
Manque de ressources, de personnel, de temps : plusieurs raisons expliquent le peu d’engagement des TPE dans la sécurité routière. Mais rien n’est figé : l’édition 2021 du sondage annuel de l’assureur MMA sur cette question montre que les lignes peuvent bouger (lire l’encadré sur la sécurité routière au sein des TPE).
C’est qu’il faut parfois peu de choses pour faire évoluer les comportements, comme le montre Simon SAS. Chez ce spécialiste des plastiques souples, le déclic a été la visite du préfet de l’Yonne et de la sous-préfète d’Avallon, venus dans les locaux à l’occasion de l’homologation d’une innovation maison : un masque anti-covid...
Manque de ressources, de personnel, de temps : plusieurs raisons expliquent le peu d’engagement des TPE dans la sécurité routière. Mais rien n’est figé : l’édition 2021 du sondage annuel de l’assureur MMA sur cette question montre que les lignes peuvent bouger (lire l’encadré sur la sécurité routière au sein des TPE).
C’est qu’il faut parfois peu de choses pour faire évoluer les comportements, comme le montre Simon SAS. Chez ce spécialiste des plastiques souples, le déclic a été la visite du préfet de l’Yonne et de la sous-préfète d’Avallon, venus dans les locaux à l’occasion de l’homologation d’une innovation maison : un masque anti-covid en vinyle. « Madame la sous-préfète m’a donné un dépliant sur la charte des employeurs engagés pour une route plus sûre », se rappelle le dirigeant Christophe Bertrand. Une charte qui engage les entreprises sur sept mesures comme la limitation de l’usage du téléphone sur la route, le respect des vitesses, du port de la ceinture, etc.
La charte de la Sécurité Routière
Christophe Bertrand reconnaît les dispositions déjà en place dans son entreprise et remplit les documents pour les renvoyer aux services du ministère concerné en vue de son officialisation comme signataire de la charte. « J’ai reçu un e-mail avec un kit de communication de la Sécurité Routière. Il comprenait des prospectus, des affiches et des quizz que j’ai trouvés bien faits. » Ce dirigeant a été séduit par le ton des messages, « percutant sans être culpabilisant ou donneur de leçons », ce qui l’a incité à pousser plus loin ses actions.
Christophe Bertrand a notamment mis à profit les quizz. Dès janvier, il les a transmis à ses salariés avec les fiches de paie. Le débriefing des retours a été fait lors de la réunion du CSE de l’entreprise et retranscrit dans le compte rendu de la réunion affiché dans les locaux. « Cela a permis d’entretenir l’attention sur la sécurité routière, de rappeler les règles de vigilance au volant, indique ce responsable. Ensuite, j’ai lancé la campagne d’affichage. »
Mais chez Simon SAS, la question de la sécurité constituait déjà une préoccupation du dirigeant. « Cette campagne a fait le lien avec la stratégie de sécurité et la politique RSE déployées depuis que j’ai repris l’entreprise il y a quatre ans », retrace Christophe Bertrand.
Une démarche globale
Lors de son arrivée dans l’entreprise, Christophe Bertrand a en effet revu le règlement intérieur, la sécurité électrique des machines, etc. « Nous avons remis tous les équipements à niveau et la médecine du travail est passée », complète-t-il. Les outils de la Sécurité Routière ont contribué à étoffer les mesures prises dans le sens d’un environnement de travail plus sûr. « C’est un angle complémentaire à tout ce que j’ai mené et déployé avec des outils internes, soit les réunions du CSE mais aussi un point sécurité tous les mois. »
Chez Simon SAS, les mesures de sécurité routière ne se limitent pas aux déplacements professionnels mais s’élargissent aux trajets personnels des seize salariés dans une réflexion globale sur la mobilité. L’entreprise ne compte de fait que deux véhicules de fonction : un pour le commercial et un autre pour le dirigeant.
On retrouve cette intégration des mesures de prévention routière dans une démarche plus globale de sécurité au travail chez V2A. Spécialisée dans les automatismes industriels et basée à Villefranche-sur-Saône (69), cette entreprise développe des programmes d’automates pour l’industrie : pharmacie, chimie et traitement de l’eau.
Au sein de V2A, la flotte compte six véhicules de fonction. La société a été créée en 2013 et les mesures de sécurité routière se sont étoffées alors que l’entreprise s’agrandissait. Celles-ci se concrétisent par exemple avec le renouvellement régulier des véhicules, tous les trois ans. Des véhicules en LLD pour des lois de roulage de 90 000 km.
Des véhicules équipés
« Nous roulons ainsi avec des modèles fiables dotés de radars de recul, mais aussi de pneus hiver et de chaînes en hiver », souligne Aurélien Verne, président de V2A. Des brise-glace sont aussi fournis. « Et tous nos véhicules comprennent une trousse de secours vérifiée tous les ans : pour les dates de péremption ou l’utilisation des produits changés si nécessaire. » Sans compter le respect des mesures liées à l’alcool et au téléphone au volant.
C’est à la demande d’un de ses clients que V2A a encore plus structuré sa démarche. « Nos clients, de gros industriels, nous ont demandé de nous inscrire dans une démarche “Santé Sécurité Environnement“ », explique Aurélien Verne. La réflexion a débuté fin 2018 avec la mise en place du protocole de sécurité MASE, pour Manuel d’Amélioration Sécurité Entreprise dont les différentes mesures ont commencé à être appliquées fin 2018.

Une certification
Cette démarche fonctionne sur le modèle d’une certification. « Tous les ans, nous devons réaliser un audit blanc pour lequel nous faisons appel à un organisme externe. Nous sommes accompagnés par un consultant spécialiste qui nous suit depuis le début de la démarche », décrit Aurélien Verne. Pour la sécurité routière, l’audit prévoit la vérification de plusieurs points sur les véhicules : kilométrage restant jusqu’au prochain entretien, état de la carrosserie ou présence des équipements de sécurité. Sur ces critères, les salariés eux-mêmes vérifient les véhicules de leurs collègues avec des audits croisés organisés selon un calendrier qui évite les répétitions.
« Nous avons obtenu cette certification en 2020 pour trois ans », reprend Aurélien Verne. L’ensemble de ce dispositif a un coût. Mais il reste difficilement appréciable dans le cadre de la certification MASE puisqu’elle englobe l’ensemble des mesures prises autour de la sécurité. Mais certaines sont tout à fait chiffrables comme la prime de 500 euros versée annuellement aux salariés qui remplissent les objectifs de la certification et qui n’ont pas commis d’infraction au Code de la route. Et bientôt, les salariés suivront, auprès du prestataire Centaure, des stages de conduite sur glace payés par l’entreprise.