
En 2018 et dans l’Hexagone, Masternaut a enregistré une progression de 20 % du périmètre de sa flotte. Et la croissance de sa plate-forme Connect s’accélère ; tous marchés confondus, celle-ci a atteint 20 %, sa meilleure performance depuis trois ans.
En septembre 2018, dans l’optique de démocratiser la télématique, Masternaut a lancé Pulse, une solution « plug-and-play » à faible coût qui se branche sur l’allume-cigare. Le prestataire est parti d’un constat : une flotte de véhicules commerciaux sur cinq serait financée en courte durée. « Avec notre offre, nous pensions séduire uniquement les TPE et les PME, mais les ETI et les grands groupes...
En 2018 et dans l’Hexagone, Masternaut a enregistré une progression de 20 % du périmètre de sa flotte. Et la croissance de sa plate-forme Connect s’accélère ; tous marchés confondus, celle-ci a atteint 20 %, sa meilleure performance depuis trois ans.
En septembre 2018, dans l’optique de démocratiser la télématique, Masternaut a lancé Pulse, une solution « plug-and-play » à faible coût qui se branche sur l’allume-cigare. Le prestataire est parti d’un constat : une flotte de véhicules commerciaux sur cinq serait financée en courte durée. « Avec notre offre, nous pensions séduire uniquement les TPE et les PME, mais les ETI et les grands groupes s’y intéressent pour équiper leurs sous-traitants ou leurs intérimaires. En deux mois nous avons signé avec plus de 200 clients », constate Olivier Mansard, vice-président des ventes.
Préparer la mobilité du futur
Autre actualité pour 2019 : l’offre Catalytix va passer de l’étape expérimentale au stade industriel avec une commercialisation via des packs modulables. Avec ce produit, des experts de Masternaut analysent les données télématiques pour accompagner les entreprises dans une optimisation plus approfondie. « Vous seriez surpris par le potentiel de la télématique quand les données sont exploitées à leur maximum », fait valoir Olivier Mansard. Enfin, au premier semestre 2019, une offre va naître autour de la plate-forme Masternaut Connect. Les données extraites des véhicules vont être exploitées pour optimiser les tournées avec davantage d’efficacité. « Le métier de la gestion de flotte traverse une période formidable avec la transition énergétique, l’avènement du véhicule connecté et le développement du “big data“. La mobilité du futur devra s’appuyer sur les données pour offrir une meilleure expérience », conclut Olivier Mansard.
Parmi les concurrents de Masternaut, Océan a aussi connu une année 2018 dynamique avec une croissance des ventes qui a atteint 20 %. Ce chiffre s’explique par un investissement renforcé en RH, mais surtout, d’après Océan, par l’adéquation entre son offre et la demande exprimée par le marché. À titre d’illustration, Océan cite le secteur du BTP pour lequel ses ingénieurs ont développé de nouveaux rapports et analyses en fonction de l’évolution des conventions qui régissent ces métiers.
Le RGPD dans le sillage de la CNIL
En parallèle, Océan accompagne les entreprises pour qu’elles respectent le Règlement général sur la protection des données (RGPD) et les rassure ainsi sur la compatibilité de la télématique avec le respect de la vie privée. Océan est d’autant plus en pointe sur le sujet qu’Orange, sa maison-mère, a constitué un comité dédié au RGPD et que ses équipes bénéficient de ses travaux.
Dans la continuité des actions entreprises en 2018, Océan reconduit en 2019 les accords de partenariat conclus avec le Groupe PSA et Renault. Le télématicien récupère déjà les informations du Bus Can de leurs véhicules et les restituent à ses clients, mais des développements sont au menu des prochains mois. Cela étant, quelles que soient les marques au sein d’une flotte, Océan est en mesure de récupérer les données et de les rendre homogènes pour les restituer de la manière la plus lisible et la plus opérationnelle possible. Un point important pour analyser la conduite des collaborateurs sur une base comparable. Et quand les véhicules ne sont pas équipés d’origine, Océan installe ses propres boîtiers.
