
Selon une étude de l’Arval Mobility Observatory, environ 28 % des flottes françaises avaient recours à la télématique embarquée en juin 2020 (voir l’article). Une proportion relativement faible mais en hausse comparé à 2019 où cet observatoire comptabilisait 12 % de parcs équipés. Entreprises et collectivités ont en effet accès à une grande diversité de prestataires et d’offres (voir l’article).
Toujours d’après cet observatoire, les entreprises françaises déjà équipées seraient avant tout motivées par l’amélioration de la sécurité des conducteurs (37 %) et de leur comportement routier (34 %), ou encore par le renforcement de la sécurité des...
Selon une étude de l’Arval Mobility Observatory, environ 28 % des flottes françaises avaient recours à la télématique embarquée en juin 2020 (voir l’article). Une proportion relativement faible mais en hausse comparé à 2019 où cet observatoire comptabilisait 12 % de parcs équipés. Entreprises et collectivités ont en effet accès à une grande diversité de prestataires et d’offres (voir l’article).
Toujours d’après cet observatoire, les entreprises françaises déjà équipées seraient avant tout motivées par l’amélioration de la sécurité des conducteurs (37 %) et de leur comportement routier (34 %), ou encore par le renforcement de la sécurité des véhicules (36 %). Dans les faits, les motivations et les usages dépendent de l’activité de la flotte, comme en témoignent les gestionnaires de parc que nous avons interrogés. Avec bien souvent à l’origine un objectif en commun : réduire les coûts.
Proportion d’entreprises utilisant des solutions télématiques selon le type de véhicules
Utilisation de la télématique pour les : | France | Europe |
---|---|---|
Voitures particulières | 23 % | 28 % |
Voitures de fonction | 18 % | 20 % |
Voitures de service | 17 % | 20 % |
Véhicules utilitaires légers | 19 % | 28 % |
Tous les véhicules | 28 % | 33 % |
Source : Arval Mobility Observatory-Kantar |
Proportion d’entreprises utilisant des solutions télématiques selon la taille de l’entreprise
Taille de l’entreprise | France | Europe |
---|---|---|
Moins de 10 employés | 17 % | 20 % |
De 10 à 99 employés | 21 % | 31 % |
De 100 à 999 employés | 42 % | 39 % |
1 000 employés et plus | 35 % | 50 % |
Total | 28 % | 33 % |
Source : Arval Mobility Observatory-Kantar |
Améliorer l’efficacité opérationnelle
Ainsi, le spécialiste de l’installation et de la maintenance des réseaux de télécommunication Constel a adopté la télématique embarquée lors de la création de son parc de véhicules de société – soit actuellement 340 unités. Avec l’objectif de disposer d’un outil de gestion des kilométrages pour ajuster les contrats de location.
De son côté, Henrique Dos Santos, dirigeant de deux entreprises de location de transport avec chauffeurs, DSN Transports et AEL Services, souhaitait au départ suivre les heures de travail de ses salariés en géolocalisant ses 90 VUL. « Grâce à la géolocalisation, nous avons pu contrôler les heures supplémentaires, sachant que nos chauffeurs sont censés travailler sept heures par jour pour nos clients », illustre ce dirigeant. Autre avantage : « Comme nous renouvelons nos véhicules tous les trois ans, nous pouvons équilibrer les kilométrages parcourus en les changeant de tournée, certaines étant plus longues que d’autres », ajoute-t-il (voir le témoignage).
La PME iséroise Ribeaud Menuiserie a quant à elle installé des boîtiers sur les huit véhicules de ses collaborateurs afin de pouvoir leur confier les véhicules matin et soir en toute sérénité, et limiter de la sorte les temps de trajet pour se rendre sur les chantiers.
Mieux connaître son activité
Pour les entreprises effectuant des tournées, la télématique est de fait devenue un levier d’optimisation indispensable. « Aujourd’hui, notre outil permet de visualiser le tracé de chaque chauffeur sur une carte, confirme Henrique Dos Santos pour DSN Transports. Si nous constatons qu’un chauffeur va empiéter sur la tournée d’un autre, nous revoyons la répartition des clients sur les tournées pour éviter les doublons, les croisements ou les kilomètres supplémentaires. Nous pouvons aussi prouver à nos clients que le chauffeur est bien passé dans tel et tel garage en cas de conflit, lié par exemple à des pièces non livrées. De plus, les chefs d’équipe peuvent regarder chaque matin où est le véhicule pour vérifier si le chauffeur s’est bien réveillé, ce qui est important pour la prestation de service », complète Henrique Dos Santos.
