
La télématique suscite des vocations. Constructeurs, équipementiers, loueurs longue durée, SSII ou « pure players », tous les prestataires des flottes développent des solutions ou nouent des accords pour s’imposer sur ce marché.
Ainsi, LeasePlan et TomTom Telematics ont conclu un partenariat en octobre dernier. Désormais, les clients du loueur longue durée peuvent accéder aux solutions de voiture connectée et de gestion de flotte de la plate-forme du télématicien. LeasePlan fait aussi appel à ces technologies pour renforcer son savoir-faire en matière d’optimisation des flottes.
« Grâce à cet accord, nous sommes en mesure de fournir à nos...
La télématique suscite des vocations. Constructeurs, équipementiers, loueurs longue durée, SSII ou « pure players », tous les prestataires des flottes développent des solutions ou nouent des accords pour s’imposer sur ce marché.
Ainsi, LeasePlan et TomTom Telematics ont conclu un partenariat en octobre dernier. Désormais, les clients du loueur longue durée peuvent accéder aux solutions de voiture connectée et de gestion de flotte de la plate-forme du télématicien. LeasePlan fait aussi appel à ces technologies pour renforcer son savoir-faire en matière d’optimisation des flottes.
« Grâce à cet accord, nous sommes en mesure de fournir à nos clients des données en temps réel sur les paramètres clés de la gestion de flotte, tels que les besoins de maintenance ou les émissions de CO2. Pour nous, il s’agit de l’avenir de la mobilité », précise Tex Gunning, président de LeasePlan.
Les loueurs s’y mettent
ALD Automotive, l’un des principaux concurrents de LeasePlan à l’international, s’est pour sa part rapproché de Microsoft pour développer une plate-forme dédiée à la mobilité. Avec le soutien de Microsoft, le loueur va concevoir, développer et commercialiser des services de covoiturage, de déplacement multimodal, de paiement et de télématique.
La gestion de flotte à distance s’est aussi invitée au dernier CES, la grand-messe des nouvelles technologies qui s’est tenue en janvier à Las Vegas. Après avoir lancé sa solution de géolocalisation en décembre 2017, Here y a annoncé la signature de trois accords stratégiques avec des partenaires technologiques.
Avec EPAM, Here va créer des solutions de géolocalisation pour les transporteurs, les logisticiens et les gestionnaires de flotte. Autre partenariat, Here va intégrer ses solutions de géolocalisation et de suivi en temps réel à la plate-forme SAP Global Track and Trace. Les marchandises pourront alors être pistées dans le monde entier et tout au long de la chaîne d’approvisionnement. Here va aussi intégrer SAP Vehicles Network dans ses offres pour proposer des services de localisation et de paiement des parkings et des stations-service. Enfin, Here s’associe à FreightVerify pour aider l’industrie automobile à optimiser sa logistique et sa chaîne d’approvisionnement.
Autre rapprochement, après le Groupe PSA, Masternaut s’est engagé dans un partenariat exclusif avec Opel-Vauxhall. Les VUL neufs du constructeur intègrent donc dorénavant des services télématiques en première monte.
Grâce à cet accord, les entreprises n’auront pas à immobiliser leurs VUL et à s’acquitter de frais d’installation pour recourir à ces solutions. Les VUL équipés sont ensuite gérés à partir de la plate-forme Masternaut Connect. Cette offre est valable en France, en Belgique, au Luxembourg, au Royaume-Uni, en Allemagne et aux Pays-Bas.
Des VUL Opel équipés en première monte
« Le secteur a connu une croissance sans précédent depuis quelques années, mais beaucoup d’entreprises demandent encore une installation plus rapide et facilitée, observe Dhruv Parekh, président de Masternaut. Malgré les bénéfices avérés, la télématique n’est encore installée que dans un dixième des VUL d’Europe. »
Les équipementiers s’intéressent aussi à la télématique. Début 2018, Valeo est entré au capital de Kuantic. L’an dernier, avec sa filiale Axodel, ce spécialiste de la télématique a connecté 100 000 nouveaux véhicules à sa plate-forme. Selon Kuantic, à terme, tous les véhicules se doteront en première monte d’un boîtier de télématique. Dans ce contexte, son objectif est de rassembler toutes les données des véhicules sur sa plate-forme. Kuantic a déjà signé des accords avec six constructeurs, soit la moitié du marché, et revendique 300 000 véhicules équipés à travers l’Europe.
