
« À Nantes, nous avons pris le marché du centre-ville dont les autres professionnels ne veulent pas », constate d’emblée Sonia Boury, la cogérante de Ze Plombier, une entreprise de plomberie dont les salariés se déplacent uniquement sur des vélos à assistance électrique, triporteurs ou biporteurs.
Le lancement de l’activité de Ze Plombier remonte à 2010. Alors qu’une grève des raffineries rendait difficile l’approvisionnement à la pompe, Pierre-Olivier Clerc, l’autre cogérant de la société, a été sollicité pour intervenir en centre-ville. Dans l’impossibilité de se déplacer en véhicule thermique, ce plombier de profession a enfourché son vélo...
« À Nantes, nous avons pris le marché du centre-ville dont les autres professionnels ne veulent pas », constate d’emblée Sonia Boury, la cogérante de Ze Plombier, une entreprise de plomberie dont les salariés se déplacent uniquement sur des vélos à assistance électrique, triporteurs ou biporteurs.
Le lancement de l’activité de Ze Plombier remonte à 2010. Alors qu’une grève des raffineries rendait difficile l’approvisionnement à la pompe, Pierre-Olivier Clerc, l’autre cogérant de la société, a été sollicité pour intervenir en centre-ville. Dans l’impossibilité de se déplacer en véhicule thermique, ce plombier de profession a enfourché son vélo pour se rendre aux domiciles des clients. Ce professionnel, qui avait alors le projet à se mettre à son compte, y a vu une piste pour la création de sa future entreprise.
« En discutant avec les artisans et les clients du centre-ville, nous avons fait le constat que de moins en moins d’artisans voulaient s’y rendre. Et encore moins pour réaliser de petits travaux comme seulement remplacer un robinet », poursuit Sonia Boury. L’activité de Ze Plombier s’est donc s’adaptée en conséquence : aujourd’hui, les six techniciens de l’entreprise ne travaillent pas à la périphérie de la ville sur des chantiers de bâtiment neufs : « Nous intervenons sur du dépannage et des chantiers de réparation », décrit la responsable. Pour son activité de paysagiste, Thomas Courties a lui aussi réduit son rayon d’intervention avec l’utilisation du triporteur électrique. Cet artisan avait démarré il y a neuf ans son activité avec la panoplie traditionnelle du professionnel des espaces verts : camions, remorques, mini-pelle, une flotte complétée par un tricycle il y a deux ans. Mais depuis le début de l’année, Thomas Courties a choisi de tout abandonner au profit de son seul tricycle.
Accéder au centre-ville
« Je me suis alors concentré sur les chantiers à l’intérieur de l’agglomération », décrit ce responsable dont l’entreprise est basée à Luisant, en périphérie de Chartres dans l’Eure-et-Loir. Mais la conséquence de cette évolution ne se limite pas à un périmètre géographique plus restreint. « C’est aussi un changement dans la manière de travailler chez les clients », souligne Thomas Courties.
Pour ce paysagiste, plus question donc de faire des allers-retours à la déchetterie avec les végétaux coupés lors des passages chez ses clients. « Désormais, j’évacue le minimum et le maximum de matières végétales est réutilisé sur place », résume Thomas Courties. Un nouveau mode de fonctionnement qui justifie à lui seul l’arrêt de l’utilisation des véhicules thermiques.
Repenser son activité
De même pour ses interventions, Thomas Courties recourt à des matériels plus légers. « Il n’était pas possible de continuer de travailler comme avant. Il faut accepter de “prendre moins lourd”. Par exemple, je tonds moins souvent, j’utilise la faux et je laisse des parties des jardins en prairie, expose-t-il. En résumé, explique ce professionnel, j’interviens de manière “plus douce“ chez des clients réceptifs à cette façon de travailler. »
Chez Ze Plombier, la pratique a pareillement évolué. « Cela a changé un peu notre fonctionnement parce que nous essayons désormais de nous équiper des matériels les plus compacts possibles. Nous sommes toujours à la recherche des dernières technologies, note Sonia Boury. Mais pour le reste, nous réalisons exactement la même activité que les autres professionnels », indique la responsable.
L’utilisation du vélo remet surtout en question l’organisation logistique des chantiers de Ze Plombier, comme pour transporter les gravats. Si l’entreprise a pensé un temps recourir à un utilitaire, elle s’est finalement tournée vers un autre prestataire à vélo : « Nous avons réalisé une comparaison entre plusieurs véhicules proposés en location : les loyers étaient de l’ordre de 500 euros par mois pour un usage au final très limité pour aller à la déchetterie et un peu chez les fournisseurs. Nous avons préféré nous tourner vers un entrepreneur à qui nous versons une somme moins élevée et qui exerce à vélo. »
Organiser ses trajets
Pour le transport des gros volumes comme les chaudières ou les ballons d’eau chaude, une remorque est attelée aux vélos. « C’est plus facile pour se garer en bas de chez les clients : nous n’avons pas à marcher de la voiture jusque chez eux. Parfois, nous pouvons même stationner sous le porche et nous échappons aux amendes », pointe Sonia Boury. Autre élément d’organisation, le chargement des matériels. « Souvent, le vélo permet de mieux s’organiser qu’avec un camion : nous n’oublions pas les matériels que l’on croit avoir à disposition à l’arrière du véhicule… », constate cette responsable.
Un engagement physique inchangé
Sonia Boury insiste aussi sur un engagement physique qu’elle n’estime pas plus important avec les vélos, voire moindre, qu’avec un camion classique. « Par exemple, nous n’avons pas à faire l’effort de mettre des objets comme une baignoire au-dessus d’un camion », indique-t-elle. Et du fait du choix de n’intervenir qu’en centre-ville, les trajets se font plus courts, de l’ordre de quinze minutes au maximum. « Si l’hiver les conditions peuvent être dures, elles sont plus agréables en été », estime Sonia Boury (voir le témoignage).
Mais si l’essentiel de l’activité se réalise à vélo pour ces entreprises, les véhicules traditionnels ne sont jamais bien loin (voir aussi le témoignage de Brice Volpe). « J’ai toujours un véhicule léger, un Peugeot Expert acheté d’occasion, qui sert ponctuellement pour aller chercher des fournitures, transporter des matériaux ou des matériels lourds utilisés plusieurs jours sur un chantier. Mais tout le reste se fait ensuite à vélo », illustre le paysagiste Thomas Courties.
Le véhicule thermique en appoint
Chez Ze Plombier, une mini-citadine Aygo de Toyota est elle aussi employée ponctuellement, « quand il faut par exemple absolument une pièce que nous n’avons pas en stock pour un chantier en cours, expose Sonia Boury. Mais surtout, nous réfléchissons à nous équiper de véhicules électriques pour gagner les chantiers à la périphérie de Nantes », ajoute la responsable. Des modèles qui ne sont, au final, qu’une déclinaison, un peu plus volumineuse, des triporteurs électriques !