
« Faire simple » : en décrivant les fonctionnalités proposées, les spécialistes de la télématique pourraient très bien revendiquer le credo affiché par Apple. « Le gestionnaire de flotte peut vite être perdu face à la quantité de données fournies par la télématique », constate François Denis, P-DG du prestataire Geotab. Pour optimiser l’accessibilité aux données remontées des boîtiers et en faciliter la compréhension, les différents prestataires remodèlent donc sans cesse leurs interfaces et diversifient leurs services.
Illustration : Geotab propose depuis l’été Project G, une fonctionnalité présentée comme le « ChatGPT de la télématique...
« Faire simple » : en décrivant les fonctionnalités proposées, les spécialistes de la télématique pourraient très bien revendiquer le credo affiché par Apple. « Le gestionnaire de flotte peut vite être perdu face à la quantité de données fournies par la télématique », constate François Denis, P-DG du prestataire Geotab. Pour optimiser l’accessibilité aux données remontées des boîtiers et en faciliter la compréhension, les différents prestataires remodèlent donc sans cesse leurs interfaces et diversifient leurs services.
Illustration : Geotab propose depuis l’été Project G, une fonctionnalité présentée comme le « ChatGPT de la télématique ». « C’est extrêmement facile d’utilisation, assure François Denis : le gestionnaire pose n’importe quelle question sur sa flotte pour obtenir une réponse simple. Par exemple : ‘‘Quels véhicules sont les moins employés dans le parc cette année ?’’ »
De l’intelligence artificielle
Project G fonctionne sur la même base que Data Connector, un service lancé par ce télématicien début 2022. Avec Data Connector, Geotab veut donner aux entreprises le moyen de recueillir directement l’ensemble des données collectées par les boîtiers. Plutôt que d’utiliser l’interface et les indicateurs du télématicien, les entreprises peuvent alors exploiter ces données dans des tableaux, présentations interactives ou graphiques mis en forme par des outils de « business intelligence », comme Tableau ou Power BI. Avec Project G, le principe reste identique, sauf que les données ne sont plus exploitées ni dans l’interface du télématicien, ni par les logiciels de business intelligence, mais par l’intelligence artificielle qui les synthétise sous forme de réponses écrites à des questions du gestionnaire.
Toujours dans cet esprit de simplification, une autre prestation s’impose peu à peu dans le catalogue des télématiciens : les caméras embarquées. « Ce marché explose depuis un an après avoir balbutié pendant plusieurs années. Les entreprises ont moins peur de recourir à ces solutions. Il s’agit en effet d’un support valable dans le cadre des constatations d’accidents et qui permet de réduire les primes d’assurance », avance Annick Renoux, directrice des régions France et Benelux pour le télématicien Webfleet, filiale de Bridgestone Mobility Solutions.
Des caméras sous toutes les formes
« La demande de caméras se développe de la part des entreprises de transport et de livraison du dernier kilomètre », note François Denis pour Geotab ; « elle provient de transporteurs de matériel de valeur et il existe aussi une demande pour le transport de personnes handicapées », complète Annick Renoux ; « Nous équipons tout type de clients, y compris des collectivités locales », conclut Stéphane Penlae, directeur général du télématicien Viasat Connect.
Ces caméras ne sont pas seulement disposées à l’extérieur des véhicules, elles servent aussi à enregistrer les événements à l’intérieur. « Et nous allons proposer des caméras auxiliaires afin de filmer tous les angles du véhicule et les chargements », anticipe Annick Renoux. Pour les caméras qui filment à l’intérieur de l’habitacle ou de la cabine, Geotab commercialise une version qui capte uniquement certains points du visage du conducteur. « Sur cette base, il est possible de déterminer s’il est en train de s’endormir, de regarder son portable ou de manger », explique François Denis.
Avec ces caméras à l’intérieur du véhicule, les informations récoltées peuvent être exploitées en direct pour un travail de prévention de la part du gestionnaire de flotte. « 84 % des accidents sont causés par la distraction du conducteur et nous donnons les moyens de prévenir ce risque », poursuit François Denis. Et les entreprises ne sont pas les seules à être convaincues de la capacité de ces dispositifs à prévenir les sinistres. « Nous menons des discussions avec un assureur qui voudrait pousser ces solutions chez ses clients », indique Annick Renoux pour Webfleet.
