
Pour appréhender le potentiel d’électrification d’une flotte, le télématicien Geotab équipe les véhicules thermiques pour en étudier les usages : trajets, zones géographiques, temps d’arrêt, etc. Pour remplacer ces modèles thermiques, ce télématicien propose, dans un second temps, les deux ou trois véhicules électriques du marché les plus adaptés. Si les temps d’arrêt sont nombreux et la recharge répétée, l’autonomie constituera ainsi un critère moins important, quand il deviendra crucial si le véhicule doit rouler toute la journée sans recharge. À noter que l’autonomie de référence n’est pas celle du protocole WLTP mais celle constatée dans...
Pour appréhender le potentiel d’électrification d’une flotte, le télématicien Geotab équipe les véhicules thermiques pour en étudier les usages : trajets, zones géographiques, temps d’arrêt, etc. Pour remplacer ces modèles thermiques, ce télématicien propose, dans un second temps, les deux ou trois véhicules électriques du marché les plus adaptés. Si les temps d’arrêt sont nombreux et la recharge répétée, l’autonomie constituera ainsi un critère moins important, quand il deviendra crucial si le véhicule doit rouler toute la journée sans recharge. À noter que l’autonomie de référence n’est pas celle du protocole WLTP mais celle constatée dans la réalité des faits en s’appuyant sur les 3,5 millions de véhicules suivis au quotidien par la plate-forme de Geotab, argumente ce prestataire.
Cartographier les trajets
Le fonctionnement ne se veut pas très différent chez les concurrents. Pour accompagner les entreprises dans l’électrification des flottes, Webfleet met en avant, depuis 2021, son rapport d’électrification. Là aussi, il s’agit de déterminer les véhicules et les utilisations compatibles avec l’électrique. Durées des trajets, routes empruntées, temps d’arrêt, comportements de conduite, potentiel de recharge et autres critères sont alors passés au crible.
Pareillement, avant de déployer des véhicules électriques, Océan propose à ses clients d’établir une cartographie des trajets réalisés. « Les entreprises ont parfois des surprises quand elles découvrent les utilisations réelles. Nous apportons des éléments précis pour montrer les typologies des trajets faits par chaque véhicule », souligne Olivier Picard, directeur général de ce télématicien. Ainsi, si un véhicule est partagé entre plusieurs conducteurs, il peut parcourir de courtes distances pendant la semaine et de longs trajets au cours du week-end. Dans ces conditions, le mode d’utilisation va évoluer avec un véhicule électrique qui sera affecté exclusivement aux trajets courts. Un constat que confirme Geotab. Pour ce télématicien, lorsqu’une entreprise décide de passer à l’électrique et d’étudier les utilisations, elle s’aperçoit souvent que ses véhicules sont sous-employés. « Dans ce cas, elle peut décider d’en optimiser l’usage par la mutualisation, observe François Denis, le directeur général de Geotab en France. Le véhicule électrique est en effet idéal pour l’autopartage car il peut se recharger en revenant à sa base après chaque utilisation. »
Illustration par l’exemple
Assem Deif, directeur grands comptes pour Michelin Connected Fleet (ex Masternaut), illustre cette démarche préalable à l’électrification avec un cas client : « Avant de choisir notre solution, Rentokil Initial l’a testée sur un certain nombre de véhicules. Pour cette entreprise, l’enjeu portait sur le renforcement de la sécurité routière et sur la baisse des émissions de CO2. Aujourd’hui, nous accélérons avec eux pour basculer la flotte vers des véhicules électriques », expose-t-il. Spécialiste des services d’hygiène, Rentokil Initial est à la tête d’une flotte de 750 VUL.
En amont, avant d’intégrer des modèles électriques, Michelin Connected Fleet met aussi en place sa solution pour analyser l’emploi des véhicules existants. « La télématique extrait des données contextualisées et vérifiées sur le terrain. Pour électrifier une flotte, il faut comprendre le métier du client et l’utilisation des véhicules. Ces derniers repassent-ils en agence ? Combien de temps stationnent-ils au même endroit ? Quelles sont les durées des arrêts ? Lorsque nous avons étudié le métier du client et l’usage des véhicules, nous disposons d’un module pour trouver le véhicule électrique adapté. Nous supervisons 300 000 véhicules connectés en Europe et nous disposons des autonomies réelles des différents modèles », détaille Assem Deif.
Suivre la recharge…
Pour ce prestataire, la remontée de ces données se veut d’autant plus importante que « ces informations permettent de lutter contre les mythes qui entourent la mobilité électrique. Au sein d’une entreprise que nous avons équipée, des bruits couraient sur l’impossibilité de recharger des véhicules électriques car les trajets ne repassaient pas par les agences dans la journée. De plus, d’autres bruits supposaient une incapacité des futures bornes à recharger l’ensemble des véhicules. Nous avons montré que les véhicules rentraient au moins une fois en agence et que la puissance des bornes répondait bien aux besoins », illustre Assem Deif.
Car une fois la flotte passée aux électrons, la télématique se veut à nouveau incontournable, surtout lorsqu’il est question de la recharge. « Lorsque la flotte est électrifiée, la télématique devient indispensable, confirme François Denis. L’entreprise doit en effet vérifier l’état de charge de la batterie et seules nos technologies le permettent. » Exemple parmi d’autres, les bornes installées sur le parking d’une entreprise sont moins nombreuses que les véhicules électriques et la recharge doit donc s’organiser en fonction des priorités.
… et l’organiser
Autre fonctionnalité, la télématique relève la quantité d’énergie réellement injectée dans la batterie du véhicule au domicile du collaborateur pour le rembourser en conséquence. Le gestionnaire peut aussi recevoir une alerte quand l’autonomie passe sous les 20 %. Parallèlement, avec les applications des partenaires de Geotab, le conducteur obtient la localisation des bornes et gère son parcours en fonction des besoins de charge.
