
Les habitudes des TPE et PME tendraient à évoluer en matière de financement ? C’est ce que semble noter l’Observatoire du véhicule d’entreprise (OVE) d’Arval dans son dernier baromètre de juillet 2018. La proportion des entreprises de moins de 10 salariés qui délaissent les autres modes de financement (LOA, crédit classique ou achat au comptant) pour se tourner vers la location longue durée (LLD) est passée en trois ans de 5 à 11 %, soit une croissance d’un peu plus de 2 points par an. Du côté des entreprises de 10 à 99 salariés, la proportion qui a opté pour la LLD s’élève en 2018 à 22 %. Dans les deux cas, des chiffres très éloignés des 71 %...
Les habitudes des TPE et PME tendraient à évoluer en matière de financement ? C’est ce que semble noter l’Observatoire du véhicule d’entreprise (OVE) d’Arval dans son dernier baromètre de juillet 2018. La proportion des entreprises de moins de 10 salariés qui délaissent les autres modes de financement (LOA, crédit classique ou achat au comptant) pour se tourner vers la location longue durée (LLD) est passée en trois ans de 5 à 11 %, soit une croissance d’un peu plus de 2 points par an. Du côté des entreprises de 10 à 99 salariés, la proportion qui a opté pour la LLD s’élève en 2018 à 22 %. Dans les deux cas, des chiffres très éloignés des 71 % que pèse la LLD auprès des entreprises de plus de 250 salariés (voir aussi l’encadré).
Les raisons du faible poids de la LLD dans les organisations de petite taille sont nombreuses. Parmi celles-ci, l’inadéquation des kilométrages parcourus par les véhicules de ces entreprises avec les lois de roulage proposées par les loueurs. Une situation qui touche tout particulièrement les utilitaires, très présents chez les artisans et dans les petites structures du BTP notamment.
C’est vrai chez Habitat & Traditions, une entreprise de la Marne spécialisée dans la rénovation, l’isolation et la décoration intérieure et extérieure. Sa flotte compte douze utilitaires Transit et Master, susceptibles d’être employés par 22 salariés, et six véhicules pour les commerciaux, des Clio et un Scénic. L’ensemble est financé en achat. « Certains utilitaires ne roulent quasiment pas, de l’ordre de 150 000 km sur leur durée de vie », précise David Éloi, en charge de la gestion du parc. Un faible kilométrage qui conduit à prolonger la détention du véhicule. C’est la fréquence des travaux à effectuer ou le plafond de 200 000 km au compteur qui justifient, à terme, le changement pour des modèles neufs.
Des kilométrages limités
La situation n’est pas très différente dans l’entreprise de maçonnerie Janné Père et Fils, basée à Charly-sur-Marne dans l’Aisne. La flotte compte un Peugeot Partner et quatre Iveco 35 C13 équipés de bennes. Elle comprend aussi deux Master : le premier vieux d’une vingtaine d’années et dont l’entreprise va bientôt se débarrasser, et un autre neuf, un Master rehaussé âgé de quelques mois et qui vient d’entrer en parc. « Nos véhicules ne roulent pas beaucoup, nos déplacements se limitent à un rayon d’une quinzaine de kilomètres, confirme Michaël Janné, qui dirige aujourd’hui l’entreprise. Le Master dont nous allons nous séparer a atteint 150 000 km au bout de vingt ans. »
Pour financer ces véhicules peu employés, Michaël Janné a contracté un crédit auprès de sa banque : « Nous amortissons l’achat sur la durée du crédit. À chaque nouveau véhicule, le comptable pose la question d’un autre mode de financement, mais je suis favorable au maintien des camions en propriété, même pour des camions-bennes qui s’usent plus vite. Ils n’ont pas changé depuis que j’ai repris l’entreprise familiale il y a une dizaine d’années », argumente ce responsable. Et chez Janné Père et Fils comme chez Habitat & Traditions, c’est la fréquence des travaux sur les véhicules qui motive leur changement.
Travailler sur la durée
Le raisonnement n’est pas très différent chez Burin-Penet. Mais pour le financement de son parc, cette entreprise générale du bâtiment combine LOA et achat. « Pour nous, un crédit-bail n’est pas tellement différent d’un prêt classique, précise Sébastien Burin. Nous souhaitons faire vieillir les véhicules : nous les entretenons, nous les gardons à la fin du crédit-bail avec l’option d’achat. Nous sommes dans une démarche d’entretien des véhicules sur la durée », expose Maxime Burin, à la tête de cette entreprise de douze personnes avec son frère Sébastien.
