurs adéquats, sera capable à terme de phases de conduite autonome.
Autre acteur hors constructeurs, le géant américain des voitures de tourisme avec chauffeur Uber a signé tout récemment un partenariat avec l’université Carnegie Mellon de Pittsburg spécialisée dans la robotique. Le but ? Travailler sur le développement de voitures autonomes, de quoi imaginer les projets à longue échéance de la marque qui dispose de moyens immenses depuis qu’elle est valorisée à 40 milliards de dollars.
Pendant ce temps en Chine, Volvo, qui appartient au chinois Geely, lance son projet de voiture autonome à Pékin, devant des décideurs locaux bien sûr, mais aussi devant le premier ministre suédois. À Göteborg, Volvo prépare un programme de tests grandeur nature en 2017, où 100 voitures rouleront en phases autonomes de conduite et de parking.
Les autres constructeurs sont tous sur les rangs, ou presque. Mercedes-Benz a présenté à Las Vegas un concept-car entièrement autonome et électrique, le F015, avec un habitacle cocon pensé pour accueillir uniquement des passagers. Mais il reste la possibilité de reprendre la main sur les commandes.
BMW s’apprête à tester une solution autorisant des changements automatiques de file sur un parcours de 500 km d’autoroute entre l’Allemagne et l’Italie, avant une mise en production prévue dans les trois à cinq ans. Le constructeur bavarois s’est aussi associé avec Baidu, le Google chinois, pour développer des solutions autonomes, notamment pour ce marché très prometteur.
Les constructeurs ont des projets à foison
Pour sa part, PSA Peugeot Citroën vient tout juste d’annoncer un partenariat avec IBM pour renforcer son offre de services connectés. Une collaboration qui devrait contribuer à mieux préparer le groupe à l’arrivée de fonctions autonomes.
PSA participe également à la mise en place d’une chaire de recherche internationale à Mines Paris Tech dans les secteurs automobile et aéronautique, dénommée « Conduite automatisée – Drive for you », en partenariat avec Safran et Valeo. Ces deux équipementiers développent leur solution de conduite autonome nommée Drive4U, avec des véhicules bardés de capteurs (caméras, radars, ultra-sons, laser scanner, centrale à inertie). L’objectif est de calculer avec des redondances, comme en aéronautique, les facteurs de conduite afin d’assurer une sécurité maximale.
Renault, de son côté, le rappelle dans un film tout récent : la voiture de demain sera connectée, autonome (et électrique)… La marque a déjà mis en avant un concept sur la base de la Zoé, le Next Two, capable de suivre de manière autonome le trafic en stop & go et les courbes de la route jusqu’à 30 km/h, en plus d’une fonctionnalité de parking entièrement automatisée.
Les premières applications devraient être commercialisées dès 2016 au sein de l’Alliance Renault-Nissan, en commençant par des phases de conduite autonome dans les bouchons. En 2018 est prévu d’y ajouter la conduite sur autoroute, changements de file inclus. À noter que Nissan collabore aussi avec la Nasa dans le cadre du développement de la voiture autonome.
L’autonomie doucement mais sûrement
Paradoxalement, au milieu de cette débauche d’effets d’annonce, nous sommes toujours bien loin de la diffusion de véhicules totalement autonomes. Mais tout doucement, des phases bien spécifiques de conduite autonome se sont déjà installées à bord de nos voitures. Assistance au stationnement, régulateur de vitesse ou freinage d’urgence : on le voit à la simple énumération des équipements existants, l’autonomie consiste en un enchaînement logique de phases de conduite sous surveillance, peu à peu prises en mains par le véhicule lui-même.
Avec cependant une règle à respecter : l’application de la Convention de Vienne de 1968 implique que le conducteur reste en permanence maître de son véhicule. C’est pourquoi un capteur de micromouvements vérifie que vous avez toujours les mains sur le volant ; pareillement, dans les phases de parking automatiques, vous devez jouer de l’accélérateur et du frein, voire maintenir un simple bouton pressé. Une action humaine qui, si elle s’interrompt, arrête la manœuvre. Une fois ce verrou législatif enlevé – et les constructeurs mènent un lobbying intensif dans ce sens – il sera possible d’accéder à des phases de conduite complètes prises en charge par le véhicule.
La sécurité au cœur du véhicule autonome
Un test grandeur nature sur la communication entre véhicules et infrastructures est d’ailleurs en train de mettre en place entre les villes d’Amsterdam et de Vienne, pour informer par exemple directement le véhicule des travaux en cours, avec tous les détails utiles (lieux, voies de circulation, durée, etc.). Le but : permettre à terme un trajet autoroutier en complète autonomie.
Mais ne l’oublions pas : le premier objectif de la conduite autonome concerne la sécurité. Sachant que, selon les études, 80 à 90 % des accidents de la route sont la conséquence d’une faute de conduite, la marge de progression offerte par un véhicule dûment équipé et relié aux autres véhicules et aux infrastructures reste immense.
Ainsi, Volvo affiche l’objectif ambitieux de zéro morts à bord de ses voitures d’ici 2020, un objectif en partie atteignable grâce à l’avènement de la conduite autonome. Pour Google, il serait possible de réduire de moitié les décès annuels sur les routes du monde, qui se montent à environ 1,2 million chaque année.
Plusieurs technologies laissent penser qu’un tel résultat pourrait être atteint. Le véhicule lui-même, bardé de capteurs, caméras, radars et calculateurs, est capable de réagir à tous les événements qui surviendraient devant ses roues. Contrairement à un conducteur, son attention se maintient toujours à son niveau le plus élevé. D’autre part, la connexion avec les autres véhicules (« car to car ») et avec les infrastructures (« car to X ») autorise une anticipation maximale de tout danger en amont, mais aussi une circulation plus fluide et dégagée au milieu des bouchons.
Vers une prise en charge complète du véhicule
Le conducteur pourra aussi être soulagé par le système de conduite automatique lorsque, malgré tout, il atteindra une zone de bouchons, ou encore durant les phases de conduite sans grand intérêt (autoroute, circulation dans un parking). Ces derniers cas sont ceux par lesquels la conduite autonome arrive, en attendant un futur plus lointain avec une prise en charge complète du trajet par le véhicule, en porte à porte.
La feuille de route de l’EPoSS (European Technology Platform on Smart Systems Integration), tout juste revue ce mois d’avril, donne 2022 comme date de l’arrivée de la conduite partiellement automatisée sur autoroute, et 2025 pour une conduite complètement automatisée sur autoroute.
Autre bénéfice de la conduite autonome, la possibilité pour le conducteur de vaquer à d’autres occupations et d’occuper le temps de trajet autrement : travail, téléphone en toute sécurité, réunion, voire sieste ! Mais attention, les situations où le conducteur ne doit pas se tenir prêt à reprendre le volant ne sont pas pour demain, quoi qu’il en soit pas avant 2030. Pour l’instant, pas encore question de retourner son siège pour transformer la voiture en salle de réunion ! Comme avec un pilote automatique en avion, il faut laisser faire le véhicule, tout en gardant un œil sur la route !
Finissons avec les autres avantages d’une généralisation de la conduite autonome : la fluidification du trafic, avec une baisse de la consommation et donc une limitation de la pollution occasionnée et du temps perdu. À voir.
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