Autre spécialiste de la télématique, Mapping Control a lancé un partenariat avec le Groupe PSA. Les clients des concessions Peugeot, Citroën et DS peuvent bénéficier des services de Mapping Control sur l’ensemble de leur flotte, et pour moins de 50 centimes d’euro par véhicule et par jour, soit 15 euros par mois. À noter que Mapping Control appartient désormais à l’entité Optimum Automotive Group.

Des constructeurs toujours plus actifs
Très actif sur le front de la télématique, le Groupe PSA s’est aussi associé à Huawei pour créer sa propre plate-forme. Baptisée CVMP (Connected Vehicle Modular Platform), cette dernière repose sur des solutions de Huawei. Parmi les fonctionnalités figurent la mise à jour à distance de logiciels, de l’info-trafic et de la cartographie de navigation, l’alarme connectée, le suivi de la voiture par géolocalisation, le diagnostic à distance, l’autopartage, la gestion de flotte, etc. Cette plate-forme sera déployée cette année en Chine avant l’Europe, l’Amérique du Nord, le Moyen-Orient et l’Asie-Pacifique à l’horizon 2020.
Autre protagoniste sur le marché, TomTom Telematics a été positionné, pour la troisième année consécutive, au premier rang des fournisseurs européens de télématique par l’institut Berg Insight. Et selon Berg Insight, ce prestataire avait déjà équipé 609 000 véhicules fin 2016.
Pour répondre à l’obligation de désignation par les entreprises de leurs conducteurs verbalisés depuis début 2017, TomTom Telematics a déployé des solutions adaptées. Le prestataire aligne ainsi cinq solutions dont le nouveau terminal Pro 2020 qui intègre notamment l’obligation d’identification des conducteurs à chaque trajet en scannant une carte RFID (voir aussi l’encadré ci-dessous). Et TomTom Telematics respecte les recommandations de la CNIL en offrant aux conducteurs d’interrompre la localisation grâce à un bouton « vie privée » installé dans le véhicule.
Des offres spécifiques pour les métiers
Implanté auprès des entreprises du BTP, Ocean a de son côté mis en avant ses solutions lors des 24 heures du Bâtiment à Paris en octobre dernier. Ce spécialiste de la télématique a équipé 2 100 clients du BTP à travers la France et gère plus de 42 000 véhicules. Les activités de télématique d’Orange Business Services ont fusionné il y a quelques années avec celles d’Ocean et cet ensemble revendique 120 000 véhicules pour 5 000 clients.
Depuis le début de l’année, Ocean propose une nouvelle solution de gestion de flotte à distance sous le nom d’O-Direct Universel. Ce dispositif permet d’obtenir les données natives du véhicule et de couvrir toutes les marques françaises. Connecté à la prise OBD, O-Direct Universel est complètement invisible pour le conducteur. Avec cette solution, les entreprises obtiennent de nombreuses informations : kilomètres parcourus, consommations, entretiens, alertes techniques, informations d’éco-conduite, etc. O-Direct Universel est compatible avec les offres ParkConnect (sans géolocalisation), GéoPack et GéoPro (avec géolocalisation).
Pour élargir le périmètre d’utilisation de ses solutions, Masternaut a fait le choix de lancer un boîtier destiné à la location de courte durée. Baptisé M300, cet équipement se fixe sur le pare-brise et devient actif en quelques minutes sans intervention d’un technicien. D’après Masternaut, la LCD peut concerner jusqu’à 20 % des véhicules dans les flottes. Or, ces véhicules sont rarement équipés en télématique car l’installation reste contraignante et prohibitive pour des ressources employées temporairement. Avantage du M300, il se désinstalle et se réinstalle rapidement sur un autre véhicule.
La location courte durée sous contrôle
Les données collectées par le M300 sont consultables sur la plate-forme Masternaut Connect, de la même façon que pour les données des véhicules équipés en permanence. Grâce à ce boîtier, le responsable obtient une vision complète de sa flotte et peut donc l’optimiser avec davantage d’efficacité. « D’ici quelques années, les données de la flotte proviendront indifféremment de la télématique embarquée et des automobiles connectées en première monte, analyse Dhruv Parekh, président de Masternaut. C’est pourquoi nous avons développé une plate-forme à la fois sécurisée et ouverte à tout type d’équipement de collecte des données. »
Créé il y a plus de vingt ans en Afrique du Sud, Mix Telematics est présent dans 120 pays et évalue à 650 000 le nombre de véhicules gérés par sa plate-forme. D’abord spécialisé dans la localisation et la récupération des véhicules volés, Mix Telematics a élargi son activité à l’ensemble des fonctionnalités de la télématique.