Toujours dans un objectif de prévention du risque routier, les télématiciens font aussi évoluer leurs outils de suivi des comportements de conduite. « Nous allons enrichir notre algorithme sur le score du comportement routier en ajoutant le poids transporté dans le véhicule et la topographie des routes empruntées », illustre Annick Renoux.
Une télématique aux fonctionnalités multiples : du suivi de la conduite…
Depuis la rentrée, le télématicien Océan livre aussi un « indicateur risque et fatigue » amélioré. « Avec cet indicateur, le gestionnaire de flotte peut quantifier le nombre de trajets accidentogènes réalisés afin d’identifier les gros rouleurs et de les responsabiliser », décrit Barbara Tron, directrice marketing et communication. Cet indicateur est élaboré sur la base du dénombrement des trajets supérieurs à deux heures – un critère de durée par défaut, qui peut se paramétrer. Le dispositif recense aussi le nombre de kilomètres parcourus dans une journée. « Selon les critères définis en amont : de fréquence des pauses, de kilomètres parcourus, nous éditons un rapport pour identifier les conducteurs à risque », expose Barbara Tron.
Océan mise aussi sur une nouvelle interface pour suivre les entretiens par le biais d’alertes. Ce dispositif a pour but de faciliter la tâche du gestionnaire de flotte en classant ces alertes selon le délai écoulé depuis leur occurrence, « soit jusqu’à cinq jours en vert, de six à dix jours en jaune, d’onze à quinze jours en orange, et en rouge au-delà de seize jours », énumère Barbara Tron. Avec ces indicateurs, le responsable de parc peut donc identifier les retards trop importants pris dans la prise en charge des problèmes mécaniques, plutôt que de relancer les conducteurs pour tous les problèmes techniques signalés.
Dans le registre du suivi des comportements au volant, les télématiciens continuent aussi à perfectionner leurs indicateurs d’éco-conduite, à l’image d’Océan qui a lancé un indicateur sur les consommations de carburant. « Cet outil compare les consommations théoriques et réelles des véhicules afin d’identifier les conducteurs qui surconsomment et l’économie potentielle si l’on met en place des solutions d’accompagnement à la conduite pour ces derniers », détaille Barbara Tron. Ces écarts de consommations sont pareillement signalés dans l’interface d’Océan par des indicateurs tricolores pour en simplifier le suivi par le responsable de parc.
… aux indicateurs d’éco-conduite
Pour sa part, Webfleet a récemment repensé la méthode d’évaluation de son score d’éco-conduite Opti Drive 360. « Nous l’avons revue suite aux suggestions de nos clients, avec un indicateur qui met l’accent sur la “gamification” : un chauffeur peut désormais visualiser son score et le comparer à celui d’un autre », avance Annick Renoux. Autre évolution pour le score d’éco-conduite : la personnalisation des indicateurs. « Les entreprises améliorent progressivement les comportements de conduite en commençant par exemple par les arrêts moteur tournant ou les freinages brusques. Avec notre nouvel indicateur, elles peuvent dorénavant personnaliser les scores en fonction des indicateurs que le responsable de la sécurité veut suivre », argumente Annick Renoux. Dans la continuité de cette évolution du score d’éco-conduite, le télématicien va proposer « un coaching personnalisé sur la plate-forme, auquel les conducteurs auront accès via des briques de conseil », poursuit la responsable de Webfleet.
Certains prestataires de la télématique travaillent aussi à étoffer les fonctionnalités de gestion de flotte de leurs outils. « C’est une demande de nos clients », justifie le P-DG du télématicien Suivideflotte, Julien Rousseau. Avec deux nouveautés chez ce prestataire. La première automatise la saisie des documents des véhicules par le gestionnaire de flotte. Après un simple glisser-déposer d’une facture de révision, d’entretien ou de réparation dans l’interface du télématicien, celle-ci est lue par une intelligence artificielle qui en retire les informations essentielles : date, identité du fournisseur, numéro de la facture, montant total et TVA. Une opération qui prend quelques secondes et que le gestionnaire valide ensuite. Suivideflotte propose cette fonctionnalité gratuitement dans son contrat.