Et avec l’évolution des fonctionnalités de la télématique, chaque chauffeur a maintenant une clé d’identification. « Ils peuvent dès lors changer de véhicule lors d’une panne ou pendant des vacances. Mais nous savons toujours qui conduit et à quel moment, ce qui facilite la gestion des amendes dans le cadre de la désignation », ajoute Henrique Dos Santos.
« Avec la géolocalisation, nous identifions les endroits où les véhicules consomment plus d’énergie qu’ailleurs car la circulation y est plus compliquée, décrit pour sa part Christophe Chevignac, responsable d’exploitation pour le spécialiste de la propreté urbaine Korrigan (70 véhicules). Nous pouvons ensuite faire des rapports entre les interventions, la consommation et les quartiers pour mieux planifier les tournées. Cela nous aide aussi à faire les bons choix de modèles, sachant que nous renouvelons le parc régulièrement en fonction des marchés auxquels nous répondons. » Avec cette précision d’Ali Abedour, président de Korrigan : « Le suivi des consommations est un peu plus complexe sur les véhicules GNV car le calcul s’effectue au kilogramme et non au litre, ce qui n’est pas évident. Nous sommes en train d’étudier les possibilités de chiffrage avec notre prestataire, sachant qu’il reste nécessaire de renseigner le prix d’un kilo de GNV et la consommation constructeur du véhicule » (voir le témoignage).
Anticiper toujours plus la maintenance
Korrigan s’appuie également sur ses boîtiers pour faire de la maintenance prédictive et a développé sa propre application baptisée MYCAR avec laquelle ses conducteurs peuvent signaler un problème sur leur véhicule en flashant un QR Code. « L’information arrive directement dans notre atelier intégré. Nous pouvons donc préparer ou commander la pièce en amont et immobiliser le véhicule le moins longtemps possible, se félicite Ali Abedour. Nous avons aussi moins de paperasse, ce qui facilite le travail et représente un geste pour l’environnement. » Toutes ces informations sont ensuite intégrées dans le logiciel interne de l’entreprise : « Nous pouvons alors comparer les informations remontées par le boîtier télématique avec ce qui a été déclaré pour voir s’il y a un lien de causalité », note Christophe Chevignac.
Le fonctionnement n’est pas très différent chez DSN Transports : « Nous recevons plusieurs alertes par e-mails lorsqu’un véhicule a atteint un certain kilométrage : pour la révision normale, la vidange de la boîte de vitesses, le décalaminage du pot d’échappement, le contrôle hayon, etc. », indique Henrique Dos Santos. Avec des boîtiers dorénavant directement connectés aux véhicules, ce dirigeant a en outre accès à des informations qu’il n’avait pas auparavant, telles que les consommations ou les batteries déchargées. « Pendant le confinement dû à la pandémie de covid-19, nous avons ainsi anticipé la reprise en changeant les batteries qui en avaient besoin », signale-t-il (voir notre article).
Mais optimiser les coûts n’est pas la seule raison de s’équiper. Korrigan ou Davines France, producteur italien de produits cosmétiques, se sont tous deux laissés séduire par la possibilité de mesurer, voire de baisser les émissions de CO2 de leur flotte. Ils ne seraient pas les seuls : 29 % des flottes françaises feraient appel à la télématique embarquée dans le but de diminuer leur impact environnemental, selon l’Arval Mobility Observatory.
« L’éco-conduite est primordiale pour nous car nous avons des objectifs de CO2 à remplir, valide Ali Abedour pour Korrigan. Nous avons cessé d’acheter des véhicules diesel en 2019 et basculons notre flotte vers l’électrique ou le GNV lorsque nous n’avons pas le choix. » « Chez Davines France, nos conducteurs dont le véhicule est équipé en télématique reçoivent au quotidien des notifications et des e-mails pour les aider à améliorer leur conduite et leur donner de précieux conseils, détaille Adèle Guérin, gestionnaire de la flotte de 22 véhicules. Nos commerciaux peuvent alors s’améliorer de manière pédagogique, même s’ils conduisaient déjà plutôt bien avant. »
Notre précédent dossier sur la télématique embarquée.
Réduire l’impact environnemental
De surcroît, WeNow, le prestataire de télématique de Davines France, propose de compenser les émissions de CO2. « Nous avons organisé une journée de “team building” durant laquelle l’une de nos équipes a planté des arbres à Saint-Germain-en-Laye (78), poursuit Adèle Guérin. Les salariés visualisent alors concrètement ce qu’ils émettent. » Enfin, cette responsable utilise les données sur les émissions de CO2 afin de remplir les questionnaires pour l’obtention de la certification de performance sociale et environnementale BCorp (voir le témoignage).
Chez DSN Transports, le processus est semblable : « Dans le cadre du programme Objectif CO2 auquel nous participons depuis un an et demi, nous récupérons nos données de consommation et de diminution des émissions de CO2 que nous devons entrer dans des tableaux, expose Henrique Dos Santos. Parallèlement, nous essayons toujours d’impulser de nouvelles démarches et nous pourrions nous lancer dans l’éco-conduite puisqu’elle devrait bientôt être disponible sur nos boîtiers », annonce Henrique Dos Santos.
Des pratiques qui pourraient séduire nombre d’entreprises déjà équipées de boîtiers : « Nous envisageons de faire de l’éco-conduite à moyen terme, en organisant notamment des challenges et en récompensant les salariés les plus vertueux », anticipe Marion Ribeaud, dirigeante de Ribeaud Menuiserie (voir le témoignage).
Télématique et éco-conduite
« La télématique est un plus pour la sécurité routière, rappelle pour sa part Ali Abedour pour Korrigan. Nous remontons désormais les données d’accélération, de freinage et de vitesse. Sur un tronçon A-B, nous connaissons la vitesse moyenne du véhicule et pouvons visualiser sur la carte les pics de vitesse. À titre d’exemple, si un véhicule affiche une vitesse moyenne de 70 km/h, nous vérifions sa localisation, sachant que nos opérateurs interviennent majoritairement en ville. » « Le contrôle des dépassements de vitesse a joué sur la conduite des chauffeurs », affirme pour sa part Henrique Dos Santos. Mais toutes les entreprises équipées en télématique ne pratiquent pas systématiquement l’éco-conduite.
C’est le cas de Constel : « Nous n’avons pas recours à l’éco-conduite bien que notre prestataire Kuantic insiste sur cette solution dans son approche commerciale. En effet, du fait de la disparité des véhicules et des régions où nous intervenons, il y a d’énormes différences de consommation d’un conducteur à l’autre, si bien que nous ne pouvons pas les comparer. De plus, il est difficile de sensibiliser les conducteurs à cette problématique », explique Serge Couly, consultant associé au sein de cette entreprise (voir le témoignage).
Pourtant, l’éco-conduite et l’amélioration de la sécurité routière génèrent aussi un gain économique : « Nous sensibilisons nos agents au risque routier et à la conduite responsable dans le but de restreindre la consommation de carburant et d’allonger la durée de vie des véhicules, précise Christophe Chevignac pour Korrigan. Nous ne sommes pas dans la sanction mais plutôt dans la prévention, l’explication voire la gratification via les scores d’éco-conduite. Nous attribuons des primes aux chauffeurs les plus vertueux. Résultat : nous avons moins d’accidents corporels et matériels et les véhicules consomment et polluent moins. »
Enfin, rappelons que la télématique sert aussi couramment pour être alerté d’usages non autorisés. « La télématique détecte les anomalies, telles celles liées à la carte carburant ou encore à l’utilisation des véhicules de société en dehors des plages autorisées, souligne Serge Couly pour Constel. Dans ce cas, nous transmettons l’information au directeur de région. » Chez Ribeaud Menuiserie, Marion Ribeaud a aussi mis en place une alerte pour être avertie des circulations des véhicules le week-end.
Tous nos articles sur le sujet de la télématique embarquée.
Suivre les véhicules
Les boîtiers embarqués contribuent pareillement à lutter contre le vol. DSN Transports a ainsi retrouvé plusieurs véhicules volés grâce à ses boîtiers. Et chez Constel, la télématique sert aussi à détecter des vols. « Nous nous sommes rendus compte qu’un certain nombre de nos véhicules abîmés, considérés comme des épaves, avaient pourtant été revendus puisque nous recevions des PV, relate Serge Couly. Comme les boîtiers n’avaient pas été retirés, nous avons pu signaler à l’assurance où étaient vraiment les véhicules, certificats de cession à l’appui. »
Avec parfois des aléas technologiques. « Nous avons eu quelques soucis de géolocalisation dus au phénomène des “canyons urbains“, complète Serge Couly. Lorsqu’un véhicule était stationné dans une rue entourée de grandes tours, nous recevions par erreur des alertes de déplacement de véhicules moteur coupé, et ce jusqu’à trente fois par jour. Grâce à notre retour d’expérience, notre télématicien a toutefois pu affiner ce système et éviter les fausses alertes. »
Cette diversité d’usages fait la force de la télématique embarquée mais aussi toute sa complexité. Charge à chaque gestionnaire de parc d’employer au mieux les données de sa flotte selon ses besoins.
Dossier - Télématique embarquée : un outil de gestion incontournable ?
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