Si l’homogénéisation des données de conduite issues de véhicules de marques différentes a été lancée en 2018, Océan va approfondir ses analyses en 2019 pour obtenir un tableau plus précis et plus complet. « Grâce à ce travail, les entreprises pourront former les conducteurs avec davantage d’efficacité et donc diminuer leurs consommations de carburant, renforcer la sécurité de leurs collaborateurs et réduire les coûts liés à la sinistralité », argue Barbara Tron, la nouvelle directrice marketing du télématicien.
Des conquêtes et des rachats
Enfin, au printemps prochain, Océan va poursuivre sa conquête de l’Afrique et du Moyen-Orient avec une offre enrichie. Déjà implanté au Mali, au Sénégal, au Cameroun, au Gabon, au Congo, en Côte-d’Ivoire et au Maroc, le spécialiste de la télématique y gère 12 000 véhicules. Enfin, Océan va continuer d’enrichir sa cartographie en 2019 et table à nouveau sur une croissance de 20 % sur l’ensemble de l’année.
Comme sur tout marché émergent, l’histoire de la télématique a été marquée par de nombreux rachats et regroupements. Créé en 2002 dans la région de Grenoble par deux entrepreneurs, Ornicar a été l’un des pionniers français. Racheté en 2015 par l’irlandais Fleetmatics, l’entreprise a vu son développement s’accélérer grâce à la constitution d’une plate-forme commerciale performante au moment où le marché décollait. En 2016, Verizon a racheté Fleetmatics pour 2,4 milliards de dollars deux mois après avoir pris le contrôle de Telogis, un éditeur de logiciels spécialisé dans l’optimisation des déplacements automobiles. Fleetmatics revendiquait alors 37 000 clients dans le monde et 737 000 objets mobiles abonnés à ses services.
En France, depuis mars 2018, l’ensemble des solutions sont intégrées et commercialisées sous la marque Verizon Connect, et l’offre s’appuie toujours sur la plate-forme Reveal de Fleetmatics. « Nous commercialisons les mêmes produits mais avec des moyens beaucoup plus importants, explique Amandine Christolhomme, responsable marketing pour la France et l’Italie. Nous avons les ressources pour équiper les flottes les plus importantes. »
Le Royaume-Uni en précurseur
Présent sur l’ensemble du territoire européen, Masternaut observe un ralentissement du marché de la télématique au Royaume-Uni où le taux d’équipement est élevé et où la guerre des prix fait rage, quand la France recèle encore des marges de progression importantes. « Outre-Manche, la transition énergétique du diesel vers l’essence et l’hybride est en cours, explique Olivier Mansard, vice-président des ventes de Masternaut. Les entreprises retardent leurs achats et les immatriculations de VP diesel et de VUL marquent un coup d’arrêt. »
Avec un taux d’équipement de 70 %, voire de 80 % pour les grands comptes, le marché britannique constitue un poste d’observation pour Masternaut. « Nous pouvons suivre l’évolution de la demande, précise Olivier Mansard. Et la tendance est à la fusion de la télématique avec l’ensemble des données au sein du “big data“. Les enjeux tournent autour du conducteur avec la promotion d’une conduite plus responsable et plus efficiente. Les entreprises se demandent également comment l’analyse des données de la télématique va leur permettre d’accroître leur productivité, d’améliorer leurs services et de renforcer la satisfaction de leurs clients. »
Des solutions pour les conducteurs
Fin 2019, Verizon Connect lancera des solutions de gestion autonome pour assurer le suivi à distance de différentes ressources mobiles. Équipée d’une batterie, une balise permettra ainsi de géolocaliser des engins, des bennes, des remorques, etc.
