
La liste est longue des changements qui bousculent des habitudes bien installées dans le domaine de la gestion de flotte, et cela concerne tout autant les TPE-PME que les grands groupes. Depuis deux ans, les difficultés d’approvisionnement des constructeurs contractent ainsi leurs capacités de production et allongent les délais de livraison, au grand dam des responsables de parc. Et la production se grippe au moment où les gammes subissent une mutation sans précédent, avec l’électrification des motorisations pour répondre aux évolutions réglementaires et fiscales autour de la diminution des émissions polluantes.
Au final, renouveler une...
La liste est longue des changements qui bousculent des habitudes bien installées dans le domaine de la gestion de flotte, et cela concerne tout autant les TPE-PME que les grands groupes. Depuis deux ans, les difficultés d’approvisionnement des constructeurs contractent ainsi leurs capacités de production et allongent les délais de livraison, au grand dam des responsables de parc. Et la production se grippe au moment où les gammes subissent une mutation sans précédent, avec l’électrification des motorisations pour répondre aux évolutions réglementaires et fiscales autour de la diminution des émissions polluantes.
Au final, renouveler une flotte se révèle une opération complexe. D’autant qu’il faut simultanément tenir, à défaut de baisser, le niveau des dépenses pour ce poste, mais aussi préserver la satisfaction des conducteurs. Le temps où les gestionnaires de flotte commandaient systématiquement des modèles diesel au meilleur prix, et dans les meilleurs délais, paraît bel et bien révolu.
Des pénuries et des délais
Illustration avec Labelians (Groupe CML-ID), un spécialiste de la fourniture de matériels pour les laboratoires médicaux, à la tête d’un effectif d’environ 200 salariés. Sa flotte comprend une cinquantaine de véhicules financés en LLD. 35 sont employés par des itinérants : commerciaux et des techniciens. Le reste du parc est à l’usage de la direction et deux, voire trois véhicules, fonctionnent en autopartage.
Labelians a été touché par les difficultés de production des constructeurs et les délais de livraison lors du dernier renouvellement de sa flotte. « En novembre 2021, nous avions commandé 25 véhicules que nous avons finalement réceptionnés onze mois plus tard », retrace Danièle Raffetin, responsable de l’environnement de travail et, à ce titre, gestionnaire de la flotte. Ce retard a été pris alors que la composition de la car policy avait déjà été difficile à arrêter.
Pour cette commande de véhicules, plusieurs difficultés se sont présentées à Danièle Raffetin. D’un point de vue financier tout d’abord : « Dès 2021, les remises grands comptes avaient diminué, rappelle cette responsable. Et la constitution de la car policy a été rendue plus complexe par rapport aux évolutions des motorisations, aux budgets croissants, le tout en préservant notre volonté de répondre aux besoins des utilisateurs », complète-t-elle.
TPE-PME : la question de la RSE dans les flottes
La récente car policy a également dû être construite dans une logique de verdissement. « Nous avons un important projet de RSE (responsabilité sociale de l’entreprise) en cours chez Labelians. Même si la flotte n’y est pas soumise, nous portons une attention particulière aux émissions, notamment à travers la TVS », note Danièle Raffetin.
De son côté, Paritel a fait le choix de 150 Renault Clio carburant au bioéthanol-E85. Ainsi, ce spécialiste des installations télécoms pour les TPE-PME verdit sa flotte de 270 véhicules, tout en contrebalançant en partie l’augmentation des tarifs des constructeurs. « Les remises que l’on pouvait obtenir jusqu’ici de leur part ont disparu. Cela joue sur le prix des véhicules. Mais avec le bioéthanol, nous arrivons à gagner du côté du carburant, même si nous ne compensons pas les hausses des prix des véhicules », souligne Carole Ginfray, directrice des achats et de l’environnement de travail. Malgré ces augmentations, Paritel insiste sur son effort pour maintenir le niveau d’équipement et de confort : « Les collaborateurs roulent beaucoup, les équipements sont importants pour le confort et la sécurité », relève cette responsable.
Des révisions à la baisse
Le raisonnement n’est pas très différent chez Kverneland Group France, filiale du fabricant de matériel agricole Kverneland. Pour contenir les hausses de coût, Wilfried Boissonnet, le responsable administratif et financier, a revu la car policy de son parc d’une cinquantaine de véhicules, uniquement des voitures de fonction financées en LLD. « Nous réduisons entre autres les niveaux de finition : les Peugeot 3008 en GT sont désormais proposés en finition Allure », illustre Wilfried Boissonnet, en charge de la gestion de la flotte. Pour conserver le niveau de confort, ce responsable inclut aussi, dans le catalogue de véhicules, des marques du même groupe Stellantis mais moins coûteuses, « comme en optant pour l’équivalent de la 3008 chez Opel, le Grandland, mais avec une finition toutes options », indique-t-il.