Situé à Boissy-Le-Châtel en Seine-et-Marne, Burin-Penet s’appuie sur huit véhicules dont deux Peugeot 308 pour les commerciaux, un Sprinter, un C15 Citroën et trois camions-bennes : un Cabstar, un Master et un poids lourd Renault de 16 t. À noter que pour succéder au Cabstar arrivé en fin de course, mais aussi pour faire face au développement de l’activité, sont prévus un Boxer benne, un Expert et un Partner, financés en LOA. « Nous changeons les véhicules commerciaux une fois que le crédit-bail est arrivé à son terme de manière à ce que la flotte ne soit pas vieillissante, détaille Maxime Burin. Pour les utilitaires de chantier, nous les gardons plus longtemps, une dizaine d’années en moyenne. Le kilométrage et l’état du véhicule décident du renouvellement. »
Autre cas de figure susceptible de convaincre les petites entreprises de se pencher vers un autre mode de financement : l’urgence. Chez Habitat & Traditions, deux utilitaires sont actuellement en location moyenne durée chez Fraikin. Explication de ce recours à la LMD : « Nous avons déployé des équipes et nous étions bloqués dans l’attente des modèles commandés car les délais sont très longs », rappelle David Éloi.
À plus longue échéance, de petites entreprises franchissent le pas d’autres modes de financement dont la LOA, sur la base des avantages qu’ils procurent. Pour Jean-Michel Bruyelle, artisan-couvreur à Jouy dans l’Eure-et-Loir, faire appel à la LOA participe à la sécurité de ses véhicules. Sa flotte compte trois véhicules : un Master fourgon, un Master benne rallongé pour inclure un coffre extérieur, et un Kangoo Maxi. « Depuis 18 ans, du fait de notre activité, nous avons toujours été concernés par le risque au travail qui inclut aussi le risque routier. Et si au début nous roulions dans des véhicules achetés, nous les prenons maintenant en LOA chez Renault. Cela permet de les changer tous les quatre ans et de bénéficier de l’entretien dans le contrat », rappelle ce responsable.
Avec ces véhicules renouvelés fréquemment – les contrats de LOA sont signés pour quatre ans et 80 000 km –, Jean-Michel Bruyelle peut non seulement bénéficier de véhicules suivis en permanence, mais aussi de modèles adaptés à son activité. Si un aménagement traditionnel avec des casiers n’est pas indispensable, ce couvreur demande toutefois des finitions spécifiques pour ses utilitaires. « Nous faisons ajouter des grilles de ventilation et la séparation entre la grille et l’arrière », précise Jean-Michel Bruyelle.

Le choix de la LOA
À chaque renouvellement, les camions bénéficient aussi tous d’une option désormais incontournable pour l’activité : le GPS. « Ne pas chercher l’adresse procure un gain de temps important. Les salariés ont chacun une grille d’intervention qui leur est donnée en début de journée et qu’ils n’ont plus qu’à suivre ensuite », reprend Jean-Michel Bruyelle. Autre explication notable du changement fréquent de véhicules avec ce mode de financement : « Sur des fourgons comme le Master, il y a plus d’options à chaque fois mais avec un loyer moins élevé », se félicite-t-il.
Renouvellement fréquent, accès aux dernières technologies, services, etc. : autant de prestations qui justifient la LOA, estime Jean-Michel Bruyelle : « Le contrat de location a certes un coût, mais avec l’achat, par expérience, on sait que les coûts de réparation s’accumulent pareillement. » La LOA est aussi un moyen d’éviter les immobilisations de véhicule lors d’un accident ou d’une réparation. « Les immobilisations obligent à arrêter le travail, pointe Jean-Michel Bruyelle. Avec les véhicules en LOA, nous obtenons des véhicules de prêt si nécessaire. »
Le concessionnaire auquel fait appel l’entreprise s’assure aussi du suivi de l’activité de son client lors des changements de véhicule. « Nous les anticipons. Le concessionnaire nous avertit que le véhicule va arriver à échéance et trois ou quatre mois avant, nous discutons du futur camion », décrit Jean-Michel Bruyelle.
Reste la question de la dégradation des véhicules, avec à la clé des frais de restitution souvent considérés comme dissuasifs dans le cadre de financements de type LOA ou LLD. Mais le peu de kilomètres parcourus et le suivi en interne des comportements de conduite des salariés aident à prévenir les dégradations excessives. « L’état joue de fait si le véhicule est abîmé ou pas à la restitution, reconnaît Jean-Michel Bruyelle. Mais de façon générale le respect de l’état des véhicules est assuré parce que nous menons une politique de prévention mais aussi en raison des limitations de vitesse plus sévères. »
Et la restitution ?
À noter que pour attirer les clients vers la LLD, certains loueurs ont développé des dispositifs de franchise pour limiter le montant des frais de restitution. Des dispositifs qui peuvent s’inclure dans des forfaits de location sous forme de packs « tout en un » (voir notre dossier sur la LLD).
Mais ces offres commerciales n’empêchent pas les incertitudes des chefs d’entreprise autour de la LLD. Car au-delà des frais de restitution, c’est aussi la pertinence économique de cette solution qui pose question. Des réponses peuvent venir d’intermédiaires comme les groupements d’achats qui obtiennent pour les petites structures des tarifs négociés auprès des constructeurs ou des loueurs. Des courtiers peuvent aller plus loin en accompagnant les TPE et PME dans les contrats de LLD, en leur proposant de seconder les gestionnaires de parc, depuis l’élaboration de la car policy jusqu’à la gestion au quotidien du contrat de location (voir l’article). Des solutions qui restent cependant soumises à un préalable indispensable pour les TPE-PME : établir une relation de confiance.
Dossier - TPE-PME : quels financements pour la flotte ?
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