Face à la concurrence, Verizon Connect met en avant une stratégie spécifique : « Nos solutions s’intéressent davantage aux conducteurs qu’aux véhicules. Quand les véhicules ne sont pas attribués et grâce à un système de badge pour s’identifier, la consommation de chacun des conducteurs peut par exemple être obtenue », expose Amandine Christolhomme.
Verizon Connect offre aussi de créer facilement des points d’intérêt (clients, fournisseurs, etc.) et de les utiliser pour analyser l’activité, optimiser les trajets et renforcer la qualité de service. Le télématicien annonce des tarifs autour de 20 euros par mois et par véhicule.
Autre poids lourd du marché, Coyote a racheté Traqueur en février 2018 et investit aujourd’hui le marché des véhicules d’entreprise. Dans la corbeille de mariage, Coyote, connu pour ses avertisseurs de radars, ses alertes de sécurité et ses applications de navigation, a récupéré Fleet Technology, un spécialiste de la télématique absorbé par Traqueur en 2006.
« En discutant avec nos clients, nous nous sommes aperçus qu’il existait une demande grandissante pour de nouveaux services, avance Benoît Lambert, président de Coyote. Il fallait créer une plate-forme où, parallèlement aux services d’alerte et de navigation déjà existants dans notre portefeuille, nous proposerions de la géolocalisation, de la récupération de véhicules volés et des fonctionnalités de gestion de flotte. » Le rachat de Traqueur et de Fleet Technology permet donc à Coyote d’élargir son offre, mais aussi de revendre davantage de données à des spécialistes de l’information trafic, d’agrandir sa communauté et d’investir plus massivement le marché des entreprises.
Coyote élargit son offre
Selon Coyote, le marché de la gestion de flotte à distance progresse de 30 à 40 % chaque année. « Sur ce marché, la concurrence ne commercialise qu’un type de services : alertes, navigation, récupération des véhicules volés ou gestion de flotte. Avec le rachat de Traqueur et de Fleet Technology, Coyote aligne l’ensemble de ces services à un prix compétitif puisque nous sommes 30 à 40 % moins chers que nos concurrents », argumente Benoît Lambert. Pour parvenir à ses fins, Coyote a redéployé sa plate-forme de services en novembre dernier. Pour investir le marché des flottes, Coyote a créé une entité entièrement dédiée, Coyote Business, afin de miser sur une offre multiservices et modulable. Avantage pour le client selon Coyote : il peut obtenir auprès d’un seul prestataire des services d’alertes et d’informations routières en temps réel, d’assistance à la conduite, de récupération de véhicules volés, de protection des collaborateurs et de suivi de flotte.
Autre avantage : avec la télématique, l’entreprise peut savoir qui était au volant quand les autorités ont relevé une infraction au Code la route, et donc désigner le conducteur avec certitude. L’entreprise peut aussi contester une infraction en apportant la preuve irréfutable que le véhicule incriminé n’était pas à tel endroit à telle heure.
910 millions pour TomTom Telematics
Au nombre des rachats, le dernier en date a de quoi marquer les esprits. Et avec un montant de 910 millions d’euros, il bat tous les records. C’est le prix payé par Bridgestone pour TomTom Telematics. Alors que le département télématique du spécialiste des GPS était à vendre depuis plusieurs mois, le communiqué a été publié le 22 janvier. Avec l’intégration de TomTom Telematics, Bridgestone confirme son ambition de devenir un leader des solutions de mobilité dans la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique.
« Avec les deux offres réunies, Bridgestone pourra commercialiser des pneus et des solutions de gestion auprès d’un portefeuille élargi de clients, anticipe Bridgestone. De plus, l’accès aux données améliorera les procédures de R & D des pneus de Bridgestone et accélérera l’innovation sur les pneus connectés au bénéfice de tous les clients dont les équipementiers. »
Bridgestone a déjà investi le marché de la télématique avec des applications comme Tirematics pour surveiller la pression et la température des pneus des poids lourds, FleetPulse pour assurer le suivi et la maintenance des véhicules, et Bridgestone Connect pour récupérer les données télématiques et les informations sur les organes du véhicule.