De la gestion de flotte
La seconde fonctionnalité mise en avant simplifie le suivi des prises de carburant. « Notre solution rapporte toutes les transactions liées aux prises de carburant. Même si le client a plusieurs pétroliers et plusieurs cartes, nous agrégeons toutes les transactions sur le véhicule concerné », note Julien Rousseau.
Chez Webfleet, l’interfaçage avec les pétroliers a aussi amené à lancer un nouvel indicateur : « Nous récupérons les informations sur la date et la consommation de carburant, que nous croisons avec les informations issues des boîtiers qui nous donnent la localisation des véhicules, et avec des analyses des trajets afin de détecter les fraudes », indique Annick Renoux
En parallèle, d’autres télématiciens préfèrent s’associer à des éditeurs de logiciels de gestion de flotte pour présenter des offres combinées. C’est le cas du télématicien Kuantic qui annonce travailler à un partenariat avec un éditeur de logiciels pour lancer un outil avec une seule interface, aussi bien sur mobile que sur son portail internet. Un dispositif déjà en test dans une entreprise et qui devrait être commercialisé en fin d’année.
Chez le télématicien Viasat Connect, le choix a été fait de s’orienter vers une offre qui combine outil de gestion de flotte et outil de télématique, plutôt que de modifier l’interface existante. Viasat Connect et l’éditeur du logiciel de gestion GAC Car Fleet misent donc sur une offre combinée pour un coût moins élevé que les deux outils achetés séparément.
Plusieurs arguments pèsent en faveur de cette solution qui préserve deux outils séparés, selon Stéphane Penlae, P-DG de Viasat Connect : « Il est possible de créer une hybridation entre outil de gestion et télématique pour proposer un outil capable de traiter des données issues de la télématique comme le kilométrage, mais ce n’est pas indispensable. Le kilométrage peut être obtenu avec les cartes essence ou la déclaration conducteur », relève-t-il. Les outils « mixtes » présentent aussi le désavantage d’être moins puissants que deux outils distincts, estime également Stéphane Penlae. Et surtout, pointe-t-il, « dans les entreprises, il est rare qu’une même personne se serve des données de ces deux outils. »
Chacun son outil
Une analyse reprise par Barbara Tron chez Océan : « Selon les entreprises, notamment en fonction de leur taille, ce n’est pas la même personne qui gère l’activité des véhicules au quotidien et qui supervise la gestion de la flotte. Et quand ces deux interlocuteurs sont différents, ils ont chacun besoin d’outils très complets. » Ce constat pousse la filiale télématique d’Orange à mettre en place des API (Application Programming Interface, interface de programmation d’application), soit des canaux de partage de données, avec les outils des différents éditeurs de logiciels, tout en continuant à développer des fonctionnalités, évoquées plus haut, autour de la spécificité de son outil. « Rapprocher notre activité de celle des éditeurs de logiciels de gestion n’est pas notre actualité, insiste Barbara Tron. Nous restons sur notre expertise historique, tout en développant les échanges de flux avec nos partenaires comme GAC Technology ou des éditeur d’ERP, etc. »
Face à l’éventail des offres des télématiciens, il revient aux entreprises, en fonction de la taille de leur flotte et de leur activité, de choisir l’outil approprié. Avec pour elles aussi l’objectif de « faire simple ».
Dossier - Télématique : quels outils pour les flottes ?
- Télématique : de la géolocalisation à la gestion
- Grégory Hourcadet, Eurélec : « La télématique a eu un effet vertueux sur la conduite »
- Outils de télématique : de multiples utilisateurs
- La télématique en déploiement chez Sachot
- Aqua Pensez-vous ? : la télématique à tout faire
- Outils télématiques : les fonctionnalités s’étendent