
Les petites entreprises sont peu nombreuses à mettre en place une politique de prévention routière : 16 % selon le dernier baromètre de l’Observatoire du véhicule d’entreprise (OVE, Arval), contre 32 % pour l’ensemble des entreprises françaises. Une faible proportion certes, mais qui ne doit pas minimiser la préoccupation bien réelle sur ce sujet. S’il est difficile pour une petite entreprise de se priver d’un salarié pour une journée de formation auprès d’un organisme spécialisé, d’autres formes de formation à la prévention du risque routier restent possibles.
« Dans les petites entreprises, la première approche relève souvent du bon sens,...
Les petites entreprises sont peu nombreuses à mettre en place une politique de prévention routière : 16 % selon le dernier baromètre de l’Observatoire du véhicule d’entreprise (OVE, Arval), contre 32 % pour l’ensemble des entreprises françaises. Une faible proportion certes, mais qui ne doit pas minimiser la préoccupation bien réelle sur ce sujet. S’il est difficile pour une petite entreprise de se priver d’un salarié pour une journée de formation auprès d’un organisme spécialisé, d’autres formes de formation à la prévention du risque routier restent possibles.
« Dans les petites entreprises, la première approche relève souvent du bon sens, comme faire contrôler régulièrement les véhicules par les salariés avec une liste d’éléments à vérifier (pare-brise, feux, niveaux, etc.) », souligne Pauline Goineau, chargée de prévention au sein de l’Institut de recherche et d’innovation sur la santé et la sécurité au travail (Iris-ST).
Un suivi attentif des véhicules

Cette approche empirique se retrouve dans l’entreprise de peinture et décoration de Gilles Chatras, implantée à Cébazat dans le Puy-de-Dôme (63). Celle-ci ne compte qu’un véhicule, un Trafic, qui sert aux déplacements sur les chantiers du responsable et de ses deux salariés.
« La politique de prévention s’est faite naturellement, expose Gilles Chatras. Toutes les semaines, le véhicule rentre à l’atelier et son nettoyage est obligatoire, intérieur et extérieur. Une règle a été imposée simultanément : à chaque fois, les salariés vérifient l’état des pneus, des essuie-glace, l’état général du véhicule, etc. Tout cela participe de la prévention. »
Ce suivi se veut simple : les salariés cochent sur une liste les points à vérifier. « La fiche de bord dans le véhicule est remplie tous les vendredis soir. Le salarié qui vérifie indique son nom. Tout cela prend dix minutes », poursuit Gilles Chatras.
Dans la SARL de plomberie et de chauffage Rancurel / Arnaud implantée à Violès dans le Vaucluse (84), un système simple a pareillement été établi pour suivre l’entretien des trois véhicules : un Berlingo, un Jumpy et un Jumper. « Les dates d’entretien sont affichées sur le pare-brise. Nous faisons les niveaux deux fois par mois, y compris celui du lave-glace. Et la pression des pneus est vérifiée tous les mois », détaille le co-fondateur de l’entreprise, Jean-Claude Rancurel.
Des règles de bon sens
Pour ces petites structures, ces dispositions ont pour objectif d’assurer la sécurité des salariés sur la route, mais elles participent aussi à la bonne marche de l’entreprise. « Éviter les amendes en cas de surcharge, les immobilisations de véhicule suite à des accidents, cela amène aussi à éviter les pertes de temps et d’argent », confirme Pauline Goineau pour l’Iris-ST. Et si le respect des mesures de sécurité routière contribue à éviter les accidents, il contribue aussi à éviter les pertes des points de permis. « Nous ne pouvons pas en perdre, sinon nous n’avons plus d’outil de travail », alerte Jean-Claude Rancurel.
Pour veiller au respect des limitations de vitesse, les dispositifs élaborés relèvent là aussi du bon sens. « Nous conduisons tous soit avec le régulateur, soit avec le limiteur de vitesse », illustre Jean-Claude Rancurel. Autre règle incontournable, le respect des distances de sécurité. J’y fais très attention depuis que j’ai eu un accident parce que je n’en avais pas tenu compte. Et pour s’assurer du suivi de cette consigne, les piqûres de rappel sont constantes : « Nous sommes toujours amenés à observer le comportement de conduite des autres lors des trajets en commun », indique le responsable.
« Que ce soit mon associé ou moi, nous avons toujours “montré l’exemple” aux salariés quand nous étions au volant à côté d’eux : jamais d’excès de vitesse et toujours de la vigilance afin de respecter au mieux le Code de la route. Pour cela, nous anticipons le temps des trajets et nous nous appliquons à n’être jamais à “la bourre”, source d’imprudence. Et croyez-moi, ce n’est pas chose facile pour un plombier ! », ajoute Jean-Claude Rancurel.
Attention au chargement !
Une exemplarité importante avec le chargement des VUL, un aspect crucial de la sécurité routière dans les petites structures. Problème pour les entreprises, grandes ou petites : l’excès de chargement, cause de perte d’adhérence du véhicule, est difficile à évaluer.
Dans l’entreprise de Jean-Claude Rancurel, un pesage fortuit a permis de constater la surcharge d’un véhicule. « Il y a quelques années, nous nous sommes aperçus que nous étions souvent en surcharge. Dorénavant, nous nous équipons de fourgons à charge renforcée, avec une bien meilleure tenue de route à la clé », reprend Jean-Claude Rancurel. Un choix qui réduit les risques même si, reconnaît ce responsable, la surcharge peut être atteinte occasionnellement, comme lors du transport de chaudières.
À cette question de la surcharge des véhicules s’ajoute bien sûr celle du chargement et de son arrimage. « De nombreux accidents auraient pu être évités – ou du moins atténués – en l’absence de surcharge du véhicule, d’un arrimage plus efficace des marchandises ou grâce à des équipements de sécurité sur les véhicules », souligne à ce propos le député Damien Pichereau dans son rapport parlementaire sur les VUL, en date d’avril 2018.
Faire appel à un aménageur amène à disposer d’équipements pour sécuriser le chargement. Mais dans nombre de petites organisations, ce recours à un spécialiste n’est pas systématique. « Nous n’avons pas besoin d’un aménagement très poussé. Nous avons créé des points d’arrimage pour sangler et arrimer les objets afin qu’ils ne bougent pas lors des déplacements », justifie Gilles Chatras.
Faire appel à l’expérience
Pour s’assurer de la sécurité des chargements, les petites entreprises s’appuient aussi souvent sur l’expérience acquise. « Nous essayons d’anticiper, explique Gilles Chatras. Quand nous rentrons le soir, nous préparons le matériel pour le lendemain matin. » Un fonctionnement qui contribue aussi à assurer un meilleur arrimage. Et pour éviter le surpoids, l’entreprise a pris l’habitude de demander à ses fournisseurs des livraisons directement sur les chantiers. « Pour les moquettes, cela évite aussi de rouler les portes ouvertes », complète Gilles Chatras.
Anticiper les chargements, c’est aussi moins de stress pour la journée de travail et moins de fatigue sur la route. Pour diminuer ces deux facteurs accidentogènes, les petites entreprises travaillent aussi à anticiper les déplacements. « Je cherche à optimiser les trajets. Habitant en banlieue de Clermont-Ferrand, nous nous sommes aperçus qu’avec un départ avancé de cinq minutes, nous pouvions gagner jusqu’à un quart d’heure et éviter les heures de pointe. Moins de temps passé au volant, c’est moins d’usure du véhicule, de fatigue et de risque », rappelle Gilles Chatras. Une autre stratégie de prévention basée sur l’empirisme et gage d’un bon fonctionnement au quotidien.