Cette dernière application a été créée en partenariat avec Xee, spécialiste de la télématique au capital duquel Bridgestone est monté en 2017. Lors des Rencontres Flottes Automobiles du 21 février, TomTom Telematics a présenté une solution d’optimisation de saisie des données, développée avec Praxedo, spécialiste français de la gestion des interventions. La saisie des données (fiches d’intervention, bordereaux de livraison, relevés de température, etc.) ne se fait plus sur papier mais sur l’application Praxedo via la tablette TomTom Telematics. Ainsi, les informations s’intègrent automatiquement aux applications de l’entreprise (ERP, CRM, RH, facturation).
Une connectivité tous azimuts
De son côté, SuiviDeFlotte.net a mis en place un cycle d’innovation accélérée en 2018. Ses solutions sont désormais mises à jour et enrichies tous les quatre mois. Trois nouvelles éditions avec plus d’une centaine d’évolutions ont été développées en 2018 et 2019 suivra la même voie. Chaque version demande 1 000 jours/homme de travail. Parmi les évolutions les plus marquantes figure le déploiement d’une application mobile pour obtenir les données à partir d’un smartphone. Autre actualité, les données de la télématique peuvent être exploitées dans diverses applications quand la plate-forme de SuiviDeFlotte.net intègre des informations issues des autres logiciels employés par les entreprises. À titre d’exemple, le télématicien dispose d’une connexion au système informatique de l’Antai (Agence nationale de traitement automatisé des infractions). Dans le cadre de la désignation pour les amendes, la plate-forme peut ainsi aller chercher les coordonnés du conducteur directement dans le fichier RH pour les communiquer automatiquement aux autorités.
Autre nouveauté sur laquelle planche SuiviDeFlotte.net depuis l’an dernier, un logiciel de gestion de parc est en cours de déploiement. « De nombreuses entreprises gèrent encore leur flotte avec Excel et il existe un réel besoin en progiciels », constate Julien Rousseau, le président du télématicien. Propriétaire à 100 % de son entreprise qui revendique 40 000 véhicules équipés, Julien Rousseau n’envisage pas encore de la revendre : « Nos collaborateurs sont passionnés et participent activement au développement. À ce stade et tant que nous avançons, je n’ai pas l’intention de vendre. »
Toujours au chapitre des nouveautés, le boîtier télématique de Kuantic s’enrichit de trois fonctionnalités : immobilisation à distance, anti-démarrage sans badge d’authentification et autopartage avec badge. Kuantic assure l’installation et la désinstallation de ses boîtiers en début et fin du cycle d’utilisation des véhicules par les entreprises. Kuantic ajoute également à son catalogue la solution Mov’InBlue d’autopartage sans clé physique développée par Valeo. À partir de son smartphone, le collaborateur réserve le véhicule, l’ouvre, le démarre et le referme après utilisation.
Loueurs et constructeurs à la manœuvre
Parallèlement aux « pure players » de la télématique, d’autres acteurs avancent leurs pions. C’est le cas d’Arval qui possède sa solution technologique ou encore d’ALD Automotive qui devrait dévoiler son offre prochainement.
Quant aux constructeurs, ils comptent jouer les premiers rôles, à l’image de Free2Move Connect. Le département du Groupe PSA dédié à ses technologies s’appuie sur une expérience acquise depuis 2010 dans le domaine de l’appel d’urgence géolocalisé et propose une offre complète. Depuis 2014 et à la demande des entreprises, les boîtiers embarqués peuvent s’activer à distance pour collecter les données du Bus Can et les restituer aux gestionnaires de flotte. Free2move équipe les véhicules dépourvus d’unité télématique en sortie d’usine et a conclu des accords avec des télématiciens pour gérer des flottes hétérogènes et multimarques. L’économie réalisée atteindrait 5 % du TCO au minimum.
Vous avez l’embarras du choix.
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