La guerre des chiffres
« Notre croissance s’est faite principalement sur un mode organique », pointe Marc Trollet, le directeur général Europe et Afrique du Nord. Qui renchérit : « Nous sommes cotés en bourse à Johannesburg et à New York, et à ce titre, nous sommes obligés de communiquer sur des chiffres exacts. Certains concurrents non cotés gonflent leurs chiffres de 20 %. »
L’institut ABI Research a établi un classement des acteurs de la télématique selon plusieurs critères. Mix Telematics arrive en septième position. Le rachat de Siemens VDO en 2007 lui a permis de se développer plus rapidement en Europe. Aujourd’hui, la flotte équipée par ses soins sur le continent pèse 11 % de la totalité de ses volumes, soit 71 500 unités. En France, 3 000 véhicules sont gérés à distance par la solution du groupe.
En moyenne, la solution de Mix Telematics est facturée 20 euros par mois et par véhicule. La solution de base s’enrichit de différents modules et pour des poids lourds ou des autobus, la mensualité peut grimper jusqu’à 40 à 60 euros.
Dernière innovation en date, Mix eCoach se veut un outil d’auto-évaluation de la conduite. Installé dans le véhicule, le système alerte le conducteur à l’aide de voyants Led vert, orange et rouge. En fonction des excès de vitesse, des accélérations et des freinages, Mix eCoach informe le conducteur sur son comportement. Baptisée MyMix, une application dédiée est commercialisée sur l’Apple Store et Google Play.
Auto-évaluer sa conduite
eCoach intègre d’autres fonctionnalités comme l’identification du conducteur grâce au badge d’entreprise. Et le système offre de passer d’un mode pro à un mode perso pour respecter la vie privée. Mix Telematics est aussi capable d’intégrer de la vidéo avec des enregistrements provoqués uniquement en cas d’incident. Enfin, le prestataire vient de déployer un détecteur de fatigue pour la flotte d’une société pétrolière.
Mais la télématique n’est pas réservée aux professionnels de la profession. Parallèlement aux « pure players », d’autres acteurs s’intéressent à ces technologies. À l’image des équipementiers qui investissent progressivement ce marché. C’est vrai de Goodyear qui équipe les véhicules de Tesloop, un spécialiste californien de l’autopartage de véhicules électriques, avec des pneus munis de capteurs sans fil pour améliorer la gestion des enveloppes et préserver la disponibilité de la flotte.
Des pneus connectés
Créé en 2015, Tesloop exploite une flotte de Tesla qui parcourt chacune près de 30 000 km par mois. Les parcours en autopartage varient de 80 à 400 km. « Grâce aux possibilités de diagnostic offertes par cette solution, notre activité gagne en efficacité et nos véhicules sont plus sûrs », se félicite Rahul Sonnad, président de Tesloop. Les capteurs sans fil mesurent et enregistrent en permanence la température et la pression des pneus. Ces données sont couplées à celles des autres véhicules et connectées aux algorithmes de Goodyear pour améliorer le fonctionnement de la flotte et prévoir la maintenance ou le remplacement des pneus. Au-delà de cette offre, Goodyear travaille avec les constructeurs pour transmettre les informations du pneu aux systèmes de contrôle des automobiles afin d’améliorer la sécurité et les performances.
Autre équipementier, ZF a levé le voile sur sa plate-forme de mobilité accessible via le cloud lors du dernier CES. Construite à partir de la technologie Microsoft Azure, cette solution est capable d’intégrer de nombreuses fonctionnalités comme la gestion de flotte, les navettes à la demande, les services de livraison innovants, etc. ZF y a connecté sa propre plate-forme télématique Openmatics ; avec celle-ci, les gestionnaires de flotte peuvent suivre en temps réel leurs véhicules et obtenir des analyses selon plusieurs critères. La solution surveille l’état d’usure des équipements, avec à la clé la possibilité de mettre en œuvre une maintenance prédictive.
De la télématique à l’internet des objets
Dernières opérations en date, Coyote a réussi son OPA sur Traqueur ; dans la corbeille de la mariée figure Fleet Technology, racheté en 2009 par le spécialiste de la récupération des véhicules volés. Autre mouvement, le français Locster a été acquis par l’italien Viasat, spécialiste de l’assurance télématique, qui gère plus de 700 000 véhicules. Locster lui apporte environ 4 000 clients et 25 000 véhicules.
Ces initiatives reflètent l’effervescence qui règne sur le marché. Secteur-clé de l’internet des objets, la télématique automobile suscite les convoitises et chacun des prestataires souhaite s’adjuger les futurs revenus de ces technologies.
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