« Une fois les véhicules électriques déployés, nous pouvons remonter leurs données d’utilisation : temps de charge, puissance disponible des bornes, etc., souligne de son côté Assem Deif pour Michelin Connected Fleet. Et notre plate-forme aide les entreprises à organiser les recharges : matin, après-midi, soirée, recharge totale ou partielle, en itinérance ou pas, etc. La planification des missions peut se faire en fonction de l’état de charge des batteries. Une application destinée aux conducteurs permet aussi de visualiser l’autonomie résiduelle des batteries, la distance correspondante, les données d’éco-conduite, les bornes de recharge les plus proches, etc. », énumère ce responsable.
Un support d’électrification
De son côté, Webfleet mise, après son rapport d’électrification, sur son dispositif Smart Charging. « Lorsque les véhicules ont été sélectionnés, les trajets analysés et que l’entreprise a investi dans des bornes, elle doit ensuite se demander si les infrastructures lui permettent de recharger les véhicules et si la puissance de ses installations électriques suffit », expose Annick Renoux, directrice commerciale de Webfleet France. Compatible avec les bornes communicantes qui répondent aux protocoles d’échange de données universels, Smart Charging supervise donc ces bornes et veut offrir la possibilité aux gestionnaires de flotte d’optimiser la recharge à partir d’informations précises.
Avec le module Smart Charging, une entreprise peut donc gérer et ses véhicules et ses bornes, selon le prestataire. En fonction des urgences, ce module va par exemple demander à la borne de charger tel ou tel véhicule et de s’exécuter à tel ou tel moment. Smart Charging écrête alors les pics de consommation et équilibre les ravitaillements. Autre avantage, le recours à la recharge se concentre au moment où l’énergie est la plus économique et la plus respectueuse de l’environnement. Et Smart Charging préserve au maximum l’intégrité des batteries pour accroître leur durée de vie. Autre retour sur investissement promis par le télématicien, les coûts de la recharge peuvent être divisés par deux et l’empreinte carbone baissée de 70 %.
Promouvoir la durabilité des batteries
Sur ce sujet des batteries, Webfleet propose aussi Battery Analytics, une fonctionnalité pour analyser les performances des batteries et surveiller l’évolution de leur durabilité. Grâce à ce module, Webfleet annonce une durée de vie de la batterie accrue de 25 %.
Pour sa part, Océan indique les positions géographiques des bornes pour aider les conducteurs de véhicules électriques à recharger. Et ce télématicien donne aussi des informations sur les habitudes de recharge aux gestionnaires de flotte. À eux ensuite d’éviter au maximum deux pratiques néfastes à la durée de vie des batteries : le biberonnage et la recharge systématique sur les bornes rapides. « Avec notre solution, rajoute Olivier Picard, ces gestionnaires disposent d’informations pour mettre en place des pratiques qui retardent la dégradation des batteries. » De fait, la batterie constitue un élément déterminant du TCO d’un véhicule électrique. En donnant des indications sur les modes de recharge et le SOH (State Of Health ou état de santé et d’usure de la batterie), la télématique fait évoluer les pratiques et génère des économies.
Faciliter l’électrification
Et les télématiciens multiplient les arguments en faveur de leurs dispositifs, en mettant en avant les gains qu’ils peuvent générer. « Sans outil adapté, l’entreprise doit électrifier sa flotte de manière empirique, avance Annick Renoux pour Webfleet. Elle doit relever et analyser les kilomètres parcourus, discuter avec les chauffeurs. Elle s’aperçoit alors que le sujet des bornes est complexe. Elle doit mener des discussions avec les fabricants de ces infrastructures, faire évoluer ses contrats avec les fournisseurs d’énergie, lancer des formations, etc. Sans outil de télématique, le processus va être fastidieux et prendre trois fois plus de temps », poursuit cette directrice commerciale.
Avec Webfleet, les conducteurs disposent de fait d’un outil de navigation où apparaissent l’ensemble des stations de recharge du territoire européen. Pour les bornes compatibles, ils obtiennent le type de prise utilisé, la disponibilité, les horaires d’ouverture, etc. La plate-forme de Webfleet prend en compte l’autonomie résiduelle de la batterie pour établir des plans de tournées. Elle analyse aussi l’impact de la conduite sur l’autonomie. « Avant d’obtenir un retour sur investissement, l’entreprise doit amortir les véhicules, les bornes et la formation des conducteurs, observe Annick Renoux. Cette phase peut prendre trois à quatre ans. Par la suite, le TCO peut diminuer de 25 %. » De son côté, Geotab met en avant les gains liés à une conduite apaisée, avec les véhicules électriques comme avec leurs homologues thermiques. Selon Geotab, dans le cas des modèles diesel et essence, l’écart de consommation entre un mauvais et un bon conducteur peut atteindre 35 %. « Pour les véhicules électriques, les écarts de consommation d’électricité sont tout aussi importants », indique François Denis. Les économies concernent également les plaquettes de frein, les pneus, la sinistralité.
Miser sur l’éco-conduite
« Réparer des véhicules électriques demande des agréments spécifiques et des compétences particulières, reprend François Denis. Conséquence : un coût élevé des réparations. En favorisant une conduite plus sûre et plus économique, la télématique réduit le risque d’accident et les coûts induits. » Geotab insiste sur l’efficacité de sa solution en matière d’éco-conduite à travers des alertes et des conseils qui arrivent en temps réel dans le véhicule pendant la conduite à travers des haut-parleurs spécifiques.