Au sein de La Collecte Médicale et de La Collecte du Coiffeur, ce ne sont pas les niveaux de finition qui ont changé, mais le constructeur fournisseur de la flotte de 53 VU en LLD. Chez ce spécialiste de la collecte de déchets médicaux et de déchets liés aux activités de coiffure, l’entrée de MAN, avec 27 de ses TGE, dans le catalogue des utilitaires de l’entreprise, a aussi eu pour bénéfice de raccourcir les délais de renouvellement du parc. « Avec les tensions sur le marché, nous avons reçu nos utilitaires Mercedes un an et demi après leur commande. MAN s’est engagé sur les délais de livraison : ils atteignent quatre à six mois, ce qui reste acceptable », estime Céline Commeureuc, la directrice logistique de l’entreprise, en charge de la gestion de la flotte.
Une gestion en mouvement
Chez Labelians, l’élargissement de la car policy à des motorisations plus « vertes » est aussi allé de pair avec une ouverture à d’autres constructeurs, « alors qu’il y a quelques années, il y avait des marques imposées par la direction. Aujourd’hui, nous allons au plus offrant », résume Danièle Raffetin. Cette évolution constitue aussi un changement dans la gestion de flotte de Labelians, qui se répercute sur les habitudes des salariés. Ces derniers ne bénéficient plus de la même visibilité sur les modèles qu’ils conduiront dans les prochaines années. « Cela a demandé une certaine adaptation de leur part », reconnaît cette responsable. Mais malgré ces changements, Danièle Raffetin n’a pas encore trouvé tous les modèles nécessaires pour renouveler son parc.
Le diesel se retire
La volonté de limiter les émissions de Labelians s’est traduite dans les motorisations présentes dans la flotte : moins d’un quart du parc fonctionne maintenant au diesel, contre la totalité il y a deux ans. Parmi les motorisations « vertes » ont été intégrés des modèles hybrides essences. « Mais ces motorisations et la baisse de la consommation n’amortissent pas la progression du coût du carburant. Le tarif de l’essence a augmenté, le véhicule est plus cher : nous ne sommes pas gagnants financièrement », regrette Danièle Raffetin. À noter qu’un véhicule électrique est en test par un salarié pour lequel une borne a été installé à domicile.
Des véhicules toujours plus verts
Chez Kverneland Group France, l’évolution de la car policy vers des modèles plus verts reste aussi à relier à un changement dans l’approche du coût des véhicules. « Pour le choix d’un véhicule, il n’est plus possible de considérer uniquement le coût du loyer et de l’entretien, pointe Wilfried Boissonnet. Quand on compare les prix entre un hybride rechargeable et un thermique classique, la différence est importante mais l’impact fiscal réduit l’écart entre les deux modèles. » L’arrivée des hybrides rechargeables dans la flotte de Kverneland demeure récente. « Nous en avons deux jusqu’ici et quatre autres vont arriver prochainement », relate Wilfried Boissonnet. Des véhicules qui entrent dans le cadre d’un renouvellement régulier de la flotte. « Nous changeons un bon tiers du parc tous les ans. Une dizaine de véhicules sont en commande actuellement et une autre dizaine le seront d’ici le printemps 2024 », anticipe ce responsable.
Mais pour tenir les coûts, Kverneland ne mise pas seulement sur les gains fiscaux attendus des hybrides rechargeables. L’entreprise souhaite également optimiser les coûts d’utilisation de ces véhicules, notamment grâce aux bornes de recharge récemment installées.
Prévoir des bornes pour la recharge
« Pour les salariés qui conduisent des hybrides rechargeables, soit les cadres et cadres dirigeants, nous allons installer des bornes de 11 kW dans notre nouveau site. Et nous avons eu recours à la solution de l’installateur de bornes Zeplug pour que ces conducteurs disposent d’une solution de recharge à domicile », décrit Wilfried Boissonnet.
Chez Kverneland, l’utilisation de ces bornes est suivie avec le logiciel de gestion de frais SAP Concur. Un outil qui permet de connaître la consommation en électricité pour le dédommagement des salariés. « Avec cette solution, nous pouvons aussi nous assurer que les véhicules sont correctement rechargés », poursuit le responsable du parc. Une recharge indispensable à la maîtrise des coûts de ces véhicules.
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