
Par la visite des grands salons internationaux dont celle du CES de Las Vegas, Valtech est arrivé au constat qu’en matière d’automobile, il n’y a plus d’expérience client sans connectivité. « En 2022, 98 % des véhicules seront connectés, affirme Lucas Leonardi, vice-président Automotive de Valtech. Il n’existera plus de barrière entre le “off“ et le “on-line“ : tout sera en ligne. » Sans qu’aucun acteur ne maîtrise l’ensemble de la chaîne de valeur à l’heure actuelle.
Créé en 1993, Valtech a été racheté en 2009 par trois entrepreneurs dont la stratégie a visé à recentrer ses offres autour de l’expérience utilisateur. Sur le marché automobile,...
Par la visite des grands salons internationaux dont celle du CES de Las Vegas, Valtech est arrivé au constat qu’en matière d’automobile, il n’y a plus d’expérience client sans connectivité. « En 2022, 98 % des véhicules seront connectés, affirme Lucas Leonardi, vice-président Automotive de Valtech. Il n’existera plus de barrière entre le “off“ et le “on-line“ : tout sera en ligne. » Sans qu’aucun acteur ne maîtrise l’ensemble de la chaîne de valeur à l’heure actuelle.
Créé en 1993, Valtech a été racheté en 2009 par trois entrepreneurs dont la stratégie a visé à recentrer ses offres autour de l’expérience utilisateur. Sur le marché automobile, l’agence de marketing digital a noué des liens étroits avec Audi. Les deux entités ont fondé une joint-venture autour de la voiture autonome.
Des technologies pour plus de services
« Les technologies vont participer à la personnalisation de l’“expérience“, continue Lucas Leonardi. Le client s’attend à être traité de façon exclusive. Ces technologies vont aussi aider à limiter le rôle des interfaces grâce à un surcroît d’intelligence. La synchronisation des calendriers se fera automatiquement et l’application pourra donner le signal du départ pour arriver à l’heure au rendez-vous. Plus intelligent, le véhicule devient proactif. »
Pour Valtech, les flottes seront particulièrement intéressées par les technologies conversationnelles. « Lors de la prise en main, le responsable de parc pourra souhaiter la bienvenue au conducteur, avance Lucas Leonardi. Lors d’un embouteillage, le système pourra mettre en avant un autre itinéraire ou suggérer de faire une pause après un laps de temps fixé au préalable. » Valtech a ainsi déployé une vingtaine d’écrans chez Audi et gère des services diffusés auprès des conducteurs. À titre d’exemple, le conducteur peut être informé en temps réel de la disponibilité de places de parking à proximité de l’endroit où il se trouve.
Autour de la maintenance prédictive, Valtech a travaillé au développement de MyAudi, l’application dédiée du constructeur. Des informations sur l’état du véhicule sont donc transmises sur le smartphone du conducteur et du gestionnaire de flotte, et des rendez-vous avec l’atelier sont proposés si un entretien ou une réparation sont nécessaires. Avec le système, il est aussi possible de connaître le degré d’usure des pneus et d’agir en conséquence.
Moins de coûts, plus de sécurité
Dans les dix à quinze ans, selon Lucas Leonardi, cinq domaines principaux de la télématique vont voir leurs fonctionnalités se développer : maintenance, confort (guidage, divertissement, péage, parking, etc.), sécurité (limitation de vitesse, alertes, etc.), services d’urgence (détection de choc, eCall, etc.), « gamification » de la conduite.
De leur côté, d’ici fin 2019, tous les véhicules du Groupe PSA, dont ceux d’Opel et Vauxhall, pourront être opérés à distance avec un équipement de télématique en première monte. Avec entre autres objectifs la réduction des coûts de fonctionnement et le renforcement de la sécurité routière. « Nous avons décidé de déployer ces technologies car nous savons qu’elles aident nos clients entreprises à faire baisser leur TCO, explique Olivier Emsalem, responsable des services télématiques du Groupe PSA sur le marché BtoB. Le client final a besoin de localiser ses véhicules, d’obtenir des informations sur la conduite, etc. 20 à 30 % des flottes sont dans ce cas de figure. » Plus largement, l’application Free2Move Services permet de trouver un stationnement sur la chaussée ou dans un parking et de s’acquitter du paiement, de bénéficier d’un voiturier dans les gares et les aéroports et de payer les péages automatiquement.
Mais la pénétration grandissante de la télématique devrait aussi s’accompagner d’une évolution des besoins exprimés et des attentes de la clientèle des flottes. « De nouveaux enjeux vont obliger les entreprises à exploiter la télématique à un niveau supérieur. Cette évolution va se concentrer sur la transition énergétique avec l’arrivée des véhicules électriques, hybrides et hydrogène », estime Olivier Mansard, vice-président en charge du commerce du télématicien Masternaut. Sans oublier l’impact de la mise en place du WLTP au 1er janvier 2020.
Accompagner le véhicule électrique
Demain, pour les véhicules électriques, l’application Free2Move Services fera apparaître la localisation des bornes de recharge sur l’écran du véhicule et offrira d’accéder à ces bornes et de régler le plein d’énergie. Dans les mois à venir, Free2Move va aussi commercialiser un programme d’audit dont les analyses se feront à partir des données de la télématique pour appréhender le potentiel de déploiement des véhicules électriques et hybrides au sein d’une flotte. Selon les kilométrages et les utilisations mises en évidence, les spécialistes de Free2Move seront capables de savoir combien de véhicules électriques et hybrides pourront être mis à la route et à quels conducteurs les confier. Pareillement, l’audit identifiera les besoins en infrastructures de recharge.
En parallèle, la télématique va contribuer à améliorer les services déjà existants. Proposée dans les agences et concessions du Groupe PSA, la location courte durée devient automatique. 24 h sur 24 et 7 j sur sept, les clients pourront ainsi accéder aux véhicules et ce, même quand les points de vente seront fermés. Avec ce service, le Groupe PSA élargit encore le champ d’intervention de la télématique. « Nous avons démarré en 2014 et sommes à la tête de 250 000 véhicules activés à travers l’Europe, observe Olivier Emsalem. En France, 15 % de nos clients ont recours à nos outils de télématique. L’objectif est d’arriver à 50 % très rapidement. »
Télématique et nouveaux usages
Pour les outils embarqués, un autre champ d’application émerge autour des nouveaux usages et des nouvelles mobilités. « Avec l’autopartage, la mobilité se consomme comme un service avec un paiement à l’usage, note Olivier Mansard. La télématique apportera la technologie pour y parvenir grâce à la remontée des informations en temps réel. » Ces nouvelles mobilités susciteront des vocations, des acteurs et des start-ups apparaîtront. Et pour nourrir ces nouveaux modèles, les données et la télématique seront indispensables.
Dans ce contexte, Olivier Mansard appelle à une véritable révolution des fonctionnalités de la télématique avec le développement de services associés pour encore mieux exploiter les données de conduite, les positions géographiques, etc. « Nous devons aller au-delà de ce qui est proposé aujourd’hui pour créer des modèles prédictifs en faisant appel à l’intelligence artificielle, au machine learning, etc. Nous avons considérablement investi dans le “big data“, reprend Olivier Mansard. Nos clients nous demandent toujours plus de conseils. Nous passons de l’ère de l’équipement à celle de l’exploitation. » Dans un futur idéal, les flottes évolueront dans un monde ouvert et hyperconnecté. Au-delà de la fourniture de services spécifiques, la télématique va changer pour offrir une véritable “expérience“ au gestionnaire de flotte. « La qualité de cette expérience fera la différence entre les différents acteurs », prédit Olivier Mansard pour qui loueurs longue durée, constructeurs et télématiciens vont travailler de manière toujours plus ouverte. En filigrane apparaît la nécessité de standardiser les services des différents acteurs, ce qui ne sera peut-être pas le plus simple (voir aussi l’article).
Parmi les fonctionnalités futures, Olivier Mansard souligne les progrès à venir de l’intelligence artificielle et son usage par les applications d’éco-conduite. « Grâce à une analyse approfondie des comportements, les algorithmes pourront faire des suggestions au gestionnaire de flotte, expose Olivier Mansard. Les entreprises ne communiquent pas assez sur les benchmarks entre conducteurs. Avec l’intelligence artificielle, ces derniers pourront se comparer et s’améliorer, notamment par le biais de modèles prédictifs. Et les chauffeurs pourront recevoir des conseils en temps réel. »
L’intelligence artificielle au service des flottes
Cela étant, avec une masse de données de plus en plus importante, le conducteur ne doit pas être distrait et rester concentré. « Il faut choisir quelles informations transmettre et quelles informations remonter pour faire évoluer la gestion et l’organisation avec un maximum d’efficacité, sans parasiter les missions », résume Olivier Mansard.
Bref, la télématique a encore de beaux jours devant elle. Comme la connectivité personnelle va de soi à travers la généralisation des smartphones, la voiture communicante deviendra la règle avant qu’une nouvelle ère, plus lointaine, ne s’impose avec l’avènement de la voiture autonome.
Dossier - Télématique : du véhicule connecté au véhicule communicant
- Télématique : du véhicule connecté au véhicule communicant
- Télématique : un marché porteur
- Télématiciens : un marché double
- De la télématique à la voiture autonome
- Véhicule connecté : quel rôle pour les GAFA ?
- « La 5G va accélérer l’arrivée de la voiture connectée »
- Gestion des données : la